Interview

LES TAMBOURS DU BRONX (2018) - Dominique

Plus de trente ans après leurs débuts, les Tambours du Bronx restent l'un des groupes les plus impressionnant à voir sur scène. Leur tournée actuelle « Weapons of Mass Percussion » poursuit le virage metal amorcé depuis quelques années déjà. Rencontre avec Dom, l'un des percussionistes du combo de Nevers.

« Le groupe existe depuis plus de trente ans. Reste-t-il dans la formation actuelle des membres originaux du groupe ? »


« Oui, il en reste trois. Certains ont commencé très jeunes dans les Tambours. L'un des trois membres du line-up original a débuté à 16 ans. »

« Quand as-tu rejoint le groupe ? »

« Vers 2000-2001.A l'époque, le groupe était bien sûr toujours basé principalement sur les percus mais il commençait à y avoir aussi des samples. »

« Est-ce la rencontre avec Sepultura qui a amorcé le tournant metal des Tambours ? »

« Oui et non. A l'époque où le groupe ne jouait que sur des percus, nous étions déjà un groupe de rock. De nombreux membres des Tambours venaient de la scène metal ou hard-core. Avec Sepultura, le plaisir a été de pouvoir envoyer à fond sur scène. On aurait aimé tourner davantage avec eux mais la logistique pour cela était trop lourde. »

« Vous avez fait Rock à Rio avec eux. Cela a du être énorme ? »

« Oui, c'est un souvenir incroyable. A la base, nous devions jouer ensemble en tête d'affiche de la petite scène. Le matériel a été coincé par les douanes et le soir du concert le son tombe en panne. Le concert est annulé ce qui crée un bordel pas possible parce qu'annuler un concert de Sepultura au Brésil c'est juste inimaginable. Finalement, on joue sur la grosse scène. On a pas compris ce qui se passait tant cela a été monstrueux. »

« Le lien avec Sepultura ne s'est-il pas fait par rapport au côté ethnique qu'il y a dans leur musique comme dans la vôtre ? »

« C'est sûr. On s'est rencontré sur un festival en France. Andreas a regardé notre concert depuis les coulisses. Il a accroché à ce que nous faisions. On a décidé de faire des choses ensemble. »

« Comment Reuno de Lofofora et Mudweiser, Stephane Buriez de Loudblast et Franky Costanza ex Dagoba ont intégré le groupe ? »

« Cela s'est décidé l'an dernier lorsque nous avons fêté les trente ans du groupe.On avait envie de passer à autre chose. On a rencontré Francky, on connaissait Dagoba. On lui a dit si tu t'emmerdes dans Dagoba, tu peux faire des trucs avec nous si ça te chante. Ca a collé et on a écrit des morceaux avec lui. On s'est ensuite dit que l'on voulait du chant et on a pensé à Reuno.Lui et Stef écrivent les textes. Ce sont des gens qui possédent une grande intelligence musicale et qui laissent de la place aux autres. »

« Donc, ce n'est que récemment que les guitares sont arrivés dans les Tambours ? »

« Oui, très récemment. »

« Votre tournée actuelle « Weapons of Mass Percussion » illustre ce tournant metal »

« Tout à fait. Elle devrait se poursuivre jusqu'en 2019. On a pas mal de dates qui continuent de tomber. »

« Est-ce que cette tournée vous apporte un nouveau public ? »

« Oui. On a toujours notre public habituel, un public théâtre mais le côté metal nous amène de nouvelles personnes.Et notre public habituel même s'il n'est pas forcèment fan de metal apprécie ce tournant musical chez nous. Même si nous n'étions pas un groupe de metal autrefois, il y a toujours eu ce son dans les Tambours. Avant d'intégrer le groupe, j'étais guitariste. Les morceaux ont toujours été plus construits comme des morceaux metal que comme des morceaux de percus classiques.»

« Vous donnez beaucoup plus de concerts que vous ne sortez de disques. Pourquoi ? »

« C'est difficile de retranscire les Tambours sur disque. Nos concerts ne sont pas de simples concerts, c'est plus un spectacle. Ces vibrations sont difficiles à retranscire sur album. Et puis, il y a la réalité du marché du disque actuelle. En même temps, nous n'avons jamais été de gros vendeurs. »

« Le dernier album était assez électro. »

« Oui, c'était un double album avec un côté électro. On s'est fait plaisir avec ce disque. On a fait une face pour nos fans de bidons et une électro. »

« Un disque est en préparation ? »

« On va sortir un EP bientôt et un album à l'automne. »

« Vous avez dû changer de bidons avec les nouvelles normes européennes. »

« Oui. Ceux sur lesquels nous avons débuté ne sont plus aux normes aujourd'hui. Les bidons ont tendance à devenir de plus en plus durs. On cherche des bidons qui sonnent bien. »

« Continuez-vous comme autrefois de jouer dans des lieux insolites ? »

« Il y a un moment que cela ne nous est pas arrivé mais nous n'avons rien contre le fait de le refaire. Nous avons joué récemment pour la Fashion Week de Milan et la scènographie était assez incroyable. »

« Vous êtes à la fois un groupe institutionnel : vous avez joué pour le bicentenaire de la Révolution Française, pour le centenaire de la bataille de Verdun et êtes metal. Ce doit être étrange d'être à la fois institutionnel et rebelle ? »

« C'est vrai mais ce côté rebelle nous ne le revendiquons pas. On étudie les projets, nous n'acceptons pas tout. La commémoration de Verdun nous touchait et le fait d'y avoir joué nous a valu des attaques de la part de l'extrême droite. Cela justifie déjà en soi le fait de le faire. Nous avons joué pour des publics africains à Djibouti dans le cadre d'échanges culturels. Au Brésil, nous avons joué dans le cadre d' un festival pour riches. On ne s'était pas senti bien par rapport à cela et sommes allés jouer dans un parc pour ceux qui ne pouvaient se payer la place de concert. »

« Pour la tournée actuelle, allez-vous jouer dans des festivals et voudriez-vous jouer dans des festivals metal comme le Hellfest ? »

« On a plusieurs dates dans des festivals qui devraient tomber bientôt. Le dialogue est facile avec les gens du metal. Si le Hellfest se décide à nous programmer, on irait bien volontiers. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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