Interview

VOICES (2022) - Sam Loynes (Guitare)

Avec « Breaking The Trauma Bond » les Londoniens de Voices ont sorti l’un des tous meilleurs albums de 2021. Expérimental et audacieux, leur style mélange black/death et sonorités post/punk pour un résultat d’une inventivité rare. Entretien avec le guitariste du groupe Sam Loynes.

« Quelle était votre intention avec cet album comparée à celle des trois disques précédents ? »

« Il a été naturel de se retrouver et de composer ensemble en ces temps compliqués de pandémie. Nous voulions faire un nouvel album. Cela s’est fait d’une manière différente d’ordinaire mais toujours avec le même but à l’horizon. »

« Est-ce du fait de la pandémie que l’album est aussi long : plus d’une heure de musique et seize morceaux ? »

« C’est possible. En même temps, nous avons toujours fait de longs albums. Notre deuxième disque « London » dure une heure pile. Ce nouvel opus est un travail collectif. Chacun a composé pour l’album. »

« Vous travaillez de quelle façon dans Voices ? »

« Chacun amène des idées. On regarde avec les perspectives que chacun apporte. On s’assied et on discute. »

« London » était un concept-album. Celui-ci en est-il un ? »

« Non. Nous avions pensé « London » comme quelque chose de narratif. La vie a changé avec la pandémie. On a construit quelque chose d’abstrait pour ce disque, quelque chose d’expérimental en fait. Cet album est plus abstrait que ce que nous faisons d’ordinaire. »

« Les morceaux parlent-ils de folie ? »

« Je ne voudrais pas que cela sonne cliché mais j’aime le fait que chacun puisse se faire sa propre interprétation de nos chansons. Cela parle de psychologie mais c’est ouvert dans l’interprétation. »

« Vous êtes très impliqués dans la lutte contre les maladies mentales. »

« Oui nous travaillons avec notre label en faisant notamment des tee-shirts pour aider les gens dans cette lutte. C’est important de soutenir des causes positives. C’est même quelque chose de nécessaire. »

« C’est très difficile de vous définir musicalement. Est-ce que vous vous considérez comme un groupe metal ? »

« Absolument. Nous aimons tous le metal dans le groupe. Nos racines sont metal. Nous aimons le death old-school, le vieux black (nous adorons Emperor), le vieux trash : Megadeth ou les premiers Metallica…Nous voulons être considérés comme un groupe metal. »

« Pour toi, vous n’êtes pas, malgré la complexité de votre musique, un groupe de metal avant-gardiste ? »

« J’aime ce terme. Peut-être moins qu’autrefois néanmoins. Je comprends que l’on puisse nous cataloguer ainsi. La structure de nos morceaux est complexe. »

« Il y a aussi un aspect post-punk évident dans ce que vous faites. »

« Oui. Nous aimons le post-punk, nous en écoutons. Il y a une grande histoire du post-punk à Londres. C’est normal que cette musique nous ait marquée. »

« Je trouve qu’il y a une grosse influence Killing Joke aussi. »

« C’est clair. Un ami m’a dit récemment « vous êtes un groupe black metal Joy Division. » Je l’ai pris comme un super compliment. Peter et moi-même aimons beaucoup la new-wave et la cold-wave. Nous sommes fans de Gary Numan. »

« Il y a quelque chose de très cinématographique chez Voices. »

« London » était très cinématographique. J’ai pensé ce nouvel album en partie comme une bande originale de film. J’aime les grandes orchestrations. Ce côté orchestration influence de plus en plus notre musique. »

« Je sais que tu es fan de Lynch. « Breaking the Trauma Bond » est-il un album lynchien ? »

« Cela n’a pas été intentionnel. « London » était très influencé par Lynch. « Lost Highway », « Mulholland Drive » sont des films qui influencent ma création. J’essaie dans ce que je fais de rendre hommage à Lynch. »

« Quel est le label sur lequel vous êtes signés, Church Road Records ? »

« Church Road sort plein de choses différentes en metal. C’est un super label avec de très bons artistes. On se connait avec les gens de ce label depuis des années. »

« Vous avez eu de très bons retours sur l’album. »

« On avait déjà reçu beaucoup d’éloges à l’époque de Akercocke, le groupe que nous avions avant Voices. Mais oui c’est toujours incroyable d’avoir ces retours. Cela fait très plaisir. »

« Est-ce que tu penses que le groupe peut devenir encore plus important ? »

« Je ne sais pas trop. Notre fan-base grossit c’est vrai. Mais nous sommes un groupe underground. Devenir un plus gros groupe nous plairait bien sûr, mais je pense que nous resterons toujours quelque part un groupe underground. »

« Voices était-il la continuité logique de Ackercoke, notamment aux débuts du groupe ? »

« Au début, Voices n’était, ni plus ni moins qu’une extension de ce groupe. Akercocke était de moins en moins actif au fil des années et nous avons alors décidé de fonder un nouveau groupe : Voices. A partir de « London », Voices est devenu très différent de ce qu’était Ackercocke. Un nouveau chapitre s’est ouvert à ce moment-là. »

Tu es dans d’autres groupes que Voices. Est-ce que ces groupes sont toujours actifs ?

« C’est toujours difficile de mener plusieurs projets en même temps surtout depuis la pandémie. Mais oui je poursuis mes autres projets : Shrines qui mélange une influence Gojira et une autre Killing Joke. Et je travaille toujours beaucoup pour The Antichrist Imperium. Il devrait y avoir un nouvel album du groupe cette année, chez Apolalyptic Witchcraft. »

« Est-ce qu’il va y avoir des concerts de Voices bientôt ? »

« On l’espère. On est en train de booker des concerts. On croise les doigts. On doit jouer au Brutal Assault et au Metal Days. J’adore le Brutal Assault. C’est un super festival et les gens y sont adorables. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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