Live Report

BEAST IN BLACK - MYRATH - Elysée Montmartre - 4/11/2019

 
Lundi 4 novembre l'Elysée Montmartre a démarré la semaine en beauté en accueillant deux groupes bien différents pour une date co-headline de leur tournée : Myrath et Beast in Black. Deux styles, deux réinventions du metal, deux origines, deux univers, et également dans l'ensemble deux publics différents, entre ceux qui étaient venus surtout pour les Tunisiens, et ceux qui s'étaient déplacés essentiellement pour les Finlandais.

C'est Myrath qui a ouvert le bal, et sur les chapeaux de roue, puisque le concert fut avancé d'une heure le jour même ; pas très pratique pour l'organisation, mais j'ai quand même réussi à atteindre le pit photo avant la fin du temps imparti des premiers morceaux, ouf. C'est une danseuse du ventre blonde aux yeux clairs qui fut en premier sur scène, avant d'être rejointe par les membres du groupe au milieu d'un décor des mille et unes nuits agrémenté de tapis, de poufs et de coussins. Le chanteur Zaher Zorgati, le guitariste Malek Ben Arbia, le claviériste Elyes Bouchoucha, le bassiste Anis Jouini et le batteur Morgan Berthet furent acclamés par la foule, et entonnèrent tout d'abord un titre de leur dernier album "Shehili", "Asl". Les morceaux suivants furent aussi issus du dernier opus, jusqu'au septième titre, "The Unburnt", et au huitième, "Tales of the Sand", pour un petit détour par leurs albums "Legacy" et "Tales of the Sand". Le set fit honneur au dernier album avec dix titres, mais aussi au reste de la discographie avec six titres issus des deux albums précédemment cités, et d'une reprise. Les jeux de lumières étaient plaisants et assez variés, dans les tons pastel, roses, jaunes, au milieu d'un peu de brume et de pas mal de rayons éblouissants et de quelques stroboscopes. Le son était plutôt bon, les balances correctes, et mention spéciale à la voix de Zaher aussi juste que sur album - ce qui mérite d'être relevé. Les déplacements des membres du groupes étaient plutôt dynamiques, même s'ils semblaient effectués d'une façon un peu mécanique à force d'être répétés soir après soir, le pianiste et guitariste Kevin Codfert a de temps à autre rejoint le reste du groupe pour quelques morceaux, et la danseuse est reparue cinq ou six fois tenir son rôle décoratif, avec une nouvelle tenue à chaque fois (Arturo Brachetti n'a qu'à bien se tenir). Mais c'est le chanteur, Zaher, qui animait le plus le concert, tantôt en français, tantôt en anglais, nous disant qu'il aimait "Game of Thrones", qu'on était chauds, qu'on était beaux, qu'on était sexy (sans nulle doute, surtout dans la fosse plongée dans le noir), il était extrêmement souriant et accorte, et n'a pas manqué de nous sortir un petit laïus comme quoi il faisait froid dehors, mais chaud dans leurs coeurs grâce à nos cris, avant de faire la promotion de la date de mars au Forum de Vauréal - où ils seront en tête d'affiche cette fois.
Pour la fin du concert, Zaher se changea et troqua son long gilet sans manches brodé et sa tunique irisée pour une djellaba beige toute simple, et s'assit sur une sorte de siège à porteur, qui fut élevé progressivement au milieu de la scène, au centre de rayons lumineux éclatants, tel un messie ou une divinité. Un final très visuel et plutôt réussi, pour conclure un concert de 17 chansons agréable, équilibré et dansant.

Setlist :
1) Asl 2) Born to survive 3) You've lost yourself 4) Dance 5) Darkness Arise 6) Wicked Dice 7) The Unburnt 8) Tales of the Sands 9) Mersal 10) Beyond the Stars 11) Lili Twil (reprise des Frères Mégri) 12) Nobody's Lives 13) Monster in my Closet 14) Believer 15) Endure the Silence 16) No Holding Back 17) Shehili

