Live Report

SOLSTAFIR - KATATONIA - Le Trianon - Paris - 19/2/2023

 
C'est dans un Trianon fort bien rempli que le groupe Som ouvre pour les pointures du metal ambiant et mélancolique Katatonia et Sólstafir . Un choix plutôt cohérent vu que le groupe américain opère dans un style assez atmosphérique, planant mais aux percussions marquées, que le groupe qualifie sur son site de « doom pop ». Le quatuor (chanteur guitariste, guitariste, bassiste et batteur) évolue dans la fumée et dans un contre-jour brumeux tantôt vert tantôt blanc éblouissant, et livre une prestation à la fois intense et introvertie. Le chant est plutôt doux et plein d'échos, redoublé d'un sample de voix féminine sur certains titres, et rehaussé de lignes de basse et batterie beaucoup plus virulentes. Dommage que le son soit un peu chaotique et ne mette peut-être pas suffisamment en valeur le set d'une demi-heure de Som.

De 19h35 à 20h50 place à Sólstafir, co-tête d'affiche avec Katatonia. Le groupe islandais arrivé acclamé par le public et amorce le concert sur le long titre « Nattmal » dans des halos bleus. Le public est dense face au quatuor : chanteur guitariste, guitariste, bassiste et batteur. Le look du groupe reste identifiable, les membres ont toujours leurs chapeaux, leurs tresses ou leur petit chignon, et des accessoires stylés tels qu'une sangle de guitare constituée d'un mors de cheval pour le chanteur et guitariste Aðalbjörn « Addi » Tryggvason. Le concert se déroule dans une ambiance relativement sage et contemplative, mais décolle progressivement au fur et à mesure de la montée en puissance du chant de Tryggvason, qui revient par moments à un chant plus guttural entre deux mélopées, renouant un peu avec les origines plus black des débuts du groupe. De même l'attitude des musiciens est tantôt calme et recueillie, tantôt déchaînée. Le chanteur impressionne par son énergie et son expressivité, il est capable de chanter de façon exaltée avec un large sourire, il chante de toutes ses forces comme si sa vie en dépendait. Certains titres sonnent curieusement festifs et furieux à la fois. Lors d'une chanson lente, planante et écorchée, le chanteur est descendu de la scène pour grimper sur les barrières et se rapprocher des spectateurs. Moment de communion lors du magnifique titre « Fjara », dont l'on peut profiter avec un son cette fois excellent, ouf, il aurait été dommage de ne pas pouvoir profiter de cette pépite. Le chanteur nous dit que les shows à Paris deviennent de plus en plus grands et de mieux en mieux et demande s'ils peuvent revenir la semaine prochaine (évidemment nous sommes tous partants). Il présente les membres du groupe, en disant notamment que le bassiste Svavar "Svabbi" Austmann a été élu 5 fois de suite l'homme le plus sexy d'Islande. Il demande au public de crier, la réaction est mitigée, il nous dit « Hey the cool kids out there, what are you thinking, I'm not gonna scream for this son of a bitch ? Hey you with the white shirt are you screaming ? » et tout le monde se marre. Il finit en marchant sur les barrières, serrant des mains, faisant des baise-main, puis chante en se baladant au plus près du public, perché, pouvant ainsi chanter tout près des spectateurs au balcon et faire des checks avec eux ! La setlist, étonnamment, ne comportait qu'un seul titre du dernier album, « Eternal Twilight of the Codependent Love », ainsi qu'un de l'album « Masterpiece of Bitterness », et deux titres de « Köld », « Ótta » et « Svartir sandar ».

Setlist : 1) Nattmal 2) Köld 3) Melrakkablus 4) Bloodsoaked Velvet 5) Rökkur 6) Fjara 7) Otta 8) Goddess of the Ages

Après une courte pause les membres de Katatonia arrivent dans la pénombre... Et cela restera quasiment une constante pendant tout le concert, puisque les musiciens sont éclairés de derrière et réduits à des silhouettes. Les silhouettes de cinq membres, un chanteur et un batteur qui resteront incognitos ou pas loin pendant tout le set, un bassiste et deux guitaristes. Le groupe suédois de gothic rock, prog et doom entonnent des titres à la fois puissants, lancinants et rentre-dedans (paradoxal mais pas impossible). Malheureusement le son n'est pas à la hauteur de celui de Sólstafir et le résultat est assez brouillon et fatigant, il faut se concentrer pour saisir les paroles ; de même qu'il faut plisser les yeux pour tenter de discerner un visage au milieu des longs cheveux lâchés du chanteur Jonas Renkse... C’est un peu étrange de regarder une scène où l'on ne voit quasiment rien, où les silhouettes ne se détachent même pas de façon graphique sur le fond totalement embrumé. Quand il ne fait pas bien trop sombre des stroboscopes et des lumières blanches nous aveuglent, je suis clairement moins séduite par les choix scéniques de cette deuxième tête d'affiche que par ceux de la première, alors même que j'aime beaucoup Katatonia sur album. Lors de certains titres le son est particulièrement fort et confus, et là où les superpositions sonores fonctionnent très bien sur album, c'est une autre histoire en salle où le son perd en subtilité ce qu'il gagne en abrutissement. Le chanteur dont je ne distingue pas les traits demande « Are you still enjoying yourelf ? » puis « Are you still having a good time ? », et puisqu'il insiste, la franchise s'impose, autant j'ai beaucoup aimé le set de Sólstafir, autant celui de Katatonia m'endort et m'assourdit en même temps, et ce même sur des titres que j'adore en version studio. Tant pis, pas mal de spectateurs certainement moins demandeurs que moi sur la qualité du son (et pas frustrés qu'il n'y ait quasiment rien à voir sur scène ?) semblent ne pas bouder leur plaisir. Je pars avec ce qu'il me reste de tympans en gardant en tête les meilleurs moments du concert des Islandais.

Setlist : 1) Austerity 2) Colossal Shade 3) Lethean 4) Deliberation 5) Birds 6) Behind the Blood 7) Forsaker 8) Opaline 9) Buildings 10) My Twin 11) Atrium 12) Old Heart Falls 13) Untrodden
Rappel : 14) July 15) Evidence
 
Critique : Elise Diederich
Date : 19/2/2023
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