Interview

LES 3 FROMAGES (2022) - Groupe

Quinze ans après sa formation, les Trois Fromages sont devenus l’un des groupes référence du rock’n’drôle français aux cotés des Fatals Picards ou d’Ultra Vomit. Leur style a évolué avec les années, moins ouvertement punk et plus pop/rock. Leur nouvel album V est encore une réussite, un vrai bon disque de rock’n’roll qui en plus fait rire. Entretien.


« Le groupe existe depuis plus de quinze ans. Vous pensiez à vos débuts que cela durerait aussi longtemps ? »


« Au début c’était juste de la rigolade. On était à Quiberon, la Californie de la Bretagne. Nous avions d’autres groupes à côté et un jour un bar nous a demandé de jouer pour la fête de la musique. Il nous fallait cinq, six chansons et faire un set. On a mangé une pizza et on a trouvé le nom du groupe : les trois fromages. On ne pensait pas du tout à faire carrière mais on voulait faire les choses bien. »

« Le public a suivi très vite. »

« Oui il est là depuis un bail. On avait créé une communauté Myspace qui est restée très fidèle. »

« Les influences au début c’étaient Blink 182, Green Day ? »

« Oui les deux premiers albums sont très punk californiens. Et très débiles pour les paroles, aussi. »

« C’est à partir de votre disque précédent qu’il y a eu un tournant vers un style moins ouvertement punk. »

« On a évolué en grandissant. Attention on écoute encore du punk tous les jours mais on a envie d’écrire d’autre chose qu’à nos débuts. On aime évoluer entre différents styles. On a envie de sortir des sentiers battus. »

« Vous allez dans d’autres directions musicales. »

« Oui même si on évolue toujours dans un environnement de rock enragé. »

« Il y a toujours de l’humour mais cela ne doit pas faire oublier que vos morceaux sont de purs morceaux rock. »

« Oui c’est un album rock incontestablement. Il y a un clavier dans ce disque qui ouvre des portes. Il y a aussi des solis de guitare dans le disque qui sonnent très rock. »

« Il y a des sonorités bretonnes sur ce disque. »

« Cela nous fait plaisir. Il y a cette petite tradition dans chacun de nos albums. Ca marche à chaque concert. Il y a des gens qui jouent des instruments traditionnels sur le disque. On aime ces partages avec d’autres musiciens. »

« Vous vous moquez toujours gentiment. »

« On a parodié dans le passé Fauve ou Maitre Gims mais ce sont des artistes que l’on aime bien. On parodie, mais jamais méchamment. C’est toujours fait avec bienveillance. »

« Est-ce que le rock n’est pas estampillé trop intello en France ? »

« On passe dans les émissions de France Inter mais dans celles consacrées au fromage. Un jour on nous a dit qu’il fallait choisir entre rock et humour, mais non. C’est discriminant de penser qu’il y aurait du rock « sérieux » et du rock pour les masses. »

« Vous écrivez vos morceaux comme des sketchs ? »

« Cela dépend. On prend des sujets qui vont durer dans le temps. On ne peut pas parler de sujets d’actu car ce serait daté au moment de la sortie du disque. Dans le nouvel album on parle de sujet sérieux comme le réchauffement climatique ou les violences conjugales. »

« La production du disque est riche. C’est drôle mais fait avec sérieux. »

« C’est ça. C’est validé, ça part en production (rires).

« L’idée à la base n’était pas de faire du Ultra Vomit ?»

« Pas du tout même si on a bien sûr fini par les connaitre en jouant sur scène. Des gens nous comparaient aux Fatals Picards mais on ne les connaissait pas non plus. Sur notre album précédent on voulait faire une parodie de Rammstein. Ultra Vomit l’a faite sur le leur donc on a évité. »

« Il y a un public pour tous ces groupes, une vraie scène autour d’eux. »

« On a un public, c’est sûr. Cette scène existe et marche bien. C’est comme celle du punk français avec Tagada Jones. Les gens vont aux spectacles de stand-up. Ca marche et c’est tant mieux. Avec des groupes comme nous les gens font la fête, décompressent. Les Fatal Picards font dix Olympia sans même passer à la radio. »

« Cet album n’est pas un concept-album sur l’empire romain vu les costumes que vous arborez dessus ? »

« Pas du tout. On a juste épuisé les jeux de mots sur les disques précédents. On a travaillé avec un photographe sur cette idée. Pour les affiches de concert ça jette bien, ces costumes romains. »

« Durant votre carrière vous avez sorti le fameux DVD live à Quiberon. »

« C’était un challenge. Cela jouait sur la nostalgie car on trippait tous sur les Dvd live, de Blink à Pennywise. Il y a des gens, encore aujourd’hui, qui nous disent qu’ils n’écoutent que ce live. »

« Vous jouerez à Paris bientôt ? »

« Oui le 19 Mai prochain à la Maroquinerie. On a 35 dates de calé au total. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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