Interview

PORN (2020) - Mr Strangler (Chant)

Porn conclut aujourd'hui la trilogie centrée autour du personnage de Mr Strangler avec un « No Monsters In God's Eyes, Act III » d'excellente facture. Un disque passionnant qui termine l'histoire de ce serial killer hors norme. Rencontre à Paris avec Philippe Duchemin aka Mr Strangler.

« Cet album conclut la trilogie de Mr Strangler. Triste d'abandonner ce personnage ? »


« Oui et non. On est heureux d'avoir conclu cette trilogie. Il y a bien sûr également un peu de tristesse à l'idée de laisser ce personnage mais c'est bien aussi d'en finir, de ne pas être asservi à lui. Maintenant on passe à autre chose. »

« Comment Mr Strangler se fait prendre à la fin ? »

« On découvre ça dans le dernier clip qu'on a fait qui est un clip d'action. Il a d'abord réussi à s'évader puis se fait rattraper avant d'être amené à la chaise électrique. »

« Quelle est la thématique principale du disque ? »

« Celle de l'enfermement. L'idée était de créer une ambiance où Mr Strangler est résigné. Il accepte l'idée de sa mort même s'il y a des soubresauts d'espoir. C'est pour cela que musicalement il y a des côtés éthérés qui soulignent ce mélange d'espoir et d'acceptation. »

« Visuellement les tons sont similaires, d'un album à l'autre, très sombres. »

« Les artworks des singles sont sombres également même « A Lovely Day » dont le titre est pourtant joyeux. »

« Musicalement cet album est encore plus new-wave que le précédent. »

« Dans la compo il est très rock mais l'ambiance est new wave, c'est vrai. J'écoutais beaucoup « Wish you were here » et « The Wall » de Pink Floyd durant le mix de cet album. Pink Floyd est très mélancolique mais étrangement ce n'est pas ce que les gens retiennent de ce groupe. L'ombre du Floyd plane sur ce disque. »

« Tu continues d'aimer Cure ? »

« Je cite moins la new wave parce que j'ai beaucoup écouté Pink Floyd ces derniers temps mais la patte Cure a toujours été là, bien sûr. »

« Que représentent les clés sur la pochette ? »

« La symbolique de l'enfermement mais aussi la clé de l'éternité. L'idée de l'évasion, de fermer la cellule. De fermer la trilogie, aussi bien sûr. »

« Le son du disque est très US. »

« On a bossé avec Brian Lucey. Avant on avait travaillé avec Tom Baker qui est très ancré années 2000. Brian a travaillé avec des groupes très récents. Il a une approche très contemporaine du son. On a eu la chance que Brian ait le temps et l'envie de bosser avec nous. On a fait trois albums en trois ans avec le même matériel ce qui nous a permis de progresser au niveau du son. Je trouve les voix meilleurs sur ce disque que sur celui d'avant. »

« Tu t'es imprégné de Mr Strangler durant cette trilogie ? »

« Quand j'étais plus jeune, je lisais des interviews d'acteurs qui parlaient de leur implication dans un personnage. Je me suis pris dans le personnage de Mr Strangler mais n'ai jamais été Mr Strangler. Cette trilogie marche bien parce que les gens s'approprient ce bonhomme. Je suis assez éloigné de Strangler mais je lui dois beaucoup. Il nous a ouvert beaucoup de portes. Après l'album, il y aura toute une série de remix avec notamment le batteur de Nine Inch Nails. Strangler nous a apporté tout cela. »

« Tu pensais faire une adaptation BD de la trilogie. C'est toujours à l'ordre du jour ? »

« On avait commencé à bosser dessus. Le dessinateur avec lequel on avait le projet est surbooké. On pense à faire de petites nouvelles ou une série télé autour de Mr Strangler. Ce truc aura sa propre vie, c'est sûr. »

« Tu n'as plus d'intérêt pour les serial killers ? »

« Ce sont des marginaux par essence. Ce sont souvent des pauvres types pas très intéressants. Richard Ramirez l'est mais il y en a d'autres très méprisables comme Ted Bundy. Pour certains le meurtre est accessoire. »

« La terminolie étant terminée quelles seront les prochaines thématiques sur lesquels tu vas bosser ? »

« La suite sera une thématique sur les marginalités. Une suite en deux albums. Ce sera une histoire autour d'un cirque itinérant qui fonctionne comme une secte. Les morceaux sont déjà quasiment tous faits. Le mix sera fait par Chris Vrenna de NIN. Les morceaux seront plus pop et lui amènera un côté rock indus. Humainement, c'est un plaisir de travailler avec lui. Le mec est adorable. »

« Si tu ne devais choisir qu'un morceau du disque pour définir l'album. »

« C'est dur à dire. Je pense « Dead in Every Eyes ».

« Quelle serait la devise de Porn pour 2020 ? »

« De profiter au maximum parce que la vie n'est qu'un aller simple. Il n'y a pas de retour et le temps passe vite comme le décrit si bien le morceau « Time » de Pink Floyd. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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