Interview

IHSAHN (2024) - Ihsahn

Pionnier de la scène black metal norvégienne avec Emperor, Ihsahn nous a offert tout au long de sa carrière de sublimes albums. Le dernier en date, tout simplement intitulé « Ihsahn » mêle métal et musique symphonique. Entretien avec une légende qui s’avère être un être délicieux.

« Avec cet album qui comporte une version metal et une orchestrale tu as sans doute fait le disque le plus ambitieux de tout ce que tu as pu produire. »


« J’ai voulu faire avec ce disque ce que j’ai fait durant toute ma carrière : trouver une dynamique orchestrale. Mettre des éléments orchestraux m’apparaissait logique pour cet album. J’ai voulu explorer des émotions différentes. Et en offrant une version metal et une orchestrale on a une large palette d’émotions. »

« Dans la partie metal il y a déjà pas mal d’orchestration. »

« Tout à fait. La partie metal est très intense mais néanmoins orchestré. Dans la partie orchestrale il y a des passages calmes que tu ne trouves pas dans la version metal. Mais les émotions sont les mêmes. »

« Aujourd’hui les musiciens ont tendance à sortir des albums de plus en plus courts. Toi c’est le contraire. Si on écoute à la suite l’album metal et celui orchestral on a un très long temps d’écoute. »

« C’est vrai. J’espère que les gens l’écouteront en entier car il est pensé pour être écouté dans son intégralité. »

« On peut quand même n’écouter que la partie metal ou que celle orchestrale ? »

« Bien sûr ».

« Tu es autodidacte. Comment un autodidacte peut-il produire une musique aussi élaborée ? »

« Internet (rires). J’ai appris beaucoup avec Internet. »

« Emperor offrait déjà une musique complexe même si c’était du black. »

« Peut-être, je ne sais pas trop. Nous étions surtout des teenagers qui voulions nous amuser (rires). Dès que le guitariste amenait des riffs je pensais aux orchestrations, à faire l’opposé de ce qu’il amenait. La musique d’Emperor n’est pas très complexe mais contrastée. Comme Maiden ou Priest nous voulions fonctionner à deux guitares. »

« Tu as sorti tellement d’album d’Emperor à Ihsahn, évoluant musicalement et proposant toujours des choses nouvelles. »

« J’ai toujours voulu amener des choses nouvelles, c’est vrai. J’aime découvrir dans la musique des éléments nouveaux que je n’avais encore jamais vu auparavant. »

« Dans la partie orchestrale du disque tu sembles inspiré par des compositeurs comme John Carpenter ou Bernard Herrmann. »

« Oui eux ou John Williams. »

« Ce disque raconte une histoire ? »

« Deux histoires en fait. L’album raconte l’histoire de la journée d’un homme. La version metal suit un fil narratif alors que celle orchestrale raconte une autre histoire, parallèle, qui est révélée au protagoniste dans un rêve. »

« J’imagine que cet album t’a pris énormément de temps ? »

« Oui. Cela a représenté un travail colossal que de faire ce disque. J’y ai mis beaucoup d’énergie et cela m’a pris des heures et des heures de travail. Je suis fier du résultat. »

« Emperor continue de tourner. En revanche vous ne sortez plus d’albums. Tu penses qu’il y aura un jour un nouveau disque d’Emperor ? »

« Je ne pense pas. Cela nous va très bien de fonctionner de cette façon : tourner sans sortir de disque. Nous sommes très contents de faire aujourd’hui encore des live avec Emperor mais trouvons tous dans le groupe qu’il serait ridicule de sortir un nouvel album studio. »

« Vous jouerez au Hellfest cet été. »

« C’est toujours un plaisir pour nous que de jouer en France. Nous avons donné un concert cet automne à Rennes pour les vingt ans de Garmonbozia. Nous avions passé un très bon moment à cette occasion. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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