Chronique

FIT FOR AN AUTOPSY - OH WHAT THE FUTURE HOLDS / Nuclear Blast 2022

Faisons un saut aux Etats-Unis pour un groupe de deathcore qui signe son cinquième album, le deuxième chez Nuclear Blast. Ce sextet à 3 guitaristes possède une patte esthétique assez loin de son nom morbide. L’artwork est coloré, dans une poésie assez gothique, tandis que la musique va du dérangeant au planant. Ça vous évoque quelque chose ? Voyons ça en détail.

La première écoute a été cruciale pour me décider à écrire quelques lignes puisque c’était un groupe qui m’était inconnu jusqu’alors. Ce qui a fait la différence ici, c’est une influence indiscutable de Gojira dans l’approche instrumentale et dans les compositions. Sauf que là où des groupes européens comme Letters from the colony optent pour une approche progressive et technique (d’ailleurs, je les prie instamment de ressortir un album !) Fit for an autopsy partage le versant instinctif et va direct dans l’émotion et le percutant. Si la sauce américaine permet, ponctuellement, de manquer de finesse,cf. Pandora, Oh what the future holds recèle de très belles pépites.

Un titre dont je ne peux absolument pas ne pas parler, c’est A higher level of hate, puisque s’il faut parler influence Duplantier, il faut parler tribal et simplicité. Alors que tous les autres titrent proposent un départ classique, ici, ce sont des fûts qui tambourine un son pas net, avec bientôt une première guitare pour l’accompagner. Si vous croyez être pénard avec votre tam tam au coin du feu, vous entendez petit à petit approcher d’autres guitares, menaçante elles jusqu'à ce que soudain, explosion. Un pur banger vient décrocher la tête avec un riff qui balance, au sens litéral, grâce à un bend exagéré. S’en suit un déferlement des techniques de guitare fétiche de Gojira. Autour de ça, le groupe y ajoute du chaos, des variations de rythmes et d’intentions pour sombrer inévitablement dans un breakdown sobre et maîtrisé. Un titre qui vous faire dire à l’écoute “ça part de là”.

Parce qu’il n’y a pas de raison de s’arrêter en si bon chemin, l’écoute répétée fait revenir sur un titre étonnant Far from heaven. Très mélodique dans son approche, avec notamment un chant éraillé plein de nostalgie qui vient adoucir un peu cet album de brute. Comme attendu, il s’écroule sous la brutalité, mais cette fois-ci dans un registre plus industriel et martial. Loin de la monotonie à laquelle on s’attend quand on bascule là-dedans, FFAA recours à deux thèmes de guitares bien différent, ainsi qu’à un breakdown, sobre et maîtrisé, qui contribue à la richesse de ce titre qui semble presque raconter une histoire.

Assez souvent, le sextet va laisser cette sensation d’écrire des titres “2 en 1”. Et c’est au sommet de cet art que s’inscrit Two Towers, la pièce progessive du groupe. Presque six minutes d’ascenseur émotionnel entre le style planant empreinté à Deftones, sur fond de voix claire, la furie du growl du chanteur, et la folie qui casse le rythme, et qui, cette fois-ci, se laisse tenter par un solo, encore une fois très simple, très basique, mais extrêmement bien placé.

Si conclusion il y avait, je dirais qu’il est assez étonnant d’avoir autant de chose à raconter sur un groupe qui pratique un genre sur lequel toute la nouvelle génération est passé. L’album est quasiment dénué de défaut, chaque titre possède une identité forte qui se distingue à chaque écoute, signe que le groupe a plusieurs cordes à son arc et un vrai talent pour la composition. Fit for an autopsy a quelque chose à dire.

Line-up
Joe Badolato – chant
Will Putney – guitare
Pat Sheridan – guitare
Tim Howley – guitare
Peter « Blue » Spinazola – basse
Josean Orta – batterie

Tracklist
01. Oh What The Future Holds
02. Pandora
03. Far From Heaven
04. In Shadows
05. Two Towers
06. A Higher Level Of Hate
07. Collateral Damage
08. Savages
09. Conditional Healing
10. The Man That I Was Not

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Critique : Weska
Note : 9/10
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