Interview

SABATON (Version française - 2016) - Joakim Broden (Chant)

Environ une semaine après leur concert au Download festival à Paris, les fantassins de SABATON sont de retour pour parler un petit peu de leur nouvel effort « The Last Stand », premier album écrit par le nouveau line-up. Comme d'habitude, Joakim est cool, marrant et veut parler. Ça a donné ça :

SBM : Salut Joakim, je sais qu'il est tard mais j’espère qu'il te reste encore n peu d'énergie. Je vais essayer de faire vite !


Joakim : Oh non c'est bon, vas-y !

Merci ! Premièrement, triste mais vrai, vous n'avez pas joué au Hellfest Open Air cette année vu que vous jouiez déjà au Download. Les chanceux présents ont eu la chance d'écouter votre nouvelle chanson, « The Lost Battalion » en live. Comment le morceau a été reçu ?

Oh je sais pas j'étais trop nerveux quand on la jouait ! (Rires) Tu sais, même après ces années quand on sort un nouvel album, quand on joue les chansons sur scène on a peur de… se tromper dans les paroles ou autre, donc on est très concentré. Je pense que c'est bien passé, mais je suis pas tout à fait sûr en fait, (Rires)

Je trouve que c'est une bonne chanson donc t'as pas à te faire de soucis ! Et maintenant que tout est fini quel est ton sentiment sur le travail que toi et le groupe avez fait sur l'album ?

(Rires) Je sais pas mec ! C'est délicat avec les albums. Au début on commence par écrire la musique, il y a des chansons et à la fin du processus d'écriture tu commence à analyser parce que t'as peur que ça soit pas assez bon. Et pour moi à la fin de l'écriture, tout sonnait mauvais et doucement mais sûrement tu te rends compte que ça doit être comme ça je suppose. Ensuite on commence à enregistrer et ça redevient marrant à nouveau et quand tout est presque prêt tu l'aime vraiment.
Mais là vient le mixage et un peu de cette joie disparaît, je sais que ça doit être fait mais s'asseoir et se dire « Oh peut-être qu'on devrait augmenter le volume ici ou là », « C'est un peu hors ton là non ? »,tu écoutes les erreurs je pense, et j'entre dans ce mode où tu n'écoutes plus la musique, tu écoutes les fréquences, les instruments, les niveaux. Et je pense que je suis toujours dans ce mode, je regarde la réaction des gens, sachant comment je me sentais quand on écrivait ou qu'on enregistrait.
Je sais qu'on a pas fait un album catastrophique, je l'aime beaucoup, j'en suis content. Je sais pas si c'est fantastique ou bon, je pense pas que ça soit à moi de dire ça aux gens, chacun doit décider, je suis pas une machine à propagande. (Rires)

Oh très professionnel ça ! Et bien ce que je peux dire c'est que l'album est très bon. Vraiment. Mais j'attendais plus de… trucs originaux. Quelque chose de différent. Il y a des choses nouvelles et géniales, on en reparlera. Pour « Heroes » tu avais fait la plupart du travail à cause du changement le line-up. Pour « The Last Stand » est-ce que Chris et Thobbe ont participé ou était-ce juste toi et Pär ?

J'étais en charge des paroles oui mais il y a eu plus d'interactions dans le groupe, pendant l'écriture et dans le studio. La chanson « Shiroyama » avec les samouraïs a surtout était écrite avec Thobbe et « The Last Stand » avec les chœurs d’église et les cloches au début a été écrite avec Chris. Et on a aussi une chanson de « Heroes » qu'on avait pas fini parce qu'on voulait pas se précipiter.
Mais c'est la première fois dans l'histoire de SABATON que tout le monde a pris part à l'écriture. Je trouve ça bien et avec « Heroes » on avait notre premier album avec le nouveau line-up donc on sentait qu'on devait prouver que SABATON est toujours SABATON.
Donc on l'a fait très… SABATON et sur cet album, pas seulement sur les solos, mais aussi avec la batterie, la façon dont elle est jouée, comment Chris et Thobbe jouent les solos, leur liberté. Je les retenais peut-être un peu sur « Heroes » parce que ça devait sonner comme SABATON mais tu peux entendre un peu plus leur identité musicale ici et c'est une bonne chose.

Oui même si il y a une grosse unité sur l'album, on peut facilement entendre quelques différences, des nouveaux riffs comme sur « Rorke's Drift ». Comme vous avez encore une fois enregistré l'album avec Peter Tägtgren a-t-il beaucoup aidé pour que vous donniez votre maximum ?

