Interview

THERAPHOSA (2020) - Vincent (Chant / guitare)

Après un EP prometteur en 2018, Teraphosa sort aujourd’hui son premier album et c’est peu de dire que « Transcendence » est une véritable claque. Un disque sombre et puissant qui embrase tous les styles du metal avec une aisance déconcertante. Un album d’une grande beauté dont nous parle aujourd’hui Vincent, le chanteur et guitariste du groupe.

« Vous avez pris le temps de mûrir votre projet entre vos débuts et votre EP en 2018 mais entre le EP et l'album qui vient de sortir les choses se sont accélérées. »

« Il n'y a pas de raison particulière à cela. Quand on a démarché avec le EP, cela ne suffisait pas pour que les gens de la scène metal s'impliquent. Ils voulaient plus de morceaux. Du coup on a commencé à travailler très rapidement sur un album. Il y a cette raison qui a fait que les choses se sont accélérées mais on avait de toutes façons envie de faire un album. »

« J'ai l'impression que le travail avec Jan Rechberger, le batteur d’Amorphis sur votre premier EP vous a beaucoup appris. »

« Oui, cela a été une expérience utile. Pour l’album, on a travaillé avec Francis Caste au studio Sainte Marthe. Lui et Jan bossent un peu de la même manière. Après, c'était peut-être un peu plus facile avec Francis car il n'y a pas la barrière de la langue et nous avons le même style d'humour. On a beaucoup de points communs avec lui. C'est un producteur qui te met à l'aise. Il est aux petits oignons avec ses groupes. Il nous a boosté pour tirer le meilleur de nous-mêmes. Après, dans l'approche de la musique, lui et Jan sont assez semblables. »

« Je trouve le disque ambitieux. Vous embrasez dedans quasiment tous les styles du metal. »

« Ce n'est pas faux. Nous ne nous sommes rien interdit, n'avons jamais pensé à comment pourrait être le rendu de tel ou tel morceau sur scène. Chaque titre possède son propre univers mais l'ensemble des morceaux forme un ensemble homogène. Un morceau peut passer d'un univers à un autre. Tu peux aller d'un point A à un point B en bifurquant. Le black-metal est un outil, le death, un autre.»

« Votre disque dépasse même le cadre du metal. Un titre comme « The Curse of Chronos » fait très Pink Floyd. »

« Pourtant Pink Floyd n'est pas une influence. Après, c'est vrai que nous ne cherchons pas forcément à ne faire que du metal. On a envie parfois de dépasser la sphére metal. Il y a une influence qui vient de la musique classique ou de l'univers religieux chez nous. L'ambiance du disque est sombre. C'est ce que nous voulions. »

« Il y a d'ailleurs des choeurs religieux au début de « Attrition ».

« Ce sont des chœurs, mais pas religieux. On a fait un sample de choeurs de femmes et d'hommes. On peut les associer à de la musique sacrée. »

« Ce titre est en français. Pourquoi avez-vous voulu faire un morceau chanté en français ? »

« Pour l'envie de chanter avec précision. Le français a cette précision que n'a pas l'anglais. La langue française est pleine de nuances. En tant que groupe français nous avions envie de chanter dans notre langue. Rammstein chante bien en allemand et plein de groupes norvégiens en norvégien. Pourquoi un groupe français ne pourrait-il pas chanter dans sa langue ? »

« Vous allez perpétuer cela à l'avenir ? »

« Je ne sais pas pour la suite. Theraphosa ne chantera jamais uniquement en français mais il est probable que l'on refasse des titres en français, oui. »

« Vous avez repris « Obsession » qui était dans le EP. C'est la même version ? »

« Techniquement c'est la même version. Il y a juste quelques arrangements mineurs. »

« Il y a un morceau un peu à part, « The Morning Star » qui avec son groove a presque un côté joyeux. »

« Ce n'est pas celui-ci que je qualifierai de joyeux. Il a un côté dissonant. Il évoque quelque chose de diabolique, la capacité de l'homme à faire le mal. Ce n'est pas le diable tel qu'on l'entend mais le diable qui sommeille en nous-mêmes. »

« Le dernier titre de l'album, « The Legacy Of Arachne » est un instrumental. Pourquoi ? »

« Nous n’avons pas mis de voix dessus parce le morceau en instrumental se suffit à lui-même. On voulait que ce morceau ait un côté orchestral. Il est un peu comme un voyage. On voulait un côté épique pour ce titre. On adore les musiques de films et nous trouvons que le côté orchestral de la musique se marie bien au metal. Le morceau évoque le symbole de l'araignée et le mythe d’Arachné. Il résume bien la philosophie du groupe. »

« Vous avez déjà eu plein de retours positifs du disque. »

« Oui, d'un peu partout, France, Angleterre, Allemagne. C'est cool ».

« C'est difficile de savoir avec la crise sanitaire actuelle mais y-a-il des concerts prévus ? »

« On a eu des dates annulés ou reportés. Ce serait bien de donner des concerts à la rentrée mais on a encore peu d'infos. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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