Chronique

IRON MAIDEN - SENJUTSU / Parlophone 2021

En l’an de grâce merdique 2021, une lueur scintille un matin de Juillet… IRON MAIDEN annonce la sortie proche de son nouvel (et dix-septième) opus : « Senjutsu ». Six années ont passé après un « Book Of Souls » surprenant et nécessaire pour appréhender cette nouvelle pièce.
D’ailleurs parlons en. Comment coucher sur papier un ressenti, une analyse d’un groupe aussi grand ? Ils n’ont plus rien à prouver, malgré tout est-ce une raison, comme AC/DC, pour faire le même album encore et encore ? Non. Pas pour moi.
Enregistré en 2020 en secret aux studios Guillaume Tell de Paris, le groupe ne s’est mis aucune pression, et ça s’entendra.

On ne peut sûrement pas reprocher au sextet de se répéter. Ils ont chaque fois fait différent, pour le meilleur comme pour le pire [je ne citerai pas « No Prayer For The Dying » (damned je l’ai fait)] et c’est à porter à leur crédit. Alors je vais simplement axer sur cet aspect.
Je vous disais plus haut que le précédent opus était nécessaire. Une raison à cela : la structure.
« Senjutsu» et aussi un double album car il y a énormément de matériel. Et malgré cela tout ira vite.

Le titre éponyme lance les festivités avec un riff qui passe très bien. Du haut de ses huit minutes, le morceau martèle un rythme tribal comme Nicko Mc Brain sait les envoyer le tout parsemé de soli percutants et inspirés. Le sentiment suivant me suivra sur une bonne partie de l’album. La majorité pour être honnête : l’ambiance, le son, me rappellent fortement « Brave New World », à mon sens le meilleur album de la Vierge de Fer. Un peu long et difficile pour une entrée en matière mais ils confirment la continuité du cercle initié en 2015.
« Stratego », deuxième extrait proposé il y a peu, où l’on retrouve la basse caractéristique de Steve et la voix de Bruce, mais il y a malgré tout quelque chose d’inhabituel sur le titre : ce clavier sur le refrain. Loin de me déplaire il en déroutera sûrement quelques uns. Les lignes de chant sont inspirées, le morceau prend son temps, change, j’adore. Et ce n’est que le début, la claque « The Writing on The Wall » arrive. J’ai accroché direct à cette rythmique blues/country qui colle tellement bien au groupe. Le morceau est juste génial. Nouveau, frais, parfait.

Et c’est là que je trouve l’album fantastique : le groupe se fait plaisir. Il y a de la légèreté tout au long de l’écoute, des morceaux fleuves qui sont remplis de musique. Alors certes on est loin des morceaux courts des débuts, mais serait-ce plaisant d’écouter un sempiternel « The Troopers » ? Non. Ainsi je remercie le groupe pour cette initiative.
Le prochain titre le confirme : « Lost In a Lost World », bien plus calme, lancinant, ne nous est plus étranger. On Connaît maintenant ces titres, calmes en apparence mais qui envoient les watts quand on ne s’y attend pas. Les chœurs surprennent cependant sur les couplets, encore une nouveauté bienvenue, pour accompagner un Bruce posé, à la voix toujours magique avec des lignes de chant absolument superbes.
Malgré la longueur de la majorité des titres, ne croyez pas que le groupe s’est assoupli et ne sait plus faire de chansons qui frappent fort. « Days Of Future Past » a cette force de distiller un riff magistral, pourtant simple mais qui tape ! Dans un style différent de « Wicker Man » il est plus posé mais dispose de sa propre énergie, et le morceau ne peut qu’en être excellent. J’ai même été obligé de lâcher le clavier pour faire du « air-guitar » !! Bon je sais je fais ça tout le temps mais quand même !! Génial je vous dis !!!!!
On termine le premier CD avec « Time Machine » qui manquera effectivement d’impact sur les parties vocales. Musicalement on retrouve tout ce que Iron Maiden sait faire et fait son identité. La première partie du morceau n’est pas au top mais les mélodies distillées après remontent le niveau.

On arrive au CD2, avec des longs titres. Sur les quatre, trois dépassent les 10 minutes. « Darkest Hour » est le seul à déroger à cette règle et nous offre un morceau plus posé, mélancolique, mais bourré de feeling avec les soli ou lignes mélodiques.
Les trois œuvres qui suivent sont 100 % Steve Harris, je m’attends donc à des titres comme « When The Wild Wind Blows » ou « For The Greater Good of God ».
« Death of The Celts » est très changeant, aussi bien sur l’ambiance que sur le rythme ou les mélodies. Steve s’est fait plaisir et on sent qu’il n’a pas voulu mettre de côté une seule idée. Au final on se laisse promener avec plaisir !
Bon LE point noir, dommage sera « The Parchment », long (ça vous le savez), assez posé, mais assez mou, sans rien qui impacte vraiment. Pas accroché. Mais heureusement le niveau remonte avec « Hell on Earth » qui, comme chaque longue œuvre de fin d’album s’impose comme magistrale. Les onze minutes passent en un éclair, avec des mélodies superbes, un Bruce impérial, de quoi faire oublier (un peu) le titre précédent.

Après ce bon morceau il est temps pour moi de dresser un bilan. Iron Maiden n’est pas mort. Loin de là. Le groupe s’affranchit de certains de ses codes et se fait plaisir. Outre d’excellentes mélodies, aussi bien vocales que musicales, il y a une unité sur cet opus qui fait plaisir. Vraiment plaisir. C’est à mon sens ce qui manquait un peu à « The Book Of Souls ».
Bruce Dickinson étonne en étant plus calme et posé, et cette voix apporte beaucoup à l’ambiance. Malgré cet aspect contemplatif des titres, le groupe n’est pas en manque de puissance, elle est juste plus subtile et maîtrisée.
Un album qui entre ainsi très vite dans le top du groupe. Une réussite indéniable.
 
Critique : SBM
Note : 9.5/10
Site du groupe : Site Officiel
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