Live Report

LITTLE CAESAR - Les Étoiles - Paris - 3/10/2021

 
Attention certains concerts sont plus « spéciaux que d’autres » donc si en vrac vous n’aimez ni la nostalgie un peu émue, ni le rock ‘n roll, ni les groupes indés peut-être que vous feriez mieux de lire autre chose, ça va vous gonfler.

Bon, maintenant qu’on est entre nous, je m’explique. Ça commence (pour moi) en 1992, J’ai un budget d’étudiant qui me laisse le loisir de choisir la sauce des pâtes une fois sur trois et j’ai déjà acheté Use Your Illlusions I et II, mais je commence à en avoir fait le tour. Donc je cherche chez le disquaire un truc qui pourrait me faire oublier ce qui a été -rappelons-le - une des belles claques de la rentrée 91. Et là, je tombe sur un disque dans lequel il y a Earl Slick (le mec a joué avec Lennon et Bowie et là il joue avec Little Caesar), un groupe dont à l’époque tout le monde dit qu’il est l’avenir du rock. Bon, ça tire l’oreille, j’écoute et là je me rends compte que ce n’est pas Earl Slick (que pourtant je révère) qui fait que ce disque est bon, non, c’est le chanteur. Certes le groupe est bon les morceaux faussement simples et bien foutus dans un genre rock soul de biker très musclé, mais la voix, la voix, elle est suffisamment unique pour qu’à la fin de Little Caesar, le-dit Ron Young ait fondé Manic Eden avec Adrian Vandenberg fraichement débarqué de Whitesnake, ait aussi été approché par les Red Hot pour remplacer leur chanteur (si si, l’anecdote est vraie il a refusé pour pas avoir à chanter à poil avec juste une chaussette sur la queue sinon l’histoire du rock était changée) et par Slash pour son album solo (ça s’est pas fait, mais c’est vraiment dommage là). Bref je situe car sinon ceux qui savent pas, comprendront pas l’importance de ce concert (pour moi mais pas que).

On peut être un groupe indé avec des zicos très peu connus au fond et avoir posé sa marque dans l’histoire du rock quand même. Little Caesar fait partie de ces groupes, on va dire culte.

Donc quand par un hasard d’acharnement de l’attaché de presse chargé du dossier je découvre qu’ils passent en France, forcément je me rue. C’était donc dans le petit club des Etoiles à Paris, c’était plein et y’avait pas mal de cheveux blancs (dont les miens) et ce fût donc un pur moment de rock’ n roll avec mur de son (j’ai vu le débémètre – ou sonomètre j’ai un doute j’avoue - heureusement qu’une partie du public avait déjà partiellement perdu l’audition sinon c’était réglé).

Bon, autre point fort c’était mon premier concert depuis Jades en mars 2019 donc ce fût aussi une claque pour ça. (Je pensais reprendre par Jades mais j’ai été malade le jour du concert c’est moche de vieillir).

Constat : malgré les années, la voix de Ron Young n’a pas bougé. Ils ont été rejoints par l’ancien bassiste des Four Horsemen et ce petit monde fait penser à une bande de barbares qui auraient fait la guerre pendant 40 ans en connaissant toutes les ruses pour survivre. C’est frais, généreux, un vrai bon groupe de club qui sait rendre hommage au MC5 et sortir une ballade blues soul avec un texte bien foutu en passant de l’un à l’autre sans que ça semble incohérent. Bref des vieux routards ricains qui font ça pour les bonnes raisons (ils ont tous un job à côté, soyons clair, le monde de la musique n’a pas voulu d’eux – traduire Geffen les a virés – mais ils ont décidé que c’était leur vie quand même et ça se sent).
Alors forcément, soit vous y étiez et vous êtes d’accord avec moi (oui, l’avantage d’un club c’est qu’on sent assez vite la réaction du public (enthousiaste et emballé, un peu ému aussi, comme le groupe d’ailleurs), soit vous n’y étiez pas et forcément maintenant vous vous dites que vous avez raté un truc (si si, vous avez raté un truc), donc je sais pas quand aura lieu le prochain concert de Little Caesar mais n’hésitez pas à chercher et à découvrir…. Ça mérite.
 
Critique : Thomas Enault
Date : 3/10/2021
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