Chronique

DREAM THEATER - SYSTEMATHIC CHAOS / ROADRUNNER 2007

Voici le 9ème album des Américains, succédant au chef d’œuvre qu’est Octavarium. Je me demande comment la bande de Mike Portnoy va faire mieux ? A noter que le groupe à changer de label ainsi que de personnel pour le mixage car ce n’est plus Kevin Shirley qui s’en occupe mais Paul Northfiled.

Le début d’un nouvel album de DT est toujours particulier car on se demande ce que va être la nouvelle orientation du groupe « In the presence of enemies part I » débute et là sans réel changement on découvre un Dream Theater très technique (comme souvent) mais pas franchement détaché de son anciens répertoire. Une longue intro qui peut rappeler les efforts de ‘6 Degres of inner turbulence’ voir le titre ‘Octavarium’ (du même album), tantôt envolé, tantôt calme qui passe bien. La suite se veut progressive à souhait et enfin James LaBrie fait étal de son talent. Malgré le fait que cela reste très bon on ne peut s’empêcher de penser que le groupe fait du sur-place ce qui est assez surprenant de leur part. « Forsaken » débute sur de belles notes de clavier avant qu’un riff efficace de John Petrucci ne prenne place. Voilà un titre nouveau dans leur répertoire, assez simple de composition et mélancolique. Forsaken donne une impression d’un métal très moderne et mélodique qui peut surprendre. Un passage résolument commercial mais à qui je trouve de l’attachement (le chant Magnifique de James LaBrie y est pour beaucoup). Voilà une nouvelle preuve de leur évolution même si on est loin du prog.
« Constant motion » reprend ‘le bon chemin’ avec un riff bien technique qui peut faire penser à ‘Awake’. La suite ;un riff à la Metallica version ‘Train of trought’ ainsi qu’un chant moderne en duo avec Mike Portnoy qui confirme l’apparentée. Certes le titre est efficace mais il est bien dommage de constater que DT stagne dangereusement. Le duo avec Mike sonne d’enfer et donne un relief bien intéressant au titre ainsi que plus de puissance. John se défoule dans un solo inspiré même s’il donne l’impression de ne pas se donner à fond par contre Jordan Rudess très en retrait semble se détacher du reste du groupe.
Nouveau riff bien gras et lourd pour « The dark eternal night » qui fait passer DT au stade de groupe quasi doom. N’empêche que là on est en plein métal moderne qui lorgne vers la nouvelle scène Trash Américaine. Encore une fois Mike vient apporter de la puissance grâce à son chant laissant James briller de milles feux dans un chant mélodique qu’il maîtrise à la perfection. En tout cas c’est la première fois que Mike s’empare du micro aussi souvent mais force est de constater que cela donne un certain plus à la musique de DT. Par contre la partie instrumentale même si elle en jette fait "déjà vu" : dommage ! « Repentance » débute calmement dans une ambiance mélancolique. La 4ème partie de la suite érigé par Mike Portnoy sur ‘The glass prison’, ‘This dying soul’ et ‘Roots of all evil’, voit enfin un passage calme, qui fait penser à Opeth. Un titre très ambiant qui change un peu et qui pourrai une nouvelle fois rappeler ceux de ‘6 Degres of inner turbulence’ (Misunderstood).
« Prophets of war » s’empare de leur nouvelle influence (Muse) pour tisser un titre résolument coloré sur lequel James LaBrie ne peut qu' être à son aise et dévoiler son potentiel jamais pris en défaut. Autre influence présente: celle de Queen voir plus précisément celle de Freddy Mercury (les chœurs) qui donnent une forme assez déjantée et ce brin de mélancolie connu de ces deux groupes. Mais il faut le dire tout ceci sied parfaitement à Dream Theater qui en sort toute la quintescence de ces influences fortes jouissives.
Place à un très haut moment « The ministry of lost souls » qui sur de jolies nappes de synthé, entame une ballade magnifique, sur laquelle une nouvelle fois James brille. Touchant, posé, irrésistible, un brin mélancolique et voilà que l’on se prend au jeu, qu’on se laisse bercer aux grés des délicates notes et un refrain qui résonne comme un summum où l’intensité n’a pas d’égal. Quel délectable moment la larme à l’œil, qui se transforme durant la partie instrumentale à une démonstration quasi extraterrestre du talent inhumain de ces 4 musiciens phares. Sûrement le meilleur titre de ce nouvel album !!
Pour terminer « In the presence of enemies part II » reprend où on en était. Débutant sur des bases ambiantes chantées et habitées, celle-ci laisse place à un grand moment de prog comme DT nous les distillent en fin d’album. Une fin en véritable apothéose qui transcende cette suite.
Du très grand Dream Theater en pleine forme !!

Conclusion : Dream Theater donne l’impression pour la première fois de sa carrière de tourner en rond et d’avoir atteint ses limites. La désagréable impression que le groupe n’a pas forcé sont talent résulte aussi à l’écoute de ce disque, alors même si DT est toujours au dessus du lot il est fort dommage d’en être arrivé là. En espérant que leur 10ème album redonne du nouveau et prouve que cette stagnation n’est que passagère et que le groupe en a encore sous le pied, sous peine de voir son statut d’innovateur disparaître.
 
Critique : Guillaume
Note : 8/10
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