Interview

MONKEY3 (2024) - Boris (Guitare)

Cinq ans après « Sphere » les Suisses de Monkey 3 nous offrent encore un splendide album avec « Welcome to the Machine ». Au sommet de son art le combo nous enchante avec son prog/psyché. Entretien avec Boris guitariste du groupe.

« Ce nouvel album arrive cinq ans après « Sphere ». Vous l’avez voulu dans la continuité ou différent de celui-ci ? »


« Nous n’avons pas pensé à cela en composant le disque. Le concept de l’album est arrivé au moment où nous l’avons composé, avec cette dualité homme/machine. C’est pour cela que nous avons utilisé plus de synthés pour cet album. Au moment de la production en revanche cela a été pareil que pour « Sphere ». C’est la raison pour laquelle nous avons pris le même producteur. »

« Le titre de l’album « Welcome to the Machine » est un clin d’œil à Pink Floyd ? »

“Au début ça ne l’était pas. On voulait un titre accrocheur. Vu la logique de l’album on voulait que le titre fasse référence aux machines. On a pensé à ce titre mais on a aussitôt pensé que ça ferait de façon trop évidente référence à Pink Floyd. Mais étant donné que Pink Floyd est une influence depuis nos débuts on s’est dit : « allons-y. »

« Cette influence Floyd est encore plus évidente sur ce disque, je trouve. »

« On assume pleinement cette influence. A certains moments de l’album par petites touches nous rendons même hommage à Pink Floyd. »

« On vous classe souvent comme un groupe stoner. Pour moi vous faites plus du prog psychédélique. »

« Pour moi, nous faisons du rock. Il y a de grosses guitares saturées dans Monkey 3. On nous a catalogué de mille manières différentes et tout nous va. »

« Ce disque est-il un concept-album ? »

« Totalement. On a utilisé pour la première fois des batteries synthétiques. Cela était voulu car nous voulions exprimer cette idée de la machine. Nous avons aimé mélanger pour ce disque sons analogiques et synthés. »

« C’est un disque à la fois sombre et optimiste. »

« Il est pessimiste et en même temps plein d’espoir. Au final peut-être que l’Humain sera capable de retrouver une certaine cohésion. On peut trouver ça cliché mais peut-être même retrouver paix et amour. »

« Les morceaux ont un son qui amène vers quelque chose d’optimiste. »

« Cette lueur d’espoir est là. Il y a toujours de la lumière. »

« Le disque est très prog, je trouve. Prog dans le sens classique du terme. Il peut faire penser à Genesis ou King Crimson. »

« Cela fait plaisir que tu le vois ainsi. Si le disque peut plaire aux fans de prog on sera très contents. C’est vrai que nous allons dans cette direction alors que nous ne sommes même pas ultra fans du genre. Nous adorons Pink Floyd mais n’écoutons pas trop les autres groupes prog. Pour tout te dire mon groupe préféré c’est AC/DC. On est loin du prog. Mais c’est vrai que nous voulons ouvrir notre spectre musical vers le rock progressif. »

« Vous n’êtes pas des puristes du son analogique comme peuvent l’être certains groupes dans votre style. »

« C’est vrai mais en même temps tous les sons synthétiques que l’on entend dans l’album sont fabriqués par nous. Il y a un vrai travail de recherche. Nos compatriotes de Young Gods ont été une influence pour ce son synthétique. Eux font ça depuis mille ans. C’est un groupe précurseur qui a toujours suivi sa route. Ils sont là depuis toujours et sont extrêmement créatifs. Ils sont un exemple à suivre. »

« Vous vous êtes inspirés pour l’album de films comme « Solaris », « 2001 l’Odyssée de l’Espace » ou « 1984 ».

« Quand nous composons nous avons besoin de nous penser dans un lieu. Avoir des références littéraires ou cinématographiques nous est nécessaire. »

« Votre musique est très proche d’une BO de film. Vous n’avez pas envie d’en composer une ?»

« C’est un rêve que de composer un jour une BO. Vu que cela ne s’est pas encore fait nous avons décidés de faire cela par nous-mêmes en créant des disques qui soient comme des BO. »

« Vous existez depuis plus de vingt ans. Comment vois-tu l’évolution du groupe depuis vos débuts ? »

« Nous ne pensons jamais à cela. Nous composons la musique de la manière la plus honnête possible, en y mettant tout notre cœur. Tout ce que nous avons fait a permis d’arriver à ce que nous sommes aujourd’hui. »

« Votre musique est hyper structurée. A vos débuts vous composiez à partir de jams. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ? »

« Notre musique est de plus en plus réfléchie. On a toujours cherché à ne pas faire deux fois le même disque. A un moment nous étions peut-être arrivés au bout d’une méthode. On utilise encore les jams mais pour cet album peu de choses ont été laissées au hasard. »

« Votre titre « Icarus » est considéré comme l’un des meilleurs titres stoner de tous les temps. C’est une satisfaction pour le groupe ? »

« Cela fait plaisir bien sûr. Après c’est extrêmement subjectif de trouver que tel ou tel morceau est l’un des meilleurs de tel ou tel genre. En tout cas lorsque l’on joue ce morceau en live le public y prend toujours autant de plaisir et ça c’est cool. »

« Vous êtes chez Napalm. Comment vous sentez-vous chez ce label ? »

« On a un très bon rapport avec les gens de Napalm. C’est une relation qui fonctionne très bien. Ils nous ont fait confiance. Nous avons plaisir à travailler avec eux. Nous avons beaucoup de chance d’être chez Napalm. Ils nous permettent de faire la musique que nous aimons. Ils ont de très gros groupes. Nous, nous restons un petit groupe dans leur catalogue. Nous avons fait plein de choses clairement grâce à eux. »

« Le live est très important pour vous. »

« Oui, c’est important car c’est une communion. Le live c’est l’expression ultime de la musique. »

« Vous partez en tournée bientôt ? »

« On va jouer en Europe notamment en Belgique et Allemagne en Mai prochain. On a toujours beaucoup joué là-bas. Cet automne il y aura également d’autres dates dans d’autres pays. »

« Vous avez joué au Petit Bain à Paris en Novembre dernier alors même qu’il n’y avait pas même d’album à promouvoir. »

« Nous aimons être sur la route. Nous nous sommes pas mal enfermés pour le nouvel album. C’était cool de reprendre la route. »

« Vous jouez souvent en France. Vous y jouerez encore en Avril prochain pour le grand sludge festival organisé par Garmobonzia à Savigny le Temple et le lendemain à Colmar. »

« On adore jouer en France. Nous sommes francophones. La France est comme une deuxième maison pour nous. Et en plus le public français est un public très cool et particulièrement attentif. On aimerait jouer en France encore plus souvent. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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