Interview

« Les Retranchements » premier EP des Montpellierains de Silhouette est un très bon disque de black atmosphérique. Inspiré et audacieux ce disque montre un groupe qui risque d’aller loin. Entretien avec Achlys initiateur du projet.

« Tu as fondé Silhouette il y a deux ans. Quel était le projet par rapport aux autres formations dans lesquelles tu es en même temps ? »

« Silhouette était mon projet solo. Je fais tout le temps le même rêve ou le même cauchemar avec une femme au loin qui est comme une silhouette blanche. Silhouette représente quelque chose de vaguement humain, d’errant. Cela représente la dualité entre la violence d’une part et un côté maternel de l’autre. »

« Tu es toujours dans tes autres groupes ? »

« Je suis toujours dans Eternal Hunt, black metal classique avec des touches modernes qui ressemble assez à Mgla. J’ai quitté un autre groupe dans lequel j’étais encore il y a peu. Eternal Hunt a sorti un EP qui est sorti en physique et digital. »

« Silhouette ton nouveau projet est black atmosphérique. »

« C’est le genre que j’écoute le plus. J’aime le black aérien comme le post hard-core et j’ai mélangé les deux. J’avais besoin d’une voix féminine pour le côté envoûtant. J’ai contacté Ondine qui était dans Bovary pour savoir si elle ne voulait pas rejoindre Silhouette. Il y avait aussi la volonté que Silhouette soit un projet pour le live. »

« Tu voyais Silhouette comme un one-man band à la base. »

« Oui mais j’avais besoin d’un chant féminin. Du coup j’ai ouvert le groupe. J’avais besoin d’un groupe pour les concerts. »

« Qui est au chant masculin ? »

« On a eu un premier chanteur. Yharnam nous a rejoint après cela. Il écrit les paroles avec Ondine. »

« Tu viens du black ? »

« Je suis venu progressivement au metal. J’ai écouté Maiden, Rammsteim mais il me fallait quelque chose de plus intense. Le black, Mayhem, Burzum m’a attrapé puis la vague française m’a ensuite beaucoup plu : Peste Noire, Deathspell Omega, Blut aus Nord qui est, encore aujourd’hui mon influence principale. »

« Il y a un côté très mélodique chez vous. »

« C’est vrai. On s’éloigne même du black atmo. Le chant est souvent au second plan dans le black. Je voulais le mettre en avant sans que cela ne devienne pour autant symphonique. On reste dans quelque chose de froid et organique. »

« Tu as enregistré l’album en home-studio ? »

« Cela a été fait à la maison. Frédéric Gervais qui a bossé sur Griffon, Aorlhac a bossé sur le disque. On lui doit beaucoup. »

« Le projet est allé assez vite. »

« 2019 a marqué l’étape où Silhouette est devenu un groupe mais les choses étaient déjà prêtes. Le projet est ambitieux même si Silhouette restera quelque chose d’intime. A terme le groupe deviendra de moins en moins accessible avec des temps plus durs et sombres. »

« Cet EP dure 35 minutes. C’est presque un album. »

« C’est vrai qu’on peut le voir comme un 33 tours. Pour l’album on fera quelque chose avec un fil rouge. Là ce sont des successions de titres. »

« Ton EP est sorti chez Antiq. »

« J’aime les productions de ce label. Tous les groupes qui sont chez eux ont une singularité. Tu n’écouteras jamais le même groupe sur ce label. Cela s’est fait très vite avec eux. Cela se passe très bien entre eux et nous. On sortira également notre album chez eux. »

« Le EP est sorti en Digipack ? »

« Oui on a fait quelque chose de très intime. Toutes les paroles ont été écrites à la main. On est très fiers de l’objet. Ondine est graphiste. Elle a fait le logo, la pochette. Elle a tout dit à travers cette pochette. »

« Les paroles sont en français. Pourquoi ? »

« Avec le français on peut exprimer vraiment ce que l’on veut. Ondine et Yharnam disent des choses qui leur sont personnelles et le français était nécessaire pour cela. Le Français est, qui plus est, une belle langue. »

« C’est l’émotion que tu veux faire passer avant tout ? »

« Silhouette a un ancrage dans le black. Il y a la haine mais aussi la tristesse. La vie est noire mais pas que. Il y a dans Silhouette des percées de nuage. La morale est-ce bien ou mal ? Silhouette vient répondre à ces interrogations. »

« Il y a des concerts prévus ? »

« On veut en faire. On jouera en tenues pour gommer les traits de chacun d’entre nous. On aurait voulu un anonymat total mais à l’heure des réseaux sociaux c’est difficile. »

« Tu as déjà composé le futur album ? »

« Pas entièrement. Celui-ci sera centré sur le côté sombre de la silhouette. Il y aura quelque chose de plus lourd et de moins aérien même s’il restera un aspect mélodique. Les groupes vont en général vers des choses plus apaisées, c’est le contraire pour Silhouette. »