Chronique

MELVINS - PINKUS ABORTION TECHNICIAN / Ipecac Recordings 2018

Trente-six ans… J’ai recompté trois fois, ça fait trente-six putains d’années que les Melvins ont réussi à marier pantalonnade punk, expérimentation bruyante et rock métaloïde sludgiforme astructuré. Trente-six ans, dix-sept musiciens, sans compter les guests (quand tu démarres en trio c’est pas mal) et trente réalisations (EP inclus). C’est pas un bilan c’est de l’abattage. Ajoutez à ça que les deux têtes pensantes permanentes (Buzz Osborne et Dale Drover) ont participé à une dizaine de groupes (dont l’excellent Fantomas avec Dave lombardo et Mike Patton) dans l’intervalle et de façon plus ou moins assidue et régulière… C’est pas une carrière, c’est une tentative d’entrer dans le livre des records et dans le Who’s who en même temps.

Qu’est-ce-que ça implique au final de sortir cet énième album ? Qu’ils peuvent au fond faire ce qu’ils veulent ? Mais ça fait 36 ans qu’ils font exactement ça… ! Ami public, mon cher lecteur, Gérard, toi qui me lis plus souvent que je ne me relis moi même (merci Gérard t’es un vrai pote), l’heure est grave, les Melvins ont fait un presque album de reprise qui est aussi une déclaration d’amour.

Etablissons les faits. Dans les rangs des Melvins et ce depuis 2013 il y a Jeff Pinkus à la basse (enfin une des deux). L’album s’appelle : « Pinkus Abortion Technician ». Jeff Pinkus a fait partie du merveilleux Butthole Surfers, groupe dont l’un des albums les plus emblématiques avait pour titre : « Locust Abortion Technician ». Si vous aviez encore un doute, sur ce dernier opus les Melvins jouent non pas une, mais deux reprises des Butthole Surfers (dont une mashée avec un morceau du James Gang). Et si vous avez encore un doute sur le caractère totalement amoureux de ce disque, l’autre reprise dans une version déjantée sublime psycho éclatée punknewyorkisantegrunge c’est… « I want to Hold Your Hand » des Beatles (je veux tenir ta main, si ça c’est pas mignon… Il ne nous restera que les photos de chatons). Les faits sont là : entre les Melvins et Jeff Pinkus c’est du solide et ça roucoule de façon distordue mais ferme. C’est beau, torride et complètement destroy. Ca donne envie d’être invité au concert de la nuit de noce même. Pour preuve j’ai mis plus de néologismes que d’anglicismes ce qui est un signe de vraie admiration pour un groupe qui n’est pas seulement en dehors des clous depuis ses débuts mais bien carrément à deux kilomètres de la boite à outils.

On passe de ballades au punk avec du très gros son, de la mélodie et des cris rentrés, on passe partout et on reste nulle part, bref ce n’est pas le meilleur disque des Melvins certes mais c’est un délicieux petit moment de bordel organisé à la seule gloire de… bah de leur pote apparemment… C’est sûrement l’avantage de faire n’importe quoi depuis des dizaines d’années. Ça permet d’enregistrer un clin d’œil génial de plus de 40 minutes à un mec qui est dans le studio d’enregistrement…

Attention, si vous êtes des maniaques de l’ordre ce disque peut vous provoquer des maladies de peau…
 
Critique : Thomas Enault
Note : 8/10
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