Interview

SEX, DRUGS & ROCK'N ROLL, LA FIN D'UNE ERE ? - Didier D Deveney (Auteur)

A moins de vivre dans une grotte, tout rocker ou metalleux doit avoir entendu parler du livre de Didier D Deveney : « SEX, DRUGS & ROCK’N ROLL, La fin d’une ère ?». Après les aquarelles Didier s’attaque à la littérature et il a bien voulu, à l’inverse de son œuvre, se faire interviewer pour nous le présenter. De bonne humeur et décontracté il nous livre la genèse et le développement de ses pages.

SBM : Bonsoir Didier comment vas-tu ?


Didier D Deveney : Très bien merci et toi ?

Bah comme après une journée de boulot. En temps normal je me serais ouvert une petite mousse mais depuis la lecture de ton livre je tourne au Perrier tranche ! (Rires)

Ah et bien je suis ravi que mon livre ai pu avoir cet impact avec toi !

Oui j’avais besoin de me mettre un peu au vert et c’est arrivé au moment où je lisais ton livre. Donc pour ça je te remercie. Et je tiens aussi à te féliciter car ton livre rencontre un vif succès. Tu t’y attendais ? Comment vis-tu cette reconnaissance ?

En fait c’est la première fois que ça m’arrive techniquement parce que ça fait dix ans que je suis scénariste, on a fait des clips avec mon pote Enguerran Prieu qui est réalisateur, on a fait un documentaire avec des rock stars donc on a croisé pas mal de monde. On a essayé de tourner la chose de façon a ce que ça ait du succès et ça a toujours mis beaucoup de temps donc on est toujours resté en relation avec le milieu artistique.
Le livre au départ c’était un documentaire et en fait c’est Gilles Lartigot qui a fait avec moi les premiers interviews en 2016 et en se reparlant en décembre il me dit « Non mais fais en un livre » et c’est vraiment ce que j’attendais qu’on me dise, de faire un livre, mettre en portrait mes aquarelles, j’avais déjà tout en tête pour la mise en page et j’ai eu l’idée de tout faire entièrement.
Et je suis franchement très très heureux du succès qu’il commence à avoir oui. Je m’y attendais pas.

Il vaut mieux une surprise dans ce sens non ? (Rires)


Oui c’est sûr ! (Rires)

A quel moment tu t’es dit, personnellement, l’époque « Sex, Drugs & Rock’n Roll » c’est fini ?

Ce qui a fait démarrer le livre en fait c’est une conversation avec Lætitia mon épouse, on se disait que ça fait des années qu’on croise des rock stars, des musiciens et qu’à chaque fois qu’on était avec eux c’est vachement sage, on picole pas trop, on rigole, quand t’es en backstage y’a pas de saladier de cocaïne comme tu l’imagines dans les années 80 avec les Guns tu vois.
C’est à ce moment là qu’on s’est dit y’a quelque chose, les artistes autour de nous s’engageaient pour Sea Shepherd par exemple, au Hellfest on voit de plus en plus de stands vegans, il y a vraiment des choses différentes et saines qui approchent dans le milieu du hard rock et du metal et qui sont aux antipodes de ce qu’on voyait. Tu parles de hard rock et de metal à des gens ils s’imaginent tout de suite des barbus bourrés de bière complètement morts alors que c’est l’opposé, on a vraiment une image intéressante et à partir de là je me suis dit « On tient quelque chose ».
En discutant avec des gens en préparant le livre j’ai vraiment senti que c’était dans l’air du temps et beaucoup me disaient « C’est une très bonne idée, tu es vraiment dans l’instant, c’est la bonne période pour le faire».

Ma révélation pour ma part c’était lors d’un interview avec Tomi Joutsen (Amorphis). Le manager me propose une bière, j’accepte et je demande à Tomi si il veut m’accompagner. Et là il m’annonce qu’il ne boit jamais d’alcool en tournée. Il est sage comme une image et fait du sport. Là je suis dit que le vent tournait.

Oui c’est pas du tout comme on imaginait et c’est très bien attention ! J’aime beaucoup ça. Le but du livre, qui ne s’adresse pas qu’aux gens du milieu, c’est pour tout le monde, c’est d’essayer de faire le plus large possible, sans pour autant pour autant tomber dans les clichés actuels sur les stars parce que tout le monde l’a déjà fait ça. Mais parler du rock et du hard rock comme ça personne ne l’avait fait auparavant, pas en France en tout cas.

