Chronique

DANIEL TOMPKINS - CASTLES / Kscope 2019

Daniel Tompkins est un chanteur principalement connu pour être le premier chanteur et l’actuel de Tesseract. On pourrait donc se dire « encore un chanteur qui se la raconte en solo ». Sauf qu’entre 2011 et 2014 il a vogué de ses propres ailes pendant que Tesseract usait littéralement deux vocalistes. (Quand on sait qu’avant d’enregistrer avec le petit Daniel ses copains de Tesseract avaient déjà usé deux autres chanteurs on se dit que c’est plutôt Daniel Tompkins, chanteur, qui leur a fait la fleur d’accepter de leur prêter sa voix…) Mes propos n’engagent que moi. Pendant cette pause Daniel T. aura participé à plusieurs groupes et prouvé qu’il est une voix qui compte sur la scène Métal anglaise.

Castles compte 9 titres et 4 curiosités.

Commençons étrangement par les curiosités c’est-à-dire une deuxième version « feat. Randy Slaugh » (cékiiiii ?) et pas moins de 3 versions alternatives (mais vraiment différentes pas juste un peu, à part la voix un chat y retrouverait pas ses petits même avec des pelotes de laine de couleur différente autour du cou de chacun) une version toujours avec son pote Randy, une autre avec Paul Ortiz et une troisième donc avec Acle Kahney. Si j’ai la curiosité de chercher qui sont ces gens vous lirez la réponse dans le paragraphe qui suit, sinon c’est que même en cherchant j’ai pas trouvé ou pire encore, que j’ai eu la flemme parce qu’après tout j’ai le double de leur âge et la musique de Djeuns (le Djent de Djeuns voulais-je dire dans un élan spirituel qui me fait honte) c’est mignon mais ces mecs étant pas nés alors que je votais déjà… Je m’en carre. Allez, je suis fou j’ai quand même pris le temps de chercher, je mourrai moins con (pas sûr). Randy Slaugh a quand même chopé des Grammy pour ses arrangements de Periphery et Skyharbor entre autres et aussi bossé avec Devin Townsend, Architects, Thy Art is Murder et… Tesseract. Paul Ortiz est membre (le seul membre en fait) de Chimp Spanner où il fait… Tout, donc même le ménage et la bouffe on présume et Acle Kahney est… guitariste de Tesseract. Ok j’avais pas révisé les pochettes d’album, pourtant il a un prénom facile à mémoriser. Bon tout ça pour dire que Daniel a pleins d’amis créatifs et on est content pour lui, par contre le fait de bourrer son album de versions différentes d’un même titre ça me fait surtout penser à un mec qui a pas fini sa copie et utilise la feuille de son voisin pour délayer la sauce… Mais bon, nous lui pardonnerons ce petit manque de confiance en lui pour la bonne et simple raison que toutes les versions sont bonnes… Et ça c’est tellement rare que ça mérite de le dire.

Bon, passons maintenant plus avant au contenu proprement dit de ce disque qui mérite qu’on en cause, en bien, en moins bien et en neutre aussi.

Il commence et finit par « Saved » version single et les trois versions « bonus » donc. On peut se dire que c’est un peu son obsession ou son titre phare, bref le single qui lui a semblé important (si, 4 versions c’est important). Et au fond, ça donne une idée de ce que je reprocherais à ce disque. C’est calibré pour plaire aux minettes, le mec a une voix de bogoss et une musique qui flirte tellement vers le RnB qu’il y a plus de guitare chez certains groupes de hip hop (même des vieux)… Bref de prime abord, je devrai le descendre en flamme et lui faire remarquer que le vocodeur et l’auto-tune c’est bien, mais quand on a « une voix » c’est pas toujours indispensable. En effet, là c’est clairement une pose. Le garçon s’est offert un album de mec tout seul qui veut ratisser du string à la radio… Et j’arrive même pas à le blâmer parce qu’il le fait super bien.

On arrive à un moment où le Metal tire sur la pop et où la pop pioche dans le Metal et au fond c’est une bonne nouvelle. Le Metal c’est pop maintenant. Pour preuve, ils en passent même sur FIP (respect Luc, beau combat) je suis joie !

Pour le « neutre », ce disque risque hélas, à trop vouloir plaire à tout le monde ne pas dépasser l’effet de manche et c’est dommage car le postulat djent light/ambiance technoïde/RnB soft est pas con du tout, pas très neuf mais très bien foutu. Ça manque grave de guitares dans le mix et on les entend là loin, prêtes à exploser mais dépassant rarement le moins 4 dB… En fait quitte à remixer des titres, il aurait pu au moins en confier un à Misha Mansoor ou à Devin Townsend qui est un fan déclaré du petit Daniel T. Bref, problèmes de riche tout ça !

Pour le positif ? J’en ai déjà parlé dans le négatif quand même, la sauce prend, c’est contemporain et malin, ça veut plaire mais ça se balade dans les genres en restant super cohérent. J’aurais 19 piges et une copine gothique ce serait la bande son de la moitié de mes conneries de l’été en fait. Donc voilà si pour cette rentrée vous repérez dans la cour du lycée une nana un peu dépressive et maquillée goth, parlez-lui du skeud cause c’est elle le public cible (ce conseil s’adresse aux mecs comme aux filles, au fait) avec un peu de chance elle connaîtra et au pire vous pourrez le lui faire découvrir. C’est toujours bien d’avoir des trucs en commun. Bon ok je vais le dire différemment, ce disque est interdit aux plus de 20 piges en fait.
 
Critique : Thomas Enault
Note : 8/10
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