Live Report

CELLAR DARLING - KASSOGTHA - Backstage By The Mill - Paris - 17/4/2022

 
Après maints reports, le concert de Cellar Darling peut enfin avoir lieu, et a été déplacé du Gibus au Backstage by the Mill – ce qui est globalement une bonne nouvelle en générale en termes de visibilité, parfois de son, et souvent de lumière (même si l’on reste sur ces concerts très axés sur l’obscurité).

De 19h30 à 20h15 c’est Kassogtha, un groupe de melodic death originaire de Genève, qui investit la scène. Kassogtha, un nom difficile à prononcer et à retenir, et pour cause : il s’agit là d’un grand ancien lovecraftien, proche de Cthulhu. C’est la toute première date du groupe à Paris, on est donc sur un plateau (de fromage ?) 100% suisse ce soir, et les musiciens (un batteur, deux guitaristes, un bassiste et une chanteuse) sont super contents d’être là. Le batteur a fait rire les premiers rangs en enjambant à moitié sa batterie en se faufilant pour venir s’installer car la batterie de Cellar Darling étant déjà installée à côté pour gagner du temps la place manquait un peu sur la scène plutôt petite du Backstage ! Le son n’était pas toujours super équilibré, et la batterie prenait parfois le pas sur la voix. Le groupe genevois a interprété un titre récent, deux titres inédits en exclusivité pour les fans ravis, une reprise de « The Machine » de Pink Floyd (pas mal au demeurant comme reprise mais en tant que fan de Pink Floyd j’ai forcément du mal à ne pas systématiquement préférer l’originale et son intensité aux réécritures, dans la mesure où de telles références sont quand même difficiles à faire oublier). Le public est étonnamment calme face à ce groupe très énergique qui ne se ménage pas, avec ses compos rapides, accrocheuses et rythmées. Ce n’est pas le genre de son que j’écouterais chez moi sur album mais la prestation était plaisante, c’est une bonne découverte qui peut clairement séduire les amateurs de melodic death.

De 20h45 à 21h55 place au groupe attendu de pied ferme par le public, Cellar Darling, composé de trois anciens membres d’Eluveitie (une chanteuse multi-instrumentiste, un guitariste (également bassiste sur albums) et un batteur), ainsi que d’un bassiste de session. Le groupe arrive tout sourire, acclamé chaleureusement, l’ambiance conviviale et simple est tout de suite au rendez-vous et mes échanges sont bienveillants et directs, c’est très agréable. Le style vestimentaire basique de tout le groupe contraste avec l’univers onirique que sa musique convoque, la chanteuse Anna Murphy est mimi comme tout, toute petite toute naturelle, en jean slim, baskets et chemisier noir, affichant un sourire franc et radieux à maintes reprises, l’air aux anges de voir tant de monde tantôt recueilli tantôt reprenant en chœur les chansons, elle est vraiment lumineuse. Beaucoup de titres sont issus du dernier album en date, « The Spell », que j’adore donc cela tombe bien ! La voix d’Anna est aussi pure, puissante et juste que sur album, c’est franchement impressionnant. On pourrait donc dire qu’elle a joué de quatre instruments au cours de ce concert : clavier, vielle à roue, flûte traversière et voix, qui est un instrument incroyable à part entière dans son cas. Le batteur, le guitariste et le bassiste ont des mines joyeuses et chaleureuses aussi.

Après quelques titres Anna Murphy nous a parlé puis s’est interrompue en disant que si elle parlait trop ça allait devenir bizarre, comme d’habitude, et qu’elle allait donc se limiter (une petite nana qui s’excuse d’avance et pour tout, pourquoi ça me parle tiens – c’est possible de l’adopter dites ?). Elle nous dit « Bonsoir Paris » puis qu’ils avaient appris le français à l’école, mais que l’école c’était il y a fort longtemps, et a poursuivi en anglais. Le groupe a des petits moments d’hésitation de temps en temps, et Anna nous explique « En fait on n’a pas de setlist, on s’était dit que c’est bon on savait ce qu’on jouait, et en fait on ne sait plus », et elle se marre, le public aussi, j’adore, ça fait un bien fou ce naturel et cette fraîcheur, d’autant que les mini temps morts avec explications sincères ne nuisent en rien à l’immersion pendant les titres et à la qualité du concert : tous les musiciens sont excellents, le son est au top, le bassiste et le guitariste auraient pu se déplacer un peu plus afin d’être plus visibles mais hormis ce tout petit bémol je passe un moment de qualité. Anna Murphy nous dit « On a traversé des moments merdiques, et le monde est toujours merdique en ce moment, mais au moins on peut partager ça, et c’est incroyable, on vous remercie tellement d’être là si nombreux, ça nous fait plaisir et on tient à remercier le Backstage by the Mill de nous accueillir, Kassogtha de nous accompagner » etc.

Après nous avoir demandé « Do you want old stuff ? Well when I say old stuff you know what I mean », le groupe a joué des morceaux de l’album « This is the Sound », notamment « The Hermit ». Cellar Darling a aussi joué sa chanson la plus récente, « Dance », Anna nous dit « C’est vraiment notre toute dernière chanson donc on va essayer d’arriver au bout sans se tromper », elle est désarmante de sincérité, on dirait qu’elle part toujours du principe que quelque chose pourrait mal se passer alors qu’elle est si talentueuse et épatante, c’est vraiment trop mignon ! Des artistes doués et humbles, qu’est-ce que ça se savoure ! De temps à autres des gens crient « We love you ! », réponse du groupe « We love you too », c’est vraiment un concert de metal au pays des Bisounours et c’est tout à fait ce dont j’avais besoin : du talent, de l’intensité, de la gentillesse et de l’authenticité. Merci Cellar Darling ! Et merci Garmonbozia pour l’accréditation.

Setlist : 1) Pain 2) Death 3) Love 4) The Spell 5) Insomnia 6) Freeze 7) Dance 8) Black Moon 9) Starcrusher 10) The Hermit 11) Redemption
Rappel : Avalanche
 
Critique : Elise Diederich
Date : 17/4/2022
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