Changement total de plateau avec une toute autre ambiance, moins chaleureuse et plus sombre, enfin... Quoique... Pour la deuxième fois que je voyais la décoration scénique de Beast in Black, je n'avais pas moins de mal avec leurs crânes lumineux partout 100% pur plastique semblant venir tout droit du rayon Halloween de Jardiland, avec une réaction blasée de type "Ah oui c'est vrai"... Et pourtant dès que j'ai vu arriver le batteur, Atte Palokangas, en premier, avec sa bonne tête de gentil et l'air réellement content d'être là, j'ai déjà commence à changer un peu d'avis. Les autres membres l'ont rejoint rapidement : Anton Kabanen à la guitare, rescapé de Battle Beast (mais ne commençons pas avec les sujets qui fâchent), Kasperi Heikkinen à la guitare, Máté Molnár à la basse, et bien sûr Yannis Papadopoulos au chant. Je n'ai pas été dépaysée depuis leur date à la Maroquinerie le 3 mars puisqu'en sus des mêmes éléments de décors, nous avons aussi eu droit aux mêmes costumes, aux mêmes poses, aux mêmes jeux de scène, ainsi qu'à la même setlist à de toutes petites variations près : un titre de moins, un titre remplacé par un autre, et des changements d'ordre minime. Mais évidemment avec deux albums à leur actif, "Berserker" et "From Hell with Love", en 2017 et 2019, il est logique que la setlist ne soit pas bien surprenante. Comme le 3 mars, la chanson d'ouverture fut "Cry out for a Hero", suivie de "Unlimited Sin", de "Beast in Black", et de "Final Countdown"... hmm non pardon, "Eternal Fire", mais on s'y tromperait - pas que ce soit désagréable pour autant, au contraire, ce sont des accords qui parlent à mon côté amatrice de kitsch eighties décomplexé.
Entre deux chansons Yannis intervenait de temps en temps, comme pour mentionner leur dernière date parisienne justement, dans un club "small but cosy", qui avait fait salle comble. Même si ce n'était pas le cas lundi, c'était plutôt un bien, puisque la place supplémentaire permettant de circuler un peu, danser et se déplacer était bienvenue pour profiter du spectacle sans mourir de chaud ou être concassé entre ses voisins de droite et de gauche. Parce que ce qui a surtout changé pour moi entre le 3 mars et le 4 novembre, c'est l'ambiance, et mon appréciation très différente d'un spectacle pourtant digne de la deuxième image d'un jeu des sept erreurs ! Alors que le temps m'avait paru bien long à la Maroquinerie, les chansons un peu vides et attendues, et les mêmes expressions en boucle des musiciens lassantes, là j'en ai beaucoup plus profité, peut-être parce que je savais à quoi m'attendre, peut-être parce qu'un ami était dans la salle et qu'on n'a pas boudé notre plaisir à reprendre en choeur les "Ohohooooohohooohooo", les refrains, lever le poing et danser dans notre coin. Quatre jours après j'ai encore "Blind and Frozen" ou "Born Again" dans la tête et des bons souvenirs du concert en général, des musiciens qui m'ont inspiré beaucoup plus de sympathie, des lumières et des balances encore une fois très réussies - encore plus que pour Myrath selon moi. Anton a aussi fait le show avec quelques interactions marrantes telles que la musique de Mario jouée à la guitare, l'enchaînement de titres punchy et de ballades était efficace, bref je ne sais pas ce qui s'est passé exactement, mais ce fut une deuxième rencontre avec Beast in Black bien plus réussie que la première ! Souvent femme varie ? Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ? Peut-être. Quoi qu'il en soit j'ai grandement apprécié les 17 titres joués ce soir-là (comme Myrath, pas de jaloux), presque également répartis entre les deux opus, avec comme final "Blind and Frozen" et "End of the World".

Setlist :
1) Cry out for a Hero 2) Unlimited Sin 3) Beast in Black 4) Eternal Fire 5) Blood of a Lion 6) The fifth Angel 7) True Believer 8) Heart of Steel 9) Born Again 10) Ghost in the Rain 11) Die by the Blade 12) No Surrender 13) Crazy, Mad, Insane 14) Sweet True Lies 15) From Hell with Love
Rappel :
16) Blind and Frozen 17) End of the World

Une belle soirée menée par un groupe venu du chaud, un autre venu du froid, deux façons de réinventer le metal à leur façon, pour le plus grand plaisir de leurs fans, dont certains se seront peut-être découvert un attrait pour l'autre groupe à l'affiche que celui pour lequel ils étaient venus initialement.
 
Critique : Elise Diederich
Date : 4/11/2019
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