Chronique

TRIGGER THE BLOODSHED - THE GREAT DEPRESSION / Metal Blade Records 2009

Mesdames et messieurs, bien le bonjour. Continuons ce long périple à travers le monde des fous furieux et autres non-enfermés qui sévissent en ce bas monde. Nous voilà dans le pays du Big Four, la quintessence du football, bref, chez nos amis les grands bretons. Le quintet s’appelle TRIGGER THE BLOODSHED et nous présente son deuxième opus THE GREAT DEPRESSION. Fallait oser vu le climat actuel mais le rosbif n’a pas peur, sachez le et sur une vidéo promotionnelle de leur album, on est même gratifié d’un NO FUTURE. « Punk’s not dead ».

En avant Guingamp ! ! Mais la, le punk, faut l’oublier d’entrée. Comment expliquer la sensation des premières secondes avec l’entrée de la batterie ? Un char lancé plein badin que tu te prends en pleine tronche ? ? ? A peu de choses près, on y’est. Sincèrement, c’est de la boucherie, charcuterie, tout ce que vous voulez. Mais attention, ca joue monstrueusement bien. A cette vitesse, on a affaire à des interprètes de TRES TRES haute voltige (et pourtant si jeunes, c ‘est à vous dégoûter de vos 15 ans de gratte sans jamais passer les doubles croches à 160). Le plus magique, la dedans, c’est qu’ils sont tous sportifs nos amis outre manche. Savourez les constantes subtiles à la double, savourez les chœurs harmonisés emplis de haine, savourez une basse qui double la gratte dans ses riffs alambiqués et qui pousse lourd derrière. Bon la, on est sur THE GREAT DEPRESSION, voyons voir si la promesse d’un titre éponyme peut se trouver dans l’intégralité de leur album.
Bon, fallait s’y attendre, WARBOUND. PAF, dans ma gueule, ca m’apprendra à douter. Tempo à peu près à 820 421. Même lignée, tout le monde se fout à toc. Chose à apprécier, la course à la vitesse et au côté technique du morceau n’est pas poussé comme certains groupes auraient tendance à le faire en cassant toutes les mesures et en vous foutant des trucs totalement impinables genre des 7/8 enchainés sur des 3 / 8 pour repartir en 5/16. Bref, incompréhensibles. La, on est pas noyé dans des compositions trop techniques même si le niveau des gars est hallucinant et que ca joue grave.
Lentement mais sûrement, on retourne au mastic et PAF. SANCTUARY OF THE WRENTCHED. Même latte, avec des passages ambiances malsaines, tout à fait en accord avec le programme annoncé dans le titre. La fin est proche. Bon je vous passe les constantes qui dépassent Mach 12 et ce qui s’en suit. Suivons le chemin de la route.
Ca y’est, ils fatiguent. THE SCOURGING IMPURITY. Du low tempo, BEN NON. C’est pour mieux leurrer l’auditeur. Mastic, steak, bois, ce que vous voulez, mais on renvoie une couche. LE truc que j’adore, c’est qu’apparaît toujours, au fil des morceaux, des passages bien thrashy et ca calme tout le monde, ca remet dans les rails tonitruants des compos techniques des bouffeurs de gelée à la menthe (seuls les anglais y survivent dixit Thierry la France).
On avance ainsi dans les méandres de leur production. Un très bon THE DEAD WORLD toujours en alternance entre lourd, hyper rapide puis thrashy puis re sportif en action. On finit même sur du très lourd. Un plaisir.
I. Une instru. Un clin d’œil aux sauvages de MESSHUGAH ? Peut être bien. Ca repose vu que, derrière, on sait qu’on va morfler.
BINGO. CONTEMPORARY PERCEPTION NARCOTICS. Bon toujours des riffs cinglants, des rythmes de haute voltige mais persistent toujours ces passages ambiances lourdes et malsaines. On ressent vraiment une volonté de faire glauque. Sont pas la pour chanter l’amour non plus.
DESSICATE EARTH. Le morceau peut être le plus abordable pour le non-initié. Mais toujours aussi violent, toujours aussi technique, toujours autant d’ambiances.
THJE INFLICTION OF TOPHET suit le chemin tracé par tous ses prédécesseurs, ca sent la fin. Mais ils fatiguent pas, en fait
Comme pour faire pressentir une fin proche, DISFIGURED ANONYMITY attaque très fort mais finit sur un passage lourd et toujours ces ambiances pesantes.
Chanson au titre très évocateurs, TERMINUS. Le NO FUTURE va exploser dans ce morceau. On y’est. Comme on dit, au cœur de la meule. Ca dépote à mort (sympa de finir sur ce mot pour un album sur la fin du monde !).

En conclusion sur ces grands malades, l’interprétation est sans faille. Pour le style, les compositions sont techniques mais sans donner dans le « trop » qui rend fou dans sa tête. Niveau des ambiances et donc des chants vu que les deux sont indissociables, c’est très bien travaillé, réellement un excellent produit. Vu le jeune âge du combo, c’est hallucinant d’ailleurs.
Seul point d’ombre, oserais je dire, mais je pense que le style veut ca. Y’a tellement d’idées dans chaque morceau, ca change tellement de direction qu’on a l’impression d’entendre toujours pareil, même si les riffs sont bien différents, y’a aucun souci la dessus. Mais c’est ce sentiment que j’éprouve. Pour résumer, à force de vouloir être imprévisible, ca en devient prévisible. Dommage

En tout cas, immense moment de brutalité, un vrai régal, je conseille aux initiés et ceux qui aiment se taper la tronche contre les murs.

 
Critique : Burno
Note : 7/10
Site du groupe : My Space officiel
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