Interview

20 SECONDS FALLING MAN (2024) - Groupe (Complet)

L’excellent groupe de post hard-core nantais Twenty Seconds Falling Man vient de sortir un très bon nouvel album, « Resilience ». Entretien avec un groupe qui s’impose disque après disque comme l’une des valeurs sûres du post hard-core hexagonal.

« Resilience » est la seconde partie du diptyque initiée par « Void ». C’est cela ? »


« Tout à fait. « Void » était comme un état des lieux de l’Humanité. De tout ce qu’il y a de plus sombre dans l’Humanité. « Resilience » en est la suite. Le disque est moins sombre que le précédent car cette fois il y a de l’espoir au bout du tunnel. Les dernières notes du disque reprennent celles du début du précédent pour montrer que la boucle est bouclée. »

« En même temps le climat du disque reste quand même sombre. »

« Notre musique l’est. Elle est cathartique. Cet album est quand même moins sombre que ne l’était « Void ». On joue certaines notes en majeur, ce qui n’était encore jamais arrivé. »

« On vous classe souvent comme un groupe de post hard-core. C’est une étiquette qui vous convient ? »

« Complètement même si les étiquettes c’est toujours compliqué. On ne veut pas se cantonner à un seul style. Il y a des éléments noise ou post-metal dans ce que nous faisons. Et un côté shoe-gaze dans le son des guitares. »

« Vous avez un côté plus punk que ne l’ont généralement les groupes post hard-core. »

« C’est vrai. Nous aimons beaucoup Cult of Luna mais nous n’avons pas ce côté froid. On aime beaucoup un groupe comme Metz. Nous apprécions les choses dissonantes. On s’inspire de Sonic Youth. On aime plein de choses dans l’indie-rock de Sonic Youth donc jusqu’à Radiohead. »

« En fait vous faites du post hard-core moins mental que ne l’est le genre en général ? »

« C’est cela. Le post hard-core est une musique introspective. On aime ça mais on veut aussi se détacher de cela. Offrir quelque chose de plus spontané et de moins fermé. Avec l’envie de partager nos émotions. »

« Le groupe existe depuis longtemps mais il y a eu une longue pause je crois. »

« Oui il a été fondé en 2008. Et effectivement il y a eu une longue pause avant que le Ferrailleur (salle de concert à Nantes ndlr) ne propose au groupe de se reformer pour les dix ans de la salle, en 2017. »

« Vous avez sorti deux reprises en quelques années, l’une de Cure, « A Forest » et l’autre de Moderat « A New Error ».

« On a instauré ce rituel de sortir une reprise entre chaque album et chaque EP. On aime reprendre des morceaux en y amenant notre propre esthétique. « A New Error » on l’a faite à notre sauce. On aime faire des reprises en ne se cantonnant pas au metal. »

« Vous avez confié le mastering du disque à Thibaut Chaumont. »

« On aime bien son travail. On a aimé ce qu’il a fait pour Perturbator notamment. Christophe Hogommat qui a enregistré et mixé notre album était en contact avec lui. »

« Le groupe sortait peu de choses à ses débuts et maintenant vous êtes dans un rythme plus soutenu. »

« On a accéléré la cadence depuis le confinement. Certains groupes ont souffert de cette pandémie. Pour nous cela a été l’inverse. Au début ce groupe avait surtout été fait pour le fun. Nous sommes devenus plus pros après. »

« Vos titres sont longs. C’est pour installer les atmosphères ? »

« Exactement. On aime installer les ambiances. On fait une musique introspective. Il y a besoin d’installer des climats. On fait malgré tout des titres plus courts que ceux d’Amenra ou de Cult of Luna. »

« L’album sort encore une fois en auto-production. Vous préférez être en auto-prod que sur un label ? »

« Nous sommes en auto-prod depuis nos débuts. Cela fonctionne bien comme cela. Nous ne sommes pas pour autant fermés à l’idée de bosser avec un label un jour. »

« Vous avez joué au Hellfest. Quelle expérience cela a été pour le groupe ? »

« Nous avons joué sur la Valley en 2022. Nous avons joué à 10 h du matin. Nous nous étions levés à 5, 6 heures du mat. C’était notre première grosse scène. On a en plus fait le Motocultor la même année. Deux supers expériences. »

« Vous venez de Nantes où il y a une très belle scène. »
« Oui il y a beaucoup de musiciens, d’artistes ici. Il se passe beaucoup de choses au niveau culturel. Le Hellfest crée un effet de stimulation pour les groupes, le Ferrailleur aussi. A Nantes il y a beaucoup de groupes et de très bons labels. »

« Qui a réalisé la pochette du disque ? »

« Jeff Grind. On bosse avec lui depuis l’EP 2. On voulait absolument du noir et blanc pour la pochette et un visage qui personnifie l’idée de la résilience. »

« Il y a des dates à venir ? »

« Oui dans le coin de Nantes puis ce sera pour la fin d’année et surtout 2025. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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