Live Report

MOTOCULTOR FEST (2022) - JOUR 3 - 20/8/2022

 
En ce samedi 20 août et troisième jour du Motocultor Open Air Festival c'est avec Madam que je démarre la journée, face à la Bruce Duckinscène. Il s'agit d'un trio toulousain composé d'une chanteuse guitariste, d'une bassiste et d'une batteuse. Ce groupe 100% féminin, hyper pêchu et joyeux, me rappelle le groupe francilien The Arsenics, j'y retrouve un peu la même vibes rock sautillante. La chanteuse Gabbie Burns nous dit qu'elles ont joué à Bordeaux la veille et ont fait le chemin pendant la nuit pour pouvoir jouer à 12h45 au Motoc', et sont super contentes de voir autant de monde présent devant elles. Elle s'adresse au public avec simplicité et chaleur : "on a dû dormir à peu près autant que vous", "on arrive sur nos deux derniers morceaux donc n'hésitez pas à venir devant bouger vos culs avec ceux qui bougent leurs culs, et on espère qu'on vous reverra bientôt parce qu'on vous aime beaucoup". Bah moi aussi je les ai beaucoup aimées, voilà !

Je pars tout sourire en direction de la Massey Ferguscène pour voir le concert de Tranzat, ma découverte coup de cœur du Motocultor 2018. Il s'agit d'un quatuor de Brest super barré (complètement à l'ouest quoi), qui se compose d'un chanteur guitariste, d'un guitariste, d'un bassiste et d'un batteur. Les quatre gus sont arrivés pour faire les balances avec les mêmes t-shirts "Eat Shit", ont fait un faux début de premier morceau, puis sont revenus encore une fois habillés à l'unisson tous les quatre mais cette fois en polos rose pâle et jeans blancs. Leur style est assez inclassable, un peu grandiloquent, déjanté, ils enchaînent beaucoup de grimaces et de poses improbables, qui agrémentent leur style entre rock et stoner avec des instrus marrantes. On peut dire qu'ils ne se prennent pas du tout au sérieux, avec leurs paroles racontant des histoires de vampires, d'aliens.

Ensuite c'est parti pour la scène principale pour voir Gohrgone, dans un style radicalement différent, comme nous l'annonce Thomas le chanteur : "on fait de la musique de porc, là y en a dans le fut', mais pas que des grosses couilles, des grosses schneks aussi, on fait du porc inclusif, c'est un nouveau concept", qui réclame à corps et à cris des "circle piiiiiiiiits". On comprend l'enthousiasme de Gohrgone car enfin ils peuvent passer au Motoc' après de nombreuses tentatives ! Le groupe est désormais un quatuor et non plus un quintet, suivant la formule efficace chanteur + bassiste + guitariste + batteur, qui nous offre une musique placée sous le signe du parpaing (d'ailleurs on peut en gagner un à leur nom, dédicacé, orné d'un logo du fest, qui trône à l'avant de la scène). C'est un bordel sans nom sous le chapiteau, ça slamme, ça pogote, il y a des kilos de poussière soulevés par les gens qui piétinent, on ne voit plus rien, on a l'impression de se trouver dans une tempête de sable, on voit des gens s'éloigner avec les yeux qui pleurent. Le chanteur hurle "Sur le prochain morceau je veux un maximum de bordel, je veux voir des dents par terre, et des descentes d'organes, les femmes enceintes, sortez de la fosse !" Le groupe se calme ensuite pour rendre hommage à Ben, leur ancien guitariste.

Changement de style et de scène encore avec Nature Morte, un trio post-rock teinté de black, de shoegaze, de doom originaire de Paris - mais que je vois pour la première fois en Bretagne, après tout pourquoi pas. Le chanteur guitariste vêtu d'un fantastique t-shirt Johnny Hallyday est excellent, sa voix est déchirante, et le batteur et le bassiste ne lésinent pas non plus sur l'intensité, ce groupe installe vraiment une ambiance prenante.

Tout comme le groupe suisse Schammasch dans un autre registre, celui du black metal solennel et avant-gardiste cette fois. Le quintet soigne la mise en scène, les costumes et les décors brodés noirs et dorés aux allures religieuses sont superbes, et confèrent au concert une allure de messe profane. Une très belle découverte de ce groupe que je ne connaissais que de nom.

Devant la scène principale Dave Mustage une foule dingue s'est attroupée pour voir Lost Society< un groupe de hardcore / metal moderne finnois qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques temps. Il faut dire que les quatre musiciens ne s'économisent pas et que le résultat décoiffe : on assiste à un concert au débit hyper rapide et brutal, les quatre membres ont des looks super sympa, leur attitude est adorable et leson bien rentre-dedans, c'est accrocheur et efficace, avec quelques passages un peu électro. Un groupe qui gagne vraiment à être vu en live !

Retour devant la Massey Ferguscène pour voir une nouvelle fois Regarde les Hommes Tomber, un groupe de black metal et post-black nantais que j'ai déjà vu maintes fois mais dont j'apprécie toujours autant le talent des musiciens, ainsi que l'ambiance mystérieuse, envoûtante et mystique qui est caractéristique du groupe. Le chant est habité, hanté, et je trouve toujours la gestuelle sophistiquée du chanteur Thomas Terreur captivante, toutes ces volutes qu'il dessine avec les doigts.

