Chronique

PRONG - ZERO DAYS / SPV 2017

Zero Days marque le retour de Prong . A paraître en juillet 2017 l’album permet à Tommy Victor de pulvériser un record pour le groupe, à savoir 4 albums de suite avec le même line up. Et cette stabilité se ressent dans le processus créatif. Prong signe ici un de ses meilleurs opus avec un album à la fois compact, efficace et varié. Bon, ça reste du Prong tout le temps, mais du Prong qui s’amuse avec son identité et c’est très intéressant pour les oreilles aussi bien du fan que du néophyte.

Baladons-nous en mode chaotique dans l’album. « Forced into tolerence » est un hymne parfait au mosh pit et autres joyeusetés de foules, sorte de lessiveuse sonore éructante et sauvage, digne des heures les plus efficaces du groupe. « Zero Days » (la chanson pas l’album) marche comme un métronome punkoïde indus qui aurait oublié de respirer (et donc c’est bien) avec juste ce qu’il faut de riffs mélodiques et harmonisés pour qu’on reste surpris par la direction d’ensemble. « Operation of the Moral law » alterne l’excès de vitesse à décoiffer un gendarme chauve en Ferrari et le bon vieux rythme coup de boule industriel dont le groupe a le secret. Le tout nappé de cette voix hurlée parlée qui fait qu’on reconnaitrait Tommy Victor même dans une foule de fans de hardcore pétés aux amphétamines. D’ailleurs le premier titre « However it may end » annonçait déjà cette couleur mêlant urgence et cyber furie sur fond de riff hardcore saignant. « Off the grid » se balade entre lenteur obsédante et riff vitaminé et sautillant. Bref tu veux du pogo ? T’en as ! Tu veux du crowdsurfing ? T’en as aussi ! Le seul souci c’est que comme ça change toutes les 30 secondes, j’en connais qui vont tomber !!

Dans un genre très différent, « Blood out of Stone » est d’une lenteur obsédante et prend un envol ample et planant jusqu’à exploser jouant la carte de la subtilité… Bon ça reste de la musique formatée gros bourrinage dans ta face notamment grâce à une frappe de mule signée Art Cruz, marteleur en chef depuis certes seulement 2014 mais dont la poigne est littéralement décisive sur l’ensemble de l’album, comme un lien qui ferait jonction entre les différentes couleurs du disque en le rendant extrêmement homogène.

Dans la famille le groove qui tue, on trouve « Self righteous indignation », pas le meilleur titre du monde ni même du groupe mais juste un très beau moment d’efficacité implacable. Rien que pour le refrain, qui donne des envies de casser une table avec la tête, on a envie de les remercier. « Rulers of the collective » se la joue neo metal pour repartir vers des territoires plus Prongiens (oui ça n’existe pas comme mot mais vous m’avez compris donc ça ira).

« Divide and conquer » a tout du hit en béton avec ses refrains entre Hüsker Dü et Killing Joke et cette signature rythmique si caractéristique de Prong, entre martèlement groovy et mécanique froide et implacable. Même constat pour « Interbeing » avec en plus un je ne sais quoi de prog déliquescent avec solo épique garanti zéro pour cent de bavardage offert (oui le morceau fait moins de 4mins mais il se passe parfois beaucoup de choses

en 4 minutes). « Compulsive Future projection » alterne entre punk braillant et refrain hyper mélodique sur fond de tartines de baffes (jubilatoire).

Attention il y a vraisemblablement un single de tous les records sur cette galette. « The Whispers » est littéralement un hymne, digne successeur du « the Wait » de Killing Joke qui aurait fait des petits hyperactifs avec « You snap Your finger You snap your neck ». S’il ne fallait en garder qu’un ce serait celui-là. Attendez de l’entendre en festival et vous verrez que même sans la connaître, le public se mettra à pogoter en chantant.

« Wasting of the Dawn » clôture ce qui est sûrement l’album de Prong que vous offrirez à quelqu’un qui n’en a pas et veut découvrir le groupe, ou tout simplement celui qui vous permettra de rassembler des fans de musiques différentes (couillues quand même) dans la même pièce sans que personne ne trouve à redire.

Prong signe un très bon album donc, qui se range direct dans mon top perso des meilleurs albums de 2017 (même si l’année est loin d’être finie), à écouter d’urgence fort et souvent !

Note : 11/10 (oui comme un ampli de Spinal Tap)
 
Critique : Thomas Enault
Note : 10/10
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