Interview

NOSTROMO (2023) - Groupe (Complet)

Le retour de Nostromo il y a sept ans avait été un retour gagnant. Le groupe a depuis sorti un nouvel album « Bucéphale » publié l’an dernier que l’on peut légitimement considérer comme l’un des meilleurs albums de metal extrême de 2022. On a rencontré le groupe lors de leur récente tournée européenne au Tyrant Fest.

« Quand vous êtes revenus en 2016 c’était juste pour un anniversaire, c’est cela ? »


« C’était pour le mariage de notre ex-batteur. Quand nous avons splitté cela s’était mal passé. D’ailleurs cela s’est de nouveau mal passé avec lui mais c’est de l’histoire ancienne. »

« Vous avez sorti des EP à votre retour avant de faire un album. Pour vous tester ?»

« Ce n’était pas calculé. Le premier EP était dans l’idée de relancer la machine. Le second a vu l’arrivée d’un nouveau batteur. Cela a été un peu compliqué toutes ces périodes. »

« Bucéphale » votre dernier album n’est pas un disque grind-core genre dans lequel vous aviez jusqu’ici évolué. »

« On nous a souvent catalogué grind-core mais Jérôme est le seul membre du groupe très branché grind-core. On a des parties death et sludge. Nous écoutons plein de choses différentes. Nous ne vivons pas metal 24 sur 24. »

« Le côté death est d’ailleurs de plus en plus présent. »

« Jérôme est ultra-fan de Morbid Angel. Nous sommes plusieurs dans le groupe à adorer le death. Nous aimerions faire des morceaux un peu plus simples, plus lisibles dans le futur. »

« Bucéphale » était le cheval d’Alexandre le Grand considéré comme indomptable. C’est une métaphore de votre groupe ? »

« Il y a de ça. Bucéphale avait peur de sa propre ombre. Nous aimons cette vision humaniste du rapport à l’existence comme tu peux le trouver dans « Le Bonheur » d’Alain. »

« Votre musique est complexe. »

« Oui mais sans être intello. Conjurer a ce côté intello. Leur musique est ultra pensée. Nous sommes plus instinctifs. »

« Nostromo » a toujours été un groupe difficile à cataloguer. »

« On a plu à un certain moment au public hard-core. Des gens du black nous aiment bien. Les programmateurs ne savent pas où nous mettre. Au Hellfest cela a été le cas, par exemple. On devait jouer à la Warzone mais nous ne sommes pas un groupe hard-core. Ils ont pensé alors Altar, Valley ? Nous avons finalement joué sur la Altar. »

« En Suisse il y avait une belle scène « underground » à une époque. Vous en avez fait partie. »

« Nous sommes bien vus par les gens qui s’occupent de la culture au canton de Genève. Les choses bougent un petit peu. Il commence à y avoir une reconnaissance des musiques actuelles dans notre coin. Il y a vingt ans la scène « underground » était très uni en Suisse. A nos débuts tout se passait dans des salles auto-gérées, dans des squatts. Tout ça a disparu. »

« Vous êtes sur un label qui a la cote en Suisse : Hummus Records. »

« C’est un label qui a une belle image en Suisse, c’est vrai. On a envoyé les pré-prods de « Bucéphale » à des gros labels comme Nuclear Blast et le discours était « on est fans mais on ne vous prend pas. »

« Ce doit être pénible d’avoir ce statut culte mais de n’être pas plus gros. »

« Nous sommes un groupe respecté par les autres groupes mais nous devons tout refaire. Notre album « Bucéphale » a eu de supers retours mais si tu regardes les écoutes sur Spotify cela représente très peu. En plus les DA des maisons de disques regardent tout cela. Il y a un truc de placement de produit aujourd’hui qui fait que tu dois avoir plein d’éléments réunis pour que ça fonctionne. »

« Vous n’avez pas eu l’idée de faire quelque chose pour les vingt-cinq ans du groupe cette année ? »

« Nous n’y avons même pas pensé. En revanche nous voulons faire un truc pour les vingt ans de « Hysteron-Proteron » l’an prochain. Ce disque avait touché énormément de gens. On pense même faire un « Hysteron-Proteron 2 »

« Vous avez sorti assez peu de disques tout au long de votre carrière. »

« On est très longs. Nous avons tous des jobs à côté. On adore tourner mais on ne va pas faire 200 dates par an. On a néanmoins cette volonté de progresser. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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