Live Report

ULI JON ROTH - Le Trabendo - Paris - 20/12/2018

 
Je ne sais pas comment vous avez prévu de finir l’année mais à titre personnel, le dernier concert de l’année fut un sacré cadeau. Uli Jon Roth fêtant 50 ans de carrière, on peut sans se tromper affirmer que c’est pas tous les jours que ça arrive. C’est d’autant plus rare quand le guitariste en question a… 64 ans. Vous faisiez quoi vous à 14 ans ? Uli lui, à 14 ans, il jouait « Apache » sur scène… Rendant à Hank Marvin la paternité assumée de premier Guitar Hero et grand-père de toute la scène guitaro-instrumentale qui s’en est suivie. On y a d’ailleurs eu droit dans la soirée, vu qu’il a vraiment pris le temps de traverser à peu près tous les chemins aventureux qu’une longue carrière lui a offert.

On se souvient souvent de lui à cause des 4 années passées dans Scorpions mais, sous son propre nom il a pris des chemins plus aventureux et ésotériques, mêlant un sweeping furieux à une musique aussi cérébrale que posée. Celui qu’on a à juste titre appelé « le Hendrix blanc » nous aura régalés donc de deux heures trente de concert, avec une pause au milieu et donc sans première partie.
Sur scène, il reçoit le concours de deux autres guitaristes dont la lourde tache est parfois d’harmoniser à la tierce ou à la septième par exemple, des phrasés tortueux et inspirés. Autant dire que le niveau sur le plateau était très haut. Les clavier, bassiste et batteur n’étant pas en reste. Loin de présenter un solo interminable, c’est bien d’un effort de groupe qu’il s’agit. Certes le-dit groupe n’est là qu’au service de la musique du maître. Mais c’est bien la musique qui guide et non le guitariste. Lui reste somme toute humble et discret, affable et gentil, content d’être entouré d’un public attentif et de musiciens talentueux, toujours dans l’échange et le dialogue. Seul moment « solo », le morceau : « Passage to India » proposé en début de deuxième set, pour ré-entrer dans le concert en douceur avant que son groupe revienne sur scène. Au fond, assurant la première partie de son groupe plus que démontrant son coté « patron soliste ».
Et donc, on se ballade toute la soirée entre classique du rock, métal inspiré made in 80’s, néo-classique ambitieux, rock 70’s ou 60’s. C’est beau comme une vie racontée à travers des sourires. Parfois il chante, parfois un de ses guitaristes, le clavier et le bassiste font des chœurs, tout cela à l’air tellement facile. C’est pourtant d’une complexité rare et raffinée. Pour faire simple dès qu’il commence à jouer, l’impression reste toujours la même, quel que soit le moment présenté. On se fait attraper, gentiment, par la main d’un monsieur qui nous fait découvrir son voyage par la seule élégance de son jeu.

Que ce soit des moments de Scorpions, du G3, ses souvenirs de début de carrière, un hommage à son frère Zeno décédé cette année en février, le guitariste allemand reste intemporel, limpide quel que soit le registre, jusqu’au final « All along the watchtower/little Wing », qu’il chante et joue en répondant à une question qu’on s’est tous posé un jour : « Comment ça sonnerait si Hendrix était encore en vie ? », sûrement un peu comme ça… Même si Uli Jon Roth, c’est beaucoup plus que simplement ça.
 
Critique : Thomas Enault
Date : 20/12/2018
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