Interview

DIRTY SHIRT (2019) - Mihai Tivadar

Les roumains de Dirty Shirt proposent un metal teinté de folklore roumain dans lequel flotte l'esprit tzigane. Un mélange qui fonctionne à merveille comme on le constate sur leur nouvel album, le très réussi, " Lechtology". Rencontre à Paris avec le très sympathique Mihai à la veille de leurs dates françaises.

" Le nouvel album arrive quatre ans après " Dirtylicious". Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour voir ce nouveau disque ? "


" En 2017, nous avons eu le projet avec un orchestre national. Cela nous a pris presque deux ans. On a joué avec l'Orchestre National de Transylvanie en Roumanie. On a également fait des festivals avec eux. C'est un orchestre d'Etat avec des gens qui viennent du conservatoire. Leur agenda n'est pas le même que le nôtre donc cela prend du temps pour mettre les choses en place. Et puis on a fait un DVD live qui a également pris un certain temps."

" Vous faisiez dès vos débuts du metal avec ce côté folklorique roumain ?"
" Non, on a commencé par de l'alternatif progressif au milieu des années 90. C'était juste après la révolution roumaine. Il n'y avait donc rien au niveau musical. On a ensuite joué du nu-metal. Je suis venu vivre en France et on a arrêté le groupe. C'est à partir de 2010 qu'on a commencé à faire des trucs folkloriques puis encore davantage à partir de 2015."

" L'aspect folklore roumain est très présent dans votre musique."
" Le premier morceau, " Latcho Drom " est une reprise d'un traditionnel roumain. Tout le reste ce sont des compos originales. Le côté metal reste quand même le plus important. Le fait de jouer avec de supers musiciens du folklore roumain est une très belle opportunité."

" Il y a aussi d'autres styles musicaux chez Dirty Shirt hors metal ou folklore roumain."

" Oui, c'est devenu naturel. Nous ne voulons pas nous auto-censurer. On met du folklore, du jazz, de la world-music. Après la tournée " Freak Show ", on s'est rendu compte à quel point nous étions heureux de jouer des morceaux inspirés du folklore. En 2016, nous nous sommes dit c'est le moment. On a pris un risque financier mais tout s'est bien passé. Le projet avec orchestre attire un public large, de l'enfant au grand-père."

" Cela vous a attiré un public hors de la scène metal, je suppose."

" Tout à fait mais ce n'était pas le but. Les roumains sont fiers que nous jouons de la musique traditionnelle. En Europe de l'Est, le folk-metal marche bien. Nous ne sommes pas folk metal mais y sommes souvent associés."

" En Roumanie, quel est le style de metal qui prédomine ?"
" Il y a du folk-metal, du heavy metal, du black-metal avec des côtés traditionnels. Il y a aussi une vague metal moderne surtout en Transylvanie."

" Vous avez baigné dans la musique traditionnel ?"

" Oui, du temps du communisme, à fond. Et puis avec le bassiste j'ai joué dans des mariages donc c'était le style de musique que l'on jouait."

" Vous avez enregistré cet album en Roumanie ?"

" Oui. Le mastering, lui, a été fait aux Etats-Unis mais par un producteur français. J'habite en France. Les autres habitent en Roumanie, au Nord Ouest du pays, à Cluj, près de la frontière avec la Hongrie et l'Ukraine. On répète via Skype. "

" Vous chantez en Anglais et Roumain."

" Oui et aussi en Hongrois et en Serbe. En 2010, on a fait une reprise de Bregovic qui est Serbe. Certains passages metal ne passeraient pas en roumain donc on utilise l'Anglais."

" Vous avez de très bons retours en France. C'est du fait de l'amitié franco-roumaine ? "

" J'organisais des festivals ici. On a plus de chroniques en France qu'en Roumanie. Il y a une tradition de l'amitié franco-roumaine qui remonte au 19 eme siècle. Ca colle bien avec l'esprit latin."

" Il y a eu un split à un moment du groupe."

" Oui, quand je suis venu m'installer en France. Dès que cela a été possible de recommencer le groupe, on l'a fait. Je fais le maximum pour être sur toutes les tournées. J'enregistre les maquettes à la maison et les envoie aux autres musiciens."

" Le public metal est ouvert à votre musique pourtant pas purement metal."

" En France, le public est plus éclectique qu'ailleurs. En Allemagne, le mec qui écoute du black-metal n'écoutera que cela. Pour toutes les tournées européennes que l'on a fait ca s'est toujours bien passé. La musique tzigane est joyeuse et festive. Tous nos concerts se terminent toujours en grosse fête."

" Quel metal écoutez-vous ?"

" J'ai été très influencé par la scène néo metal, System of A Down, Tool, Korn. Pour les parties synthés, j'ai été très influencé par Nine Inch Nails. J'aime aussi beaucoup Faith No More. Il y a des choses que j'aime mais qui ne m'influence pas forcément comme Gojira."


" Vous avez joué récemment en Angleterre"

" Oui, c'était la première fois. C'est le pays où nous avons le plus de fans et n'y avions encore jamais joué. Il y a une grosse communauté roumaine en Angleterre. On jouera aussi en France. La plupart du temps avec l'Orchestre. On va jouer le 24 Mars à Lyon puis à un festival roumain aux Deux Alpes, puis à Grenoble, Paris et Lille. Dix dates sur vingt cinq de la tournée Européenne seront avec l'Orchestre. Cette année, c'est la saison culturelle France-Roumanie, ça colle bien."
 
Critique : Pierre Arnaud
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