Retour à l'air libre pour voir Ho99o9 qui se produit sur la petite scène et dont l'on m'a beaucoup parlé. Il s'agit d'un duo américain de hip hop, électro, punk et trap, composé d'un chanteur, d'un claviériste et d'un batteur. Le moins que l'on puisse dire est sur leurs looks sont étonnants, surtout le claviériste qui a un couvre-chef à mi-chemin entre le choixpeau magique et un profil d'Alien, quoique le chanteur et son gilet pare-balles n'est pas mal non plus. Je trouve l'ensemble un peu difficile à cerner mais mouvementé, je garde un souvenir confus de la musique du groupe mais elle offre le parfait défouloir pour ceux qui sont venus pour ça.

Je descends ensuite vers la Supositor Stage pour voir un groupe que je n'ai encore jamais vu mais qui fait partie de ceux que je souhaite le plus voir lors de cette édition 2022 du Motocultor : Vader. Le groupe polonais existe depuis 1983 et est clairement un pilier du death et du thrash metal. Le chanteur guitariste, le bassiste, le guitariste et le batteur m'offrent sans conteste la branlée de la journée, le chanteur a un coffre impressionnant pour son gabarit, et une énergie à toute épreuve, le tout accompagné de sourires francs et massifs et de poses photogéniques à souhait. La formule est simple mais il n'y a rien à redire, le concert passe à une vitesse folle et offre une impression de fluidité absolue.

Je remonte pour voir ce que donne le groupe français Alcest en live sur la scène principale, depuis le temps que je ne les connais que sur album et que leur musique shoegaze / blackgaze autant que les polémiques autour d'eux divisent l'opinion. L'ambiance est très enfumée et brumeuse, les lumières en fond de scène créent un contre-jour, l'on perçoit une intensité dans l'interprétation mais le son est plutôt brouillon et le jeu de scène est assez statique, du coup les conditions ne me permettent pas réellement de profiter totalement du concert.

Il fait nuit à présent, ce qui crée un décor naturel idéal pour le concert de Belphegor qui se tient sur la Supositor Stage dépourvue de chapiteau. Même si je connaissais le groupe de black death autrichien de nom depuis fort longtemps je n'étais pas plus coutumière que ça de sa musique, et ce fut un coup de cœur scénique pour moi entre les mises en scène, les costumes, les décors, les poses des musiciens, les lumières, le feu, tout fut une tuerie ! Tous les membres sont vraiment à fond, posent, interprètent des rôles de true black metalleux à merveille, l'interprétation musicale est de qualité, le chanteur hurle "fucking Frrrrrrrrance", dire que je ne les avais jamais vus avant alors que c'est si dingue ! À revoir aussi vite que possible avec un grand grand plaisir. Le seul bémol dispensable : l'encens qui sent le vieux poisson, sympa pour l'ambiance mais moins pour les naseaux.

Après cette claquasse magistrale le rendez-vous est pris avec un groupe que j'aime énormément sur album, Cult of Luna. Le groupe suédois comporte de nombreux membres et balancent un son entre post-black, heavy, ambiant et prog assez unique, qui crée une ambiance contemplative et énergique à la fois, une sorte de transe collective pour les fans, un moment de communion. Les musiciens sont totalement à contre-jour, juste des silhouettes dans des rayons lumineux et de la fumée, aucun risque soucis avec les paparazzis, ils sont là incognito. Bilan du concert pour moi, j'adore ce groupe en studio mais j'ai un peu plus de mal à rentrer dedans en live, et vers 23h30-0h l'absence de réel spectacle me laisse un peu sur le carreau avec la fatigue.

Peut-être que Batushka va me réveiller ? On prend les paris ? C'est reparti pour un concert devant la Supositor. Le groupe de black metal polonais est connu pour sa mise en scène liturgique, ses musiciens masqués, en longues robes de messe et aux visages totalement dissimulées. Les tenues de prêtres orthodoxes sont magnifiques, la scène très chargée avec ses cadres, ses bougies, sa table, ses nappes est également très belle, mais l'ensemble est vraiment statique, les musiciens restent toujours à la même place, et c'est répétitif. Il faut vraiment réussir à être totalement pris par l'ambiance, j'avoue que c'était un peu trop monotone après quelques morceaux à mon goût (surtout en sachant que de l'autre côté c'était Perturbator qui jouait en même temps et que pendant les moments calmes l'on entendait quelques notes depuis l'autre scène). Pas idéal tard dans la nuit pour ne pas sombrer.

On m'avait dit grand bien d'Apocalyptica et même si je ne me suis jamais particulièrement penchée sur la question je sais que le groupe finnois est culte pour les fans de metal symphonique. Je n'étais pas sûre que la musique du groupe soit ma tasse de thé mais je restais ouverte et étais prête à me faire agréablement surprendre, mais j'ai fait face à une soupe romantique dark, le son des violoncelles était simultanément strident et miaulant, l'attitude des membres du groupe était caricaturale, les interactions des musiciens ne me touchaient pas du tout, cela donnait complètement cliché et artificiel selon moi. (Après concertation avec des fans du groupe, la déception était plutôt de mise pour certains aussi, qui trouvaient que la prestation n'avait rien à voir avec ce qu'ils connaissaient et appréciaient sur disque.)
J'ai fini ma soirée face aux Ramoneurs de Menhirs, de loin, pour danser sur leur musique guillerettes et engagée, afin de finir sur une note enjouée !

Après 14 concerts divers et variés il est maintenant temps d'aller se reposer un peu afin de profiter comme il se doit de la journée du dimanche. Bonne nuit Kerboulard !
 
Critique : Elise Diederich
Date : 20/8/2022
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