Effectivement c’est une première. Tu peins un portrait d’une époque révolue, mais on dirait que ton vrai discours derrière ça c’est l’alimentation saine et le véganisme. Donc est-ce que tu aurais pas utilisé le côté «Sex, Drugs & Rock’n Roll » comme porte d’entrée pour justement parler de ces deux derniers qui sont beaucoup plus contemporains ?

En fait le sujet est venu de lui même parce qu’avant de faire le livre j’avais déjà rencontré Rob Zombie et toute l’équipe et c’est d’ailleurs quand je l’ai rencontré que j’ai décidé de devenir végétarien. C’est pas entièrement dû à sa rencontre car j’ai ma compagne qui était déjà végétarienne un an avant et qui est une chef cuisinière donc t’imagines que quand elle te prépare des plats c’est toujours merveilleux donc l’acceptation et le passage au végétarisme ont été simples et rapidement fait.
Le fait de rencontrer Rob Zombie et de parler de ça avec eux a vraiment déclenché beaucoup de choses. Et John 5 a accepté de venir faire l’interview pour le livre, on a continué à en parler et il y a beaucoup de musiciens qui s’y sont mis juste pour être en forme sur scène et se maintenir en forme en tournée. Tu as Yann Heurtaux, Steeve Petit de Zuul FX qui fait très attention à lui, sans pour autant manger de la viande tous les jours, il en mange de temps en temps il fait très attention et j’en ai parlé avec Ben Barbaud et il m’a dit qu’ils avaient de plus en plus de demandes végans ou végétariennes par les « riders ».
C’est presque le secret pour se maintenir en forme en tournée quand tu passes des journées dans le bus ou que tu traverses le monde.

Oui mais pas que. En tant que pharmacien je peux te dire que ton bouquin est presque un service de santé publique, quand tu vois tous les méfaits des fast food et autres trucs du genre. Je pense que ça serait bien que certains lisent ton livre (Rires)

Puis ce qui est intéressant c’est que ce sont des metalleux de deux mètres de haut comme Zakk Wylde, tatoués partout, déchaînés sur scène comme Rob Zombie ou d’autres gars, et en fait non ils sont végétariens ou végans. C’est ce contraste là qui est intéressant. J’avais commencé à poser des questions sur le forum du Hellfest qui est très actifs et j’ai eu beaucoup de réponses positives. Trop même, j’ai dû stopper car tout le monde voulait m’en parler.
Il y a aussi la cause animale, car chacun a ses raisons de devenir végan, ça peut être pour ta propre alimentation, contre la violence animale, contre l’industrie en elle même. Par exemple les mouvements punk c’était les premiers végétariens. J’ai été surpris mais les premiers « Straight Edge » c’était eux.
Quand tu vois que Cannibal Corpse est végétarien c’est rigolo quand même.

Pour le coup oui le contraste est énorme ! En même temps c’est pas le genre de truc gravé sur ton front. C’est un mouvement en expansion mais par contre le peu de végans que j’ai rencontré étaient assez intolérants vis à vis des autres régimes alimentaires. N’as-tu pas peur que certains extrémistes comme ça puissent nuire au mouvement végan ?

Alors ma part je n’ai pas encore eu ce genre de rencontre…

Tu es chanceux alors ! (Rires)


J’ai de la chance, Gilles Lartigot en a, il a écrit « EAT » et « EAT 2 », il fait des show conférence donc il est confronté à ce genre de personnes sur les réseaux sociaux et c’est vrai que ce genre de personnes peuvent desservir une cause. Par contre ils sont minoritaires et ils vont se sentir minoritaires de plus en plus.
Je pense qu’avec le temps ils n’auront plus besoin de la jouer exclusif. Regarde la chanteuse d’Arch Enemy qui a dit « Faites vous même vos recherches, posez vous les bonnes questions et vous trouverez votre propre chemin» et c’est ça tout l’intérêt de la chose. Et c’est ce que j’essaye de dire avec le livre aussi.

Oui c’est exactement mon cas, j’ai lu ton livre, j’ai regardé quelques trucs à droite à gauche et voila.

Pourtant j’étais un viandard de première faut pas croire !

