Chronique

EPICA - THE HOLOGRAPHIC PRINCIPLE / Nuclear Blast 2016

Depuis qu'EPICA est dans le circuit, je suis là aussi. Depuis 2002 le groupe évolue, s'enrichit et se forge une identité. Honnêtement il y a eu peu de faux pas dans la carrière du combo hollandais, même « Requiem For The Indifferent », plus complexe, reste tout de même très bon.
Le dernier opus en date, « The Quantum Enigma » était excellent, c'est une bonne synthèse de ce que le groupe sait faire.
Deux ans après, voici qu'arrive « The Holographic Principle ». Cette page est pour moi dure à écrire, vous comprendrez vite pourquoi…

THE HOLOGRAPHIC PRINCIPLE

Cette fois, EPICA s'attaque à la virtualité et ses dangers, jusque là rien d'anormal. Comme pour chaque album le groupe débute avec une intro. « Eidola », au nom qui colle parfaitement au thème est très sombre, avec une sonorité futuriste, on croirait un trailer pour Terminator 6 ! Une voix d'enfant accentue le côté dramatique, bref c'est réussi.
« Edge of the Blade », dernier extrait en date déboule. Après plusieurs écoutes j'ai toujours du mal. Bon c'est du EPICA, donc forcément pas mauvais. Mais les lignes de chant sont bof bof, un poil trop simplistes dans le rendu, on sent que le groupe s'est pas cassé le bonnet sur cette chanson.
Malheureusement ce sentiment se fait trop souvent sentir sur l'album. Des morceaux comme « The Cosmic Algorithm » ou « Ascension – Dream State Armageddon » sont fades. Alors fade pour EPICA, soyons d'accord. C'est pas dramatique non plus, mais là encore le groupe reste dans sa zone de confort. Peu ou pas de prise de risque, et du coup : faux pas. Musicalement ça tient bien la route mais les lignes de chant sont trop peu percutantes, et avec un duo Mark Jansen/Simone Simons qui a toujours fait ses preuves c'est dommage. Même si, il faut être honnête, le solo d'Isaac sur « The Cosmic Algorithm » est une leçon de six cordes.

Y'a du meilleur, toujours pas exceptionnel mais mieux. « A Phantasmic Parade » fera une bonne utilisation des chœurs, et à noter, c'est également un des rares morceau initié par le batteur Ariën, ça se fête. Même remarque pour « Tear Down Your Walls ». Brutal, rentre dedans, signant aussi le retour d'une Simone au top, très opéra. Ça m'avait honnêtement manqué. Ces moments sont devenus rares depuis « Design Your Universe ».
« Universal Death Squad » est en demi teinte. Trop de chœurs. On dirait vraiment du lead. Ils prennent trop d'ampleur, je trouve qu'ils devraient être un poil plus en retrait. Mais attention, le refrain est enfin très bon et mélodieux, le riff déboîte sévère, donc le morceaux est pas si mal.
Et étant plutôt optimiste, je continuerai à présent avec une note plus joyeuse : les (très) bons moments de l'album. Le morceau « Divide & Conquer » est extra. L'intro très symphonique nous amène vers une riff dantesque et des chœurs poignants. Également un des rare morceau où le duo fonctionne en tant que tel. Ils se partagent le couplet et ne se contentent pas de faire un chacun.
Le break est lui aussi très efficace. A noter aussi que Isaac fait le plus gros du travail sur les guitares, et autant dire qu'il assure le monsieur !
Autre réussite de l'album : « Beyond The Matrix ». Refrain excellent, aussi bien du point de vue des chœurs que de celui de Simone. Musicalement technique et très bien ficelé, ce morceau est sûrement une des plus belle réussite de l'album. Et mon dieu quel solo !! Isaac se taille la part du lion sur cet album, et c'est pas fini…

On a tout de même droit à deux balades ou du moins morceaux plus mid-tempo. « Once Upon a Nightmare » est musicalement excellent. Son intro mélancolique, poignante met les points sur les « i ». Mise en avant d'orchestrations superbes puis d'un piano envoûtant et enfin de lignes de chant enfin efficaces. Ça fait vraiment plaisir de retrouver Simone seule, sans les artifices et ces chœurs trop présents. Ça me rappelle à quel point j'aime sa voix. Bref magnifique morceau, changeant et très riche. Deuxième et dernier morceau calme, « Dancing In A Hurricane » signe le retour des sonorités orientales et arabisantes. Ça sent bon quand on se rappelle l'excellent « Fools of Damnation » de « The Divine Conspiracy ». Ici le refrain est assez classique et moyen, mais le refrain est plutôt sympa et mélodieux (oui je le redis car ces moments là sont rares sur l'album).
Je terminerai cette partie avec le fameux long pavé de fin d'album, souvent la title track. Ici « The Holographic Principle » est plus réussit que le pavé précédent « The Quantum Enigma ». L'intro avec ses chœurs religieux est très prenante, sa montée en puissance également, mais là encore lignes de chant du refrain faiblarde. Le refrain et le reste du morceau, le break très death métal remonte le niveau pour au final un morceau assez bon.

THE ACOUSTIC PRINCIPLE

Je devrais m’arrêter là mais je passerai sûrement à côté du meilleur moment de tout l'album : le deuxième CD intitulé « The Acoustic Principle ». Composé de cinq morceaux, il ne s'agit pas uniquement d'une version acoustique et cheap des morceaux. Il y a là un vrai travail de remodelage, de réinterprétation et le résultat est magnifique.
On commence avec « Beyond The Good, The Bad And The Ugly », reprenant les principales lignes de « Beyond The Matrix » dans une morceau jazz époustouflant. Avec claquement de doigts, percussions vintages, solo acoustique magistral exécuté par Isaac. A noter que presque tout a été fait par Simone et Isaac. Mark, pourtant clé de voûte du groupe n'est même pas crédité.
« Dancing in A Gypsy Camp » est exceptionnel car il mixe : sonorité orientales, guitare et sonorités espagnoles et des accordéons très Paris des années 20 ! Ouaw !!
« Immortal Melancholy » est pour le coup un nouveau morceau, une belle balade majoritairement piano voix, avec ensuite un accordéon, la chanson est juste belle.
« The Funky Algorithm » revisite le morceau aussi bien par la musique que par les paroles. In fine, un morceau acoustique vraiment funk, toujours magnifiquement interprété par le groupe. Honnêtement je suis plus que conquis par ce CD que j'ai du mal à qualifier de bonus tant c'est bon.
Et on termine avec « Universal Love Squad », plus classique mais très bonne, excellente même version balade de… Bah vous avez deviné non ??
Je suis bluffé…


Que dire de l'album ? Mouais… je peux pas mieux. Y'a d'excellentes choses, mais rien de nouveau. Le groupe reste dans ce qu'il sait faire et commence un poil à tourner en rond. C'est pas un mauvais album mais on s'attendait à mieux de la part du groupe. Malheureusement la critique porte sur « The Holographic Principle », pas « The Acoustic Principle ». Ce dernier mériterait un 9/10 et me redonne de bons espoirs pour l'avenir. Et les félicitations sont de rigueur pour Isaac, et cela pour les deux galettes ! Isaac nouveau leader d'EPICA en 2018 ??
 
Critique : SBM
Note : 7/10
Site du groupe : Site Officiel
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