Chronique

GHOST - PREQUELLE / Loma vista recordings 2018

Ghost a incontestablement franchi un nouveau cap avec son album Meliora, marquant les esprits comme aucun groupe ne l'a fait depuis la fin du siècle dernier avec la génération Nu métal, et peut-être même depuis Nirvana. Pour rester dans le hall of fame, Papa Emeritus III passe le relai au Cardinal Copia, un nouveau personnage aux allures mafieuses, et il tombe assez bien, puisque l’affaire Tobias Forge a enfin révélé l’homme au manette, un homme comme un autre, aussi prompt à critiquer le système qu'à en tirer le maximum de bénéfice. Et c'est peut-être au nom de l'argent que le cardinal entraîne le doom/hard rock sur un terrain bien plus mainstream. Une nouvelle ruée vers l'or. A prendre ou à laisser.

Il est très lucide de la part de Tobias Forge de vouloir tourner la page sur ce premier cycle. Pour autant, opérer un virage glam et pop si marqué risque de très largement divisé sa fanbase. D'autant que le titre le plus mémorable de ce Prequelle tient sur Miasma et sa dose de synthpop eighties termmibé par un solo de saxophone. Mais, il est instrumental. Le reste demeure bon, il va sans dire, cependant Prequelle n'a pas la même aura que ces prédécesseurs.

Rats
Pareil en moins bien

Cette aura est perdue dès l'introduction très clichée, indigne de ce groupe novateur, suivie des titres phares Rats et Faith trop proche du répertoire existant. Avec une dose supplémentaire d'ambiance horror movie et d'années 80 ces titres parviennent tout juste à égaler le standard de Ghost, et c'est à se demander si cela sera bien mieux en live.

Dance macabre
Tue l'amour

En terme d'impact et de choc, rien n'égale Dance macabre. Il pourrait être parodie de KISS avec son refrain :
"Just wanna be, wanna be with you in the moonlight. Just wanne be, I wanna be with you all night",
dans un ton enjoué qui donne envie d'appuyer sur éject pour être sûr de ce qui se trouve dans le mange-disque. C'est le pire et le meilleur à la fois de cet album car c'est la seule punchline de cet album. Mais putain qu'est-ce qu'elle marche bien !

Pro memoria
10 titres, 1 intro, 4 slows

Le vrai pire, est de constater que sortir du métal ne va pas du tout à Tobias Forge. Près de la moitié de l'album est consacré à des slows qui ne sont intéressants que du point de vue instrumental. Le paquet a été mis sur Pro memoria avec de l'orchestration qui va bien, mais le texte et le chant loin de porter ce titre inquiètent sur ce que sera la prestation live.


En tout cas, il y aurait de quoi s'extasier sur le travail de fond de cet album, le concept autour de la survie développé par Tobias Forge, et l'instrumentation qui est énormissime. Le piano, le clavier, les arrangements sont sublimes. Mais il y a un problème d'impact, et particulièrement autour du chant. Si le groupe vit de ses prestations live exceptionnelles, ce nouvel album n'a pas le potentiel de prendre la relève, pas dans la sens où auparavant, n'importe quel titre trouvait sa place en concert. A part Dance macabre, je crains d'avoir peu de chances de chanter, et encore moins de jumper en live.

 
Critique : Weska
Note : 6/10
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