Interview

GONEZILLA (2022) - Darken Rahl (Guitare)

Les Lyonnais de Gonezilla ont sorti il y a peu leur deuxième album. « Aurore » est un disque inclassable entre doom et folk, black et prog. Un très beau disque, un album mystérieux, sombre et lumineux à la fois. Entretien avec Darken Rahl, guitariste du groupe.

« Ce nouvel album arrive six ans après « Chimères ». Pourquoi a-t-il fallu attendre aussi longtemps pour voir un successeur à ce disque ? »


« On a quand même fait un EP de quatre titres entre les deux. EP que nous avons sorti juste avant le premier confinement. Après « Chimères » on a fait pas mal de live. Et puis il y a le fait que cela a été un peu laborieux d’avancer avec notre ancienne chanteuse. On s’est aperçu au bout de quelques mois que l’on était arrivé au bout d’un truc avec elle. »

« Il y a d’ailleurs eu un double changement dans le groupe : chant et batterie. »

« Notre ancien batteur a mis en pause la musique. Il est parti sans qu’il y ait divergence musicale entre nous. On a pris le batteur de l’autre groupe de notre nouvelle chanteuse, Octavus Lupus. Il vient du black et nous a rejoint fin 2021. »

« Est-ce que le changement de chanteuse a fait évoluer la musique de Gonezilla ? »

« L’esprit instrumental s’est affiné mais il n’a pas trop changé. Le chant lui, en revanche, a pas mal changé. Karen nous a permis d’accéder à ce que l’on cherchait. »

« Il y a un côté folk-metal dans le disque. »

« Nous sommes sur des influences diverses. Karen vient du lyrique mais n’a pas mis ça dans son chant. Les contrastes entre sa voix et celle de Florent fonctionnent bien. »

« On vous classifie souvent doom mais vous n’êtes pas que cela. »

« Nos influences dans le doom vont de Draconian à Candlemass, ce qui est large. Notre côté doom vient du côté lent et lourd de notre musique. Dans le style, on serait plutôt du côté doom mélodique. Nos influences sont très diverses. Elles vont de Draconian à Paradise Lost en passant par la cold-wave de Cure ou Joy Division. »

« Il y a aussi une influence black dans le disque. »

« C’est vrai. On veut souvent classifier les groupes dans le metal. On a joué récemment à Nantes avec Maudits et Lux Incerta qui sont comme nous assez inclassifiables. On a des points communs avec ces groupes à ce niveau-là. »

« Votre album est très long. Une heure dix. »

« Déjà, il y a le style qui veut ça. Et puis on voulait installer les ambiances. Il y a une petite influence prog à la Pink Floyd qui fait que les titres durent. On voulait un truc cohérent. On ne s’amuse pas à étirer les morceaux pour les étirer mais pour créer des atmosphères. »

« C’est quasi un double-album en fait. »

« On s’est dit on va faire une grosse pièce. On avait visé une heure. Finalement l’album fait un peu plus. »

« Vous chantez en français depuis vos débuts. »

« C’est un choix. J’avais envie de mettre notre langue en valeur. »

« Sur le premier album tous les textes étaient écrits en vers. C’est aussi le cas sur celui-ci ? »

« Non. Sur celui-ci certains textes sont écrits en vers mais pas tous. »

« La pochette possède également cette dimension poétique. »

« C’est un tableau de John William Waterhouse datant de 1903. C’est Ekho et Narcisse qui se regardent. »

« Le titre de l’album « Aurore » est-il une référence à Ekho et Narcisse ? »

« Non, c’est une référence à la mythologie et à Nietzsche. »

« Votre album peut plaire à un public non metal je trouve. »

« C’est possible. Il y a une mélancolie dans ce disque qui rend le produit atypique. On retrouve des influences, bien sûr, mais c’est assez à part. On assume cela. Le disque peut être déroutant par rapport à ça. »

« L’album est sorti fin avril. Il y a des dates de concerts prévus ? »

« On va jouer à Lyon avec un groupe de doom-gaze, à Lille le 10 Juin et on espère le lendemain en Belgique. On jouera aussi au Klub à Paris. C’est compliqué pour les dates avec tous les reports qui se sont succédés avec la pandémie. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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