Chronique

SKELETAL REMAINS - DEVOURING MORTALITY / Century Media 2018

Si aujourd'hui quelqu'un vous dit "j'écoute du death metal", vous êtes peut-être loin de vous douter à quel point la personne vous laisse dans le flou. Par vagues successives, ce registre a connu d'énormes mutations, au grès des innovations technologiques et du succès des plus audacieux. Skeletal remains nous ramène à la case départ avec une version très fidèle de ce qu'était ce métal au tournant des années 90. Troisième album pour ces californiens, mais le premier dans la powerhouse Century media. Attendez-vous à une machine bien rôdée !

D'ailleurs, le contrat de Devouring mortality est rempli. Il confirme le positionnement underground puriste du groupe et sa filiation avec les pionniers du genre, en particulier Pestilence, Morbid Angel et bien sûr le Death de feu-Chuck Schuldiner. La fidélité est poussée jusque dans une production minimaliste, où simplicité rime avec propreté. Ce qu'on retient alors : du riff percutant, du solo endiablé. Du bon death. Point. Enfin, non, pas tout à fait. Cerise sur le gâteau, Skeletal remains propose un chant éraillé agonisant, reflet, lui aussi d'une époque où les technique de chant n'existaient pas. Authentique.

Ripperology
C'est dans la lenteur et la puissance que le combo pose les jalons d'une musique technique avec plusieurs solis et une batterie pleine de nuance. Le riffing de fin de titre rappelle tout ce qui était bon dans l'ambiance de Chuck Schuldiner, la précision des soli, le rendu si étrange des riffs joués à l'étouffée. Même kiff sur Catastrophic retribution qui ajoute à cette palette le contraste entre la frénésie induite par la batterie et l'atmosphère épique de trente secondes de solo.

Seismic abyss
Le groupe exploite sous des angles plus techniques, avec des solis toujours plus audacieux à mesure que l'album avance. Big up pour Reanimating pathogen. Pour donner du souffle à l'ensemble, à l'image de ce que faisait le death de la première heure, Skeletal remains pioche thrash et punk hardcore ce qu'il y a de plus virulent. Cela donne des passages bien énervés sur des titres comme Grotesque creation avec guitare acérée et une batterie sautillante.
Un titre toutefois exploite ces deux genres à part, et c'est Seismic abyss, qui est disponible en vidéo sur YouTube. Attention, ça décoiffe.

Devouring mortality est une pièce de musée. Sans vraiment égaler les maîtres, les californiens réussissent l'imitation d'un genre qui semble s'être perdu. Et s'il s'est perdu, c'est peut-être que parfois on aimerait un chant un peu moins monocorde. Tout ne repose alors que sur la franchise de leur musique, qui se veut claire, nette, précise, sans trop de technique, ni trop de facilité. Et dans un métal moderne qui n'a que de la technique de façade, une telle authenticité procure du un réel plaisir.

Line-up
Chris Monroy : chant, guitare
Adrien Obregon : guitare
Adrius Marquez : basse
Johnny Valles : batterie

Tracklist
1. Ripperology
2. Seismic Abyss
3. Catastrophic Retribution
4. Devouring Mortality
5. Torture Labyrinth
6. Grotesque Creation
7. Parasitic Horrors
8. Mortal Decimation
9. Lifeless Manifestation
10. Reanimating Pathogen
11. Internal Detestation
 
Critique : Weska
Note : 6/10
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