Ah moi je suis toujours un gros viandard mais moins fréquemment ! (Rires)

Mais il y a malgré tout un paradoxe en cette époque. Comme tu le dis, les groupes des années 70 et 80 ont fait de gros excès. Maintenant on a le recul suffisant pour connaître la nocivité des substances ingérées par les artistes. Et paradoxalement ce genre de drogues explose dans les soirées étudiantes et parfois même avant. Comment tu pourrais l’expliquer ?


Je me rappelle quand je parlais à Patrick Eudeline on disait que les excès de drogues et d’alcool étaient uniquement fait par les rock stars et pas par le public. Et Patrick m’expliquait qu’à l’époque des Stones ils faisaient comme eux. C’est à dire que si Keith Richards se mettait à le beuh et à l’héro et bien ils se mettaient à la beuh et à l’héro. Ça m’a surpris parce qu’à cette époque chopper de l’héro sur Paris ça devait être un peu plus compliqué mais apparemment pas vraiment. Et donc visiblement le public suit et peut être parfois plus excessif que les groupes.
Donc ça m’étonne pas que dans des soirées étudiantes les jeunes se défoncent. Je dis pas que c’est le passage obligé de l’âge adulte mais du moins c’est l’image que tu as quand t’es jeune. Tu fais des excès au début et après soit tu te calmes soit tu finis en réhab quoi.

Te concernant tu as déjà touché du doigt ce milieu ?

Oui bien sûr sinon je n’aurais pas pu être honnête avec le livre. Je parle pas de ma vie personnelle dans le livre mais oui je suis passé par là aussi. Certains trucs assez tôt mais ça s’est vite calmé, il y a des produits que je ne toucherai plus.

Et c’est très bien ! Bravo ! (Rires)

Et bien avant de lire « The Heroin Diaries » ou de voir ce que ça avait fait sur les stars comme les Guns je m’étais déjà calmé. C’est quelque chose qui est assez loin maintenant.

C’est ça qui est intéressant c’est que tu parles en connaissance de cause, du coup du en parle facilement, tu sais comment le présenter. Honnêtement le livre, en alternant les interviews et passages narrés se lis aisément. Même avec les quelques fautes d’orthographe ça se lit bien... (Rires)


(Rires) Oui mais ça a été corrigé depuis donc pas de fautes pour les prochaines versions. C’est ce qui se passe quand tu veux tout faire toi même.

Oui puis comme je te dis ça empêche pas la lecture…
Tu parles aussi beaucoup de Sea Shepherd, et d’autres ONG bien sûrs qui montrent elles aussi la nouvelle prise de conscience du milieu rock/metal. Tu fais toi aussi partie d’une organisation ?


Indirectement oui parce que Lætitia mon épouse a fait des missions avec eux et elle en fera sûrement encore prochainement.
Et c’était vraiment super d’avoir Lamia en interview, elle est très proche de certains groupes comme Gojira qui prépare un EP pour eux donc c’était vraiment pour montrer l’engagement en France de certains groupes parce que si je m’arrêtais aux engagements de Tommy Lee ou Slash, que je cite évidemment, ça aurait moins d’impact. Alors qu’un groupe français s’implique pour Sea Shepherd en France. Pour montrer que ça ne se fait pas qu’aux US.

L’autre point intéressant qui ressort de ces interviews c’est que ce sont des interviews que tu n’as pas ailleurs, les discussions qu’on a sont hors promotions. On ne parle pas de leurs albums ou de ce qu’ils ont voulu dire sur tel titre. On parle vraiment de eux, de leur parcours, et l’interview de Walls of Jericho pour ça est vraiment intéressante, elle tient à prouver qu’en tant que femme on peut se réaliser, qu’on peut être en forme et énergétique, donner le meilleur de soit même en faisant de la muscu et en faisant attention à son alimentation.. Que c’est pas juste regarder sur Instagram si on a mis le bon maquillage.

C’est justement ça qui est bien parce que pour faire des interviews, je sais que c’est des questions que j’ose pas trop poser parce que c’est personnel. Et finalement en lisant ton livre on se rend compte que oui c’est des stars mais c’est aussi des humains tout simples qui ont une vie comme tout le monde. C’est plus humain.