Et bien il n'est pas très impliqué dans l'écriture, sauf sur « Heroes » où on a fait la plupart des chansons ensemble, mais il est notre producteur et il a beaucoup à voir avec le son de SABATON. Mais les chanson sont prêtes à 90-95 % quand on arrive au studio donc il fait pas grand-chose, MAIS il est très bon pour tirer le meilleur de chaque membre, il est batteur, guitariste, donc il connaît le langage de chaque musicien. Quand il s'assoit près de Chris quand il enregistre son solo, Chris pense « Ouais là c'est bon » et Peter lui dit « Oui c'est une bonne idée mais pourquoi tu le joues si vite ? Pense à ce que la chanson signifie », il pousse vraiment tout le monde vers le meilleur.
C'est pareil avec moi quand je chante, je me sens fier et dis « C'était une bonne prise » et il dit « Oui c'était une bonne prise… Mais tu peux faire mieux ! Recommence ».

C'est le maître et tu obéis quoi ! (Rires)

(Rires) Oui un peu !

Est-il responsable de l'ajout de cornemuse sur la chanson « Blood of Bannockburn » ? J'aime beaucoup cette chanson, ça sonne rock et la cornemuse est totalement nouvelle ! C'est le type de nouveautés que je te disais que j'aurais aimé avoir un peu plus.

Je l'aurais voulu aussi ! (Rires)

Ah oui ? Alors est-ce que tu feras, un jour, un truc dans ce ton, je sais pas par exemple, quelque chose d'un peu celtique ou folk, parler d'une vieille guerre ou d'un vieux personnage, comme Jules César, où tu pourrais utiliser des instruments classiques ?

J'aimerais bien mais le problème c'est qu'après un certain nombre d'album, quelques fans veulent du nouveau et d'autres veulent du vieux et traditionnel. Et le plus gros problème c'est que la plupart veulent uniquement du traditionnel. La raison pour laquelle j'aime ce groupe c'est parce qu'il sonne comme ça, je ne veux pas changer ça, c'est une ligne sur laquelle il est difficile de marcher et on essaye sur chaque album de repousser un peu les limites sur une ou deux chanson : sur « Blood of Bannockburn » pour « The Last Stand », « To Hell and Back » pour « Heroes » et il y avait aussi « The Cliffs of Gallipoli ».
« To Hell and Back » était un peu différente sur le son, la construction. Et l'autre a été « Inmate 4859 » et celle là n'a pas été très populaire du tout ; donc je pense qu'on devrait évoluer et certains fans le veulent aussi mais on doit le faire lentement, prendre la température et voir où ça mène.
Manifestement si on fait un album totalement différent, un concept album par exemple, soyons extrême,un album viking, on essayerait d'utiliser quelques tonalités ou instruments traditionnels, si on faisait quelque chose sur l'histoire de l'Irlande, je pense qu'on peut être un peu plus aventurier car ça serait plus facile pour tout le monde d'accepter que ça soit différent pour une raison. « The Last Stand » n'est pas un concept album, il a un thème, donc on ne veut pas aller trop vite et deux album plus loin se rendre compte qu'on a pris la mauvaise direction. (Rires)

Je suis d'accord, mais chaque fois que vous essayez un truc nouveau c'est génial, alors continuez ! Tu parles pour cet album de thème, à savoir les derniers combats, ce qui colle parfaitement avec la musique de SABATON, c'est épique, puissant et tragique. Qui a eu l'idée ?

En fait on avait un plan tout à fait différent environ un mois avant l'enregistrement des démos pour l'album. On était assis, on discutait, on aimait les thèmes amis ça collait pas avec les chansons qu'on avait, il n'y avait pas de déclic. On est donc revenu à l'idée du dernier combat qu'on avait et on a pensé « Ouais c'est ce qu'on doit faire, certaines chansons seraient parfaites si on se penche sur l'histoire ». Ça faisait comme si on était de retour à la maison parce que… même si c'est pas « Heroes 2 » mais en général un dernier combat est un petit groupe contre une force bien plus grande et je trouve ça très intriguant, je suis si impliqué émotionnellement que je dois connaître les gens, l'histoire, je dois connaître les soldats plutot que d'écrire des chansons sur un demi million ici, 200,000 là, il se rencontre sur le chant de bataille blablabla.
C'est intéressant aussi mais ça demande un certain type de chanson.

C'est vrai que tu es passionné et impliqué dans les paroles. Quand tu écris comment tu fais tes recherches ?

