Interview

SETH (2021) - Heimoth (Guitare) et St Vincent (Chant)

Légende du black français Seth revient aujourd’hui avec un superbe disque, « La Morsure Du Christ », concept-album autour de la destruction de Notre Dame. L’occasion d’en parler avec Heimoth et St Vincent, respectivement guitariste et chanteur du groupe.

« La Morsure du Christ » est un concept-album autour de la destruction de Notre Dame. Comment l’avez-vous pensé ? »


« La pochette du disque représente Notre Dame en flammes. C’est un retour aux racines, une iconographie black classique. Les paroles sont en français ce qui nous apparait logique puisque Notre Dame est un monument français. On a voulu mettre en avant l’incendie de Notre Dame comme la fin d’une ère : le Christianisme s’éteint. »

« Cette destruction signifie-t-elle pour vous la fin du Christianisme ? »

« Le Christianisme est déjà mort. Il vit une longue agonie. Il a perdu ses fidèles. C’est une religion qui disparait. Le Christ n’est plus qu’un cadavre ressuscité par le malin. »

« Les textes de l’album sont écrits en alexandrins. J’imagine que c’est un long travail d’écriture. »

« C’est un travail très difficile. Cela a été favorisé par le temps que nous avions devant nous avec le confinement. C’est un très gros travail. Il y avait la volonté de continuer la tradition des « Blessures de l’âme », qui était le premier album du groupe. C’est une tradition chez Seth que de faire référence aux anciens, de rendre hommage au passé. »

« Ces anciens dont vous parlez c’est Baudelaire ? Plusieurs titres du disque font référence à ce poète. »

« On ne pensait pas à Baudelaire en parlant des anciens mais oui effectivement plusieurs morceaux de l’album font référence à son oeuvre. Notamment « L’hymne au vampire Acte 3 » qui est la suite des actes 1et 2 des « Blessures de l’âme. »

« Comment est venue cette volonté de revenir aux sources, aux « Blessures de l’âme. »

« Il y a une impulsion qui a été donnée graduellement avec notamment les concerts que nous avons donnés pour célébrer le 20eme anniversaire de ce disque. Le nouveau line-up est fan du line-up d’origine. Il y avait un élan pour un retour aux sources. »

« Votre black est très classique, très pur. »

« Oui, nous sommes dans la tradition d’un black que l’on ne fait plus aujourd’hui. Notre challenge est celui de réhabiliter l’image du black d’antan que ce soit par rapport aux riffs ou à la fougue des années 90. Seth a eu assez tôt une identité forte. Cet album est une suite du premier album. Il y avait la volonté de ne pas être trop moderne. »

« A vos débuts vous étiez branchés black norvégien. C’est toujours le cas aujourd’hui ? »

« Le black norvégien était ce que l’on appréciait dans les années 2000. C’est l’âge d’or du black. Nous l’avons connu. C’est l’essence du black. Nous n’avons jamais arrêté d’écouter du black. Nous en écoutons depuis que le genre est né. C’est bien d’évoluer mais le black actuel prend le pas sur les origines du black. »

« Je trouve la place du synthé parfaite dans le disque. »

« La place du synthé est très importante dans l’album. Elle est homogène avec le reste. On a très bien dosé les synthés dans cette production. On ne voulait pas un synthé qui sonne lyrique à la Dimmu Borgir. On le voulait sombre, black. Le synthé approfondit les ambiances. »

« Vous avez d’ailleurs ajouté deux bonus tracks version synthé pour la version box en bois du disque. »

« On a voulu rajouter deux titres exclusifs. Ce ne sont pas uniquement des versions synthés, il y a une ambition artistique derrière ces deux titres. Ils sont comme des expériences cinématographiques

« Les blessures de l’âme » étaient sortis chez Season Of Mist. Cet album en est la prolongation. Il était logique de le sortir sur ce même label ? »

« C’est totalement dans ce sens-là, oui. On est revenu chez Season Of Mist en 2012 avec la réédition des « Blessures de l’âme. » Sortir ce nouvel album chez eux était logique. Season of mist fait clairement partie de l’histoire du groupe. On a été parmi les premiers à intégrer ce label. Ces derniers étaient frileux à l’idée de signer des groupes français à l’époque. »

« Vous êtes là depuis vingt cinq ans. J’imagine que c’est une fierté pour le groupe ? »

« Une très grande fierté. Nous n’avons jamais été gigantesque mais nous sommes toujours là. Le groupe a perduré. Nous sommes très fiers du travail accompli et très heureux que le nouvel album soit chez Season of Mist. Il y a beaucoup de groupes qui ont disparu durant ces vingt-cinq ans. Le fait que nous ayons durer représente une forme de sagesse. »

« L’album a été produit par Francis Caste. Que vous-a-t-il apporté ? »

« La meilleure prod que l’on ait jamais eue. Nous n’avons jamais été totalement satisfaits de nos précédentes prods. Francis avait une vision sur la manière dont pourrait sonner Seth et en plus on a apprécié la personne. La prod est quelque chose de stressant et lui est très rassurant. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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