Interview

NATURE MORTE (2021) - Groupe au complet

Avec « Messe Basse » Nature Morte nous offre un superbe album de post black/shoegaze. Un disque qui confirme tout le potentiel de ce groupe, potentiel que l’on avait perçu dès leur premier opus « NM1 ». Entretien.

« Comment avez-vous pensé cet album ? Dans la continuité du premier ? »


« Oui. On a fait un split avec Hegemon l’an dernier. On voulait sortir ces morceaux, « Safari Inn » et « Wandering soul in Room N°9 » à ce moment-là. A la même période nous nous sommes mis à la compo du nouvel album. Il y a un mélange plus affirmé et plus extrême dans le nouveau disque sur les parties mélodiques et plus agressif sur les parties sombres. C’est ce que nous voulions. »

« Même s’il y a bien sûr un côté black dans ce que vous faites il y a une influence post-rock évidente dans ce disque. »

« Merci. C’est un super compliment. Le côté black est surtout au niveau du chant. Le black est une influence parmi tant d’autres. Ce qui importe c’est d’avoir cette agressivité, ce côté sombre. »

« Il y a cette progression dans vos titres que l’on retrouve dans le post-rock. »

« C’est vrai. Cela est dû aux effets de guitare, à la reverb. On prend certains codes du post-rock comme ces allers-retours entre le sombre et le lumineux. »

« Il y a dans cet album à la fois un côté très agressif et en même temps une recherche profonde des atmosphères. »

« Nous essayons de raconter une histoire. On veut mettre en place dans notre musique des passages atmosphériques et d’autres passages percutants. On essaie en permanence d’avoir les deux. Nous aimons jouer avec les ambiances. C’est un challenge que de lier les aspects sombres et lumineux d’un titre. Chaque morceau est un chemin, un chemin sinueux. »

« On vous qualifie souvent comme black-gaze. Est-ce une étiquette qui vous plait, vous gêne ? »

« On s’en fout mais c’est une étiquette intéressante. On aime cette appellation, elle ne nous dérange pas. Les groupes n’aiment, en général, guère être labellisés mais en même temps ils en jouent. Un groupe typiquement black-gaze c’est Alcest. Nous ne sommes pas dans le même registre qu’eux mais avons les mêmes influences. »

« Qu’est-ce que vous aimez dans le shoe-gaze ? »

« Le côté atmosphérique. Il y a plein de choses différentes dans le shoe-gaze : tu écoutes Cocteau Twins ou My Bloody Valentine, ça n’a rien à voir. Dans le shoe-gaze il y a les mêmes effets de pédale mais les groupes sonnent très différemment les uns des autres. Le shoe-gaze a eu une grosse influence sur la musique alors que le mouvement n’a duré que deux, trois ans. »

« Il y a un côté « intello » dans votre musique. Est-ce pour cela que vous aimez un groupe comme Deafheaven ? »

« Cela ne nous dérange pas que l’on puisse trouver notre musique « intello ». Pour nous le terme n’est pas péjoratif. On adore Deafheaven. Ce qu’ils font est très intéressant. Les mecs de ce groupe disent en outre des choses qui font sens. »

« Votre premier album était assez court. Celui-ci est bien plus long. »

« A la base il devait être plus court. L’album ne devait être composé que de cinq titres à l’origine mais à cause du Covid nous n’avons pas pu enregistrer. On nous a un peu reproché le fait que le premier album soit un peu trop court, peut-être cela a joué dans le fait que celui-ci soit plus long mais ce n’était pas réfléchi. Cependant il y a deux versions du disque avec un morceau en moins dans la version vinyle de l’album : « Messe Basse. »

« Que représente la pochette du disque ? »

« C’est une photo de baptême. Est-ce un baptême musical ? Nous aimons le côté vintage de cette pochette. Elle dégage un truc qui joue sur la nostalgie. On peut l’interpréter de plusieurs façons différentes. Ce peut être une sortie de messe. Cela joue également sur les significations possibles des messes basses. »

« Vous mélangez souvent à l’intérieur des morceaux sauvagerie et mélancolie comme sur « Beautiful Loss ».

« C’est peut-être le morceau qui crée la grosse surprise même si on reste sur la même structure musicale. On fait des morceaux un peu différents les uns des autres pour éviter la redondance. »

« Vous avez signé sur un nouveau label, Source Atone Records »

« Nous avions l’occasion de continuer chez Argonauta Records. Nous sommes la première sortie chez Source Atone qui est un nouveau label. On a eu plusieurs propositions. Être la première sortie d’un nouveau label c’est bien, c’est un challenge. Nous sommes un jeune groupe. Nous avons encore tout à prouver. »

« Vous avez des projets de concerts ? »

« Si tu nous demandes viens jouer à la maison, on vient. On est programmé dans un festival en novembre. On ose espérer qu’à la rentrée les choses redeviennent un peu normales. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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