Interview

MERZHIN (2018) - Pierre (Chant / Guitare) et JC (Batterie)

Deux ans après « Babel », les Bretons de Merzhin nous reviennent avec un nouvel album, « Nomades ». Un disque de rock bien énervé dans lequel les guitares se taillent la part du lion. Plus de vingt ans après leurs débuts, Merzhin prouve avec ce disque que le temps n'a pas prise sur eux.

« Vous êtes arrivés il y a peu dans le cercle fermé des groupes avec plus de vingt ans d'activité. C'est une fierté ? »


« C'est une surprise. Ce groupe est une histoire de potes. On a commencé par passion et nous n'avons jamais pensé à faire carrière. Nous étions tous au même lycée. Il y a eu très peu de changement dans le groupe durant ces vingt ans même si on vient de changer de guitariste. »

« Depuis vos débuts, l'attachement à la culture bretonne est important. Le nom du groupe bien sûr, le sigle BZH sur le site du groupe, l'utilisation d'instruments traditionnels bretons. »

« Cela fait totalement partie de notre idendité. Sur les albums précédents nous avions mis les cuivres en avant parce que nous voulions explorer d'autres sonorités. Sur le dernier, nous avons de nouveau beaucoup utiliser les instruments traditionnels bretons. Une envie de revenir aux fondamentaux en quelque sorte. »

« Le nouvel album a un son plus direct. »

« Oui c'est vrai mais c'était déjà un peu le cas pour « Babel ». On a enregistré au Black Box à Angers qui est un super studio. Nous voulions un son plus brutal. »

« Kemar de No One Is Innocent est présent sur le morceau « Nomades » qui donne son titre à l'album. J'imagine que vous vous sentez proche tant musicalement qu'idéologiquement. »

« Totalement. On s'est souvent croisés sur la route avec No One. Kemar était la bonne personne pour chanter sur ce titre. Cela s'est fait naturelement. Nous sommes très contents d'avoir fait ce choix. »

« Nomades » c'est un morceau sur la crise des migrants ? »

« En partie mais pas seulement. Cela parle aussi d'humanisme, d'environnement.Ce sont nos questionnements de citoyens face à une sorte de faillite en ce qui concerne le sort de gens qui sont obligés de migrer. Il y a urgence pour que les choses bougent. C'est une évidence pour nous que de parler frontalement de ce sujet. Nous avons la chance d'avoir un micro, autant s'en servir pour faire passer un message. « Nomades » est un morceau contre le cloisonemment et qui parle de voyages, de richesse culturelle. C'est aussi évidemment un titre contre la montée du fascisme. »

« Qui a fait la pochette de l'album qui illustre d'ailleurs très bien la notion de nomadisme ? »

« C'est l'oeuvre de l'artiste, Juliette Savaëte qui l'a signé avec l'un de ses dessins nomades. Elle a totalement adhéré au projet. »

« On Marchera » est un titre éminemment politique. »

« Clairement. C'est une attaque frontale contre la politique de la Republique en Marche. Leur politique est uniquement basée sur l'argent. Où est l'humain dans tout ça ? »

« Vous vous sentez comme un groupe engagé ? »

« Il est nécessaire de l'être. Après, nous ne sommes pas des donneurs de leçons.Mais si l'on peut faire réfléchir un peu, ce sera bien. »

« De quoi traite « Le Joueur et l'affranchi » ? »

« C'est une référence au film de Scorcese, « Casino ». Le groupe a toujours eu une écriture cinématographique. Nous aimons écrire de cette façon. »

« Cet album est plus énervé que vos disques précédents. Il n'y a pas comme dans ceux-ci de folk ou de ballades. »

« Oui, il n'y a pas de guitares accoustiques sur cet album. Nous avons voulu quelque chose de direct, sans compromis. »

« Vous partez bientôt en tournée ? La scène a toujours été primordiale pour le groupe. »

« Oui, la tournée débute le 27 Octobre. Nous avons toujours aimé l'échange avec le public. Le studio, c'est bien mais tu es dans ta bulle.On est très heureux de partir bientôt sur les routes pour défendre ce disque sur scène. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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