C’est ça. On a discuté comme des potes. John 5 ou Tommy Henriksen c’était vraiment comme ça. Patrick Eudeline aussi, parce qu’on a eu un discussion très délicate, on parlait de drogues quand même et c’était pas évident d’aller sur ce terrain là mais il a accepté d’en parler ouvertement donc je suis assez content qu’il ai accepté d’en parler à ce niveau là.
Après les autres je mes ai pas plus titillé que ça. Yann de Mass Hysteria a accepté d’en parler mais c’était pas le but initial ou la conversation qu’on aurait du avoir.

Et tu as fait ça intelligemment, tu n’as pas posé les questions pour diffuser des ragots mais pour avoir un témoignage qui peut aider.

Oui bien sûr le truc c’est « Tu es passé par là alors dis nous à quel point tu vas mieux ». C’est ça l’intérêt.

Et c’est ça qui est bien dans ce cas c’est que c’est un partage. Quel est ton meilleur souvenir pendant la création du bouquin ?

Oh… Y’en a tellement…

Bon allez un ou deux…

Un ou deux… John 5 qui vient exprès pour moi au carré presse du Hellfest. Il devait venir faire une interview, ils sont arrivés à la bourre et il est quand même venu rien que pour moi. Ils ont tout annulé mais John 5 a quand même voulu me voir. Ça c’était très agréable.
Rencontrer Nikki Sixx aussi, l’équipe du Hellfest avait fait le nécessaire pour qu’après la conférence on puisse se voir deux petites minutes et c’était une belle rencontre. Et l’interview du livre a en fait été fait pendant la conférence de presse et j’ai réalisé qu’en fait on l’avait quasiment accaparé mais ils étaient détendus et contents d’y répondre.
Quoi d’autre comme souvenir… C’est difficile de dire ça comme ça… Attends je regarde ! (Rires)

Oui John 5, celle de Patrick Eudeline m’a beaucoup touché aussi. Lamia c’était vraiment bien. Celle de Mass Hysteria aussi parce que ce qu’il dit à la fin par rapport à ses anciennes addictions était vraiment bien et je pense pas qu’il était prêt à le dire directement tu vois.
Après toutes les rencontres que j’ai faite pour le livre étaient super pour moi. Elles sont toutes formidables. Et je suis content des retours par rapport aux photos, aux aquarelles, on me dit que c’est bien aéré, et comme je l’ai fait moi même cette mise en page c’est assez gratifiant.

Il y a beaucoup de noms et de rencontres c’est pas simple de choisir ! Et je dois dire que je suis assez fier de voir qu’Iron Maiden n’est pas concerné par cette époque, à part Nicko Mc Brain qui aimait un poil trop le vin. Ça fait partie des très grands groupes à part de ce point de vue.

Oui j’ai beau avoir cherché je n’ai rien trouvé sur Iron Maiden. Beaucoup de gens me demandent pourquoi j’ai surtout cité Lemmy, Motley, les Guns et Aerosmith. Et la réponse est simple j’ai vraiment pris les plus significatifs parce que si je devais parler de tous ceux qui se défonçaient à cette époque là il faudrait trois tomes, donc je me suis concentré sur ceux qui avaient la pire réputation.

On te verra en dédicace pour le Helflest 2019 alors ? Livre et aquarelle ?

Alors aquarelle sûr, 100 %. Pour le livre on attend la discussion avec Ben pour un partenariat et faire un événement de séance dédicace, donc c’est possible mais pas encore officiel.

Bon et bien ça veut déjà dire qu’on se reverra l’année prochaine ! Et pour finir, je te laisse les derniers mots pour la fin si tu veux conclure ou passer un message.

Oh quelle horreur ! D’habitude c’est moi qui demande ça ! (Rires)

Et oui et bien la roue tourne !(Rires)

Oh mon Dieu !! (Rires) Maintenant je comprend ce que ça fait le mot de la fin… Lætitia est morte de rire derrière… (NdT : Moi aussi d’ailleurs…)
Alors j’espère que l’interview donnera envie aux gens de découvrir le livre, à tous ceux qui l’ont lu et qui me suivent depuis des années avec les aquarelles , je les remercie du fond du cœur pour leur soutien.

Tu vois c’était pas compliqué…

Ma femme dit que c’est pourri… (Rires)

Oh mais non… Simple et sincère !
Sur ces belles paroles, merci encore pour cet entretien et on se voit en Enfer ! Bonne soirée à vous !


Merci à toi et bonne soirée aussi !
 
Critique : SBM
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