Interview

MESSA (2022) - Groupe

Les Italiens de Messa ont débuté comme un groupe doom avant de s’orienter vers une musique où des éléments blues, psyché, jazz, prog et metal se mélangent pour notre plus grand bonheur. Leur dernier album « Close » est une bien belle réussite. Nous les avons rencontrés lors de leur récent passage à Rock in Bourlon.

« Il s’est passé quatre ans entre « Feast for Water » et « Close ». Pourquoi un temps aussi long. Du fait du Covid ? »


« Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord nous avons voulu avoir plus de temps pour écrire « Close ». L’album était prêt depuis un moment mais nous avons dû travailler sur d’autres éléments. La durée de promotion de « Feast for Water » a été longue notamment à travers les concerts que nