Interview

NIGHTFALL (2023) - Efthimis Karadimas et Fotis Benardo

Nightfall fait partie avec Rotting Christ et Septicflesh des groupes majeurs de la scène grecque. Trente ans de carrière, des disques devenus des classiques et un dernier album superbe « A Night We Prey ». Entretien au Hellfest avec le toujours délicieux Efthimis Karadimas et son batteur Fotis Benardo.

« A night we prey » votre dernier album est sorti il y a deux ans et demi. J’imagine que vous travaillez sur un nouvel album ? »


« Tout à fait. Nous sommes en phase de pré-production. Nous espérons sortir l’album l’an prochain. Nous l’enregistrerons dans le studio de notre batteur qui est le studio où enregistrent habituellement Rotting Christ et Septicflesh. »

« A night we prey » est un superbe disque. Tout le monde ne vous imaginait pas à ce niveau. Cela a été une victoire pour le groupe de sortir un aussi bon album ? »

« Absolument. Après une si longue carrière nous avons encore des choses à prouver. Nous travaillons dur pour faire à chaque nouveau disque un meilleur album. Nous avons un super line-up actuellement avec de supers musiciens, un line-up stable, qui plus est. »

« C’est le meilleur line-up de l’histoire de Nightfall ? »

« Le plus mature en tout cas. Nous sommes très proches les uns des autres. Nous avons une super bassiste. Notre section rythmique est très forte au niveau du groove. »

« Il y a un truc étrange chez les groupes grecs : vous êtes plus ouverts que dans le genre dans lequel vous évoluez : Rotting Christ, par exemple, n’est pas un pur groupe black, vous, vous n’êtes pas un pur groupe death. »

« C’est vrai. C’est parce que nous sommes fans de musique. Nous écoutons plein de choses et nous les mélangeons. Nightfall a plus de mélodies que la plupart des groupes death. Et nous écrivons des paroles qui ne sont pas du style « tuons tout le monde » comme dans le death. C’est pour cela que nous nous sentons bien chez Season of Mist qui est un label très ouvert musicalement. »

« A night we prey » était un disque qui parlait beaucoup de la dépression. Est-ce pour cela que votre musique est si émotionnelle ? »

« Absolument. C’est un disque fait avec émotion donc c’est logique que cela se ressente. »

« Tu penses que cet album a permis à des gens de se sentir mieux ? »

« Oui, je voulais que l’on arrête de stigmatiser les gens en dépression. On parle de ces gens aux Etats-Unis comme de gens toxiques, c’est honteux. Être toxique c’est en réalité être une personne qui combat contre ses démons. La société devrait aider les gens qui ont des problèmes, pas les stigmatiser. »

« Tu as toujours combattu contre la stigmatisation. Il y a plus de vingt ans vous aviez sorti un album « Lesbian show ». C’était rare à l’époque de parler de lesbiennes dans le metal. »

« C’est vrai. Nous voulions parler des stéréotypes qu’il y a dans le metal. Je voulais exprimer la connexion que nous avions, nous les metalleux, à être montrés du doigt parce que nous avons les cheveux longs avec les gays et lesbiennes qui étaient, eux aussi, stigmatisés. C’était rare de faire un disque sur la communauté LGBT à l’époque. »

« Est-ce que tu as pour ambition de faire sur chaque album passer un message ? »

« Oui. Nous ne faisons pas une musique mainstream. Nous ne faisons pas de la pop donc il est nécessaire de faire passer un message. »

« Tu dis cela mais le metal est parfois devenu gentil et commercial. »

« Oui, tu as raison malheureusement. »

« C’est pour cela que votre musique est excitante car elle conserve un côté dangereux. »

« Cela fait plaisir à entendre. »

« Season of Mist a ressorti il y a deux ans vos premiers albums. J’imagine que cela vous a fait plaisir ? »

« Cela a été vraiment super. Nous avons récupéré les droits auprès de Holy Records. Nos nouveaux fans ont pu ainsi découvrir ces disques. »

« Le monde de la musique est devenue très compliquée mais vous avez réussi à faire vivre un groupe trente ans durant. Ce n’est pas facile. »

« C’est vrai mai nous avons réussi grâce aux fans de metal qui sont des collectionneurs. Nous le sommes nous-mêmes. Nous avons Spotify bien sûr mais achetons des disques. Un album est une œuvre d’art. Tu ne la vends pas ou en tout cas tu ne dois pas la vendre comme une bouteille d’eau. Un jour nous disparaitrons mais nos disques seront toujours là, pour l’éternité. »

« C’était la première fois que Nightfall jouait au Hellfest. »

« Absolument. Cela a été incroyable. Nous avons reçu de supers messages. Il y avait des kids qui n’étaient même pas nés à l’époque de notre premier album. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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