Hum et bien « Carolus Rex » est un bon exemple, on avait un professeur d'histoire qui nous aidait avec tout ça, trouver les bons livres sur l'Empire suédois, trouver les histoires coll qui ne sont pas très connues. Ensuite on a fait notre truc de notre côté mais avant d'enregistrer le chant, on a vérifié avec lui, et à part un détail ça allait, on avait bien fait nos devoirs ! (Rires)
Mais pour cet album on a essayé de pas trop en faire au début parce que comme c'était nouveau on voulait gratter la surface. Prenons l'exemple de « Shiroyama ». Je connaissait les grandes lignes, mais on n'a pas fait de recherches avant de savoir « C'est la chanson, c'est le sujet ».
Pär et moi-même avons parlé et on s'est dire qu'on se revoyait deux jours plus tard, voir des documentaires, lire des livres, on utilise Wikipedia ou certains livres que tu peux acheter ou emprunter. A ce moment là, quand l'histoire est nouvelle pour nous, c'est là qu'on est le plus passionné et qu'on commence à écrire les paroles.
Je pense que c'était plus dur par le passé quand on faisait les recherches un an avant parce que tu finis avec une grosse pile d'information en te demandant « Par où je commence ? Comment je ressens l'histoire ? Dois-je parler des mouvements de troupe ? Dois-je la raconter de ce point du vue ou celui là ? ».
Ah la fin de l'époque « Primo Victoria » j'ai fini par trouver une traduction de 8 pages d'un journal d'un soldat russe et c'est ce que j'ai utilisé pour écrire les paroles.

Étant donné que chaque chanson raconte une histoire, laquelle tu préfères ? Question épineuse !

Tu veux dire musicalement ou pour l'histoire ?

Ben tu sais quoi ? Les deux. Pour l'histoire ma préférée c'est « Shiroyama ». Des guerriers combattant des fusils avec des sabres, encerclés, j'adore ! Et musicalement, « Blood Of Bannockburn », la cornemuse et l'ambiance rock sont géniales.

C'est un peu difficile pour moi parce que ça change de jour en jour ! (Rires)
Musicalement je dirais « Shiroyama » ou « Blood of Bannockburn »… Ouais « Blood of Bannockburn » juste devant « Shiroyama ». Et pour le sujet et l'histoire… « The Last Battle ». je pense que c'est dur de battre une histoire où des soldats de la Wehrmacht et des soldats américains, tous volontaires se rendent à un château en Autriche protéger et libérer des prisonniers français qui allaient se faire exécuter par les SS.
Et après ils ont ce nom charmant sur un tank Sherman appelé « Jenny l'amoureuse » (« Bosotten Jenny ») qu'ils ont garé devant la porte pour les arrêter. Je pense que c'est une bonne façon de terminer l'album, sur une touche plus légère, en somme pleine d'humanité (Rires)

Oui c'est une belle histoire, je te remercie de me l'avoir raconté. Vous allez expliquer tout ça dans le livret comme pour « Heroes » ?

Oui et ça fait à peu près la même longueur que « Heroes », on essaye de pas faire trop long pour pas que ça soit chiant, mais juste assez pour que tu sache ce qu'il se passe et que tu veuilles en savoir plus.

C'est une bonne nouvelle ! Et j'ai eu le privilège d'en entendre une par toi ! (Rires)
Et tout ça sera disponible juste la veille du Sabaton Open Air. Choix ou coïncidence ?


(Rires) Je dirais que c'est une coïncidence choisie ! Notre festival a commencé en 2008 et à l'époque s'appelait Rock City Falun et pas Sabaton Open Air et on voulait faire quelque chose de plus gros, avec des amis, des groupes avec qui on avait tourné, des groupes jeunes qui étaient bons mais n'attiraient pas trop l'attention. Et maintenant 9 ans après on fait toujours le festival dans le même état d'esprit et maintenant on peut faire ça comme une « release party » pour l'album. On a des groupes qu'on aime comme Saxon, des groupe avec qui on tourne, DragonForce, Therion, et des jeunes groupes.
C'est assez dur d'avoir un concert métal décent dans le centre de la Suède.

Vraiment ? Comme beaucoup de groupes viennent des pays scandinaves je pensais que ça serait plus simple.

Ah oui c'est le cas, beaucoup de concert sont programmé en Suède mais à Stockholm ou au sud… On vie à trois heures au nord de Stockholm. C'est de plus en plus délicat mais c'était pire quand on a commencé à la fin des années 90, début des années 2000. Le métal et les concert n'étaient pas aussi gros que maintenant. Je me rappelle en 1999 j'ai vu Motörhead devant un club de 500 personnes…

Pas énorme en effet… heureusement les choses s'améliorent et c'est une bonne chose vu que SABATON approche de son 20ème anniversaire. Tu as pensé à quelque chose pour célébrer ça ?

Oui on fera quelque chose c'est sûr. Je dirai que le moment parfait serait le 12 décembre 2019 parce que c'est la première fois qu'on a joué sous le nom SABATON. On avait fait quelques concerts mais sous différents noms. Donc ça serait sympa, j’espère vraiment, mais notre emploi du temps ne le permettra peut-être pas, mais dans un monde parfait on sera pas en tournée.

Ok pour la date, mais qu'allez-vous faire ? Ré-enregistrer des chansons ou quelque chose du genre ?

Non pas ça. Je pense qu'une chanson est une capture d'un instant, mais ça serait marrant de faire un concert avec la même setlist que notre premier concert.

Ouais c'est une bonne idée… Le truc c'est de faire un truc unique où les fans pourraient dire « J'y étais ». Quelque part c'est déjà possible pour quelques fans parce depuis « Carolus Rex » vous enregistrez toutes vous tournées. Vous ferez pareil sur cette tournée ?

J’espère, j'aime beaucoup les albums live en fait, ça de comment la setlist va changer, quelles chansons seront populaire. Mais ça serait sympa de ne pas faire que des concerts mais aussi un documentaire. J'aime écouter et voir comment un groupe évolue… je pense notamment aux lives d'Iron Maiden. Puis certaines chansons disparaissent des setlists, certaines changent quand on les rejoue des années après donc je pense que ça serait un bon échantillon du groupe à ce moment.

Vous avez déjà fait ça en quelque sorte sur « Heroes On Tour » avec deux setlist totalement différentes, une vraiment faite pour les fans au Sabaton Open Air et quelque chose un peu plus grand public au Wacken. Vu que vous avez maintenant pas mal d'album à votre actif ça doit être compliqué de faire une setlist.

Oui ça devient de plus en plus dur. On a atteint un moment de notre carrière où on ne doit pas jouer des chansons qu'on joue souvent et partout.
On doit « tuer » quelques chansons jouée pendant des années et que les gens attendent. Mais d'en autre côté sur notre tournée en tête d'affiche on essayera de jouer un peu plus longtemps pour placer entre quatre et six chansons du dernier album, parce que je pense sincèrement qu'il y en a quatre ou six qui sont assez bonnes pour mériter d'être sur une setlist SABATON. Lesquelles par contre, je sais pas encore ! (Rires)

Ben un jour tu en joues une puis une autre le jour d'après et après tu regarde celle qui plait le plus !

C'est très important pour nous de ne pas avoir une setlist statique. Si on va en Finlande on a des chansons sur l'histoire de la Finlande, et si on va en Pologne c'est une setlist totalement différente.

Je vois, mais cependant il y a un truc qui ne change pas de concert en concert et il vous faut le garder : votre sourire ! (Rires)

Ah oui j'essaye de le garder ! (Rires)

Cool ! Parce que j'ai vu le live « Heroes On Tour » et je vous ai vu sur la tournée française cet hiver et j'ai adoré ça ! Vous vous amusez sur scène, vous aimez ce que vous faites et ça se sent ! Alors continuez !

T'inquiète pas on changera pas ça ! Tu sais on fait aussi beaucoup ça par plaisir donc ça reste naturel.

Ça fait plaisir à entendre ! Bon je pense que je t'ai assez pris de temps donc je vais te laisser conclure si tu veux passer un message au fans français ou ajouter quelque chose.

J'aimerais te remercier , c'est très important pour nous parce qu'on a eu des débuts difficile en France, on a toujours du amener une petite production mais cette fois quand on viendra en janvier on apporte tout le matériel à peu près partout. Je me sens toujours mal quand on sort la grosse artillerie dans une salle et une petit production dans une autre. Si vous voulez voir un bon concert de SABATON regardez sur l'édition limitée de « The Last Stand », c'est un de mes concert de SABATON préféré, c'était à Nantes, tourné par l'équipe du Hellfest. C'est passé à la TV mais seulement 16 minutes, là il y a le concert entier.
Tu verras un grupe qui n'a pas peur, parce que d'habitude on a un peu peur, tellement d'effet pyrotechniques, tellement de nouvelles choses à dire ou se rappeler ; mais cette nuit on est venu pour s'amuser et je recommande à tout le monde de le regarder.

Je verrai ça quand je recevrai mon Earbook ! Je te dirai ça quand on se verra en tournée. Merci encore une fois Joakim ou ton temps et ta gentillesse. Passe une bonne soirée !

Merci mec ! Bye bye !
 
Critique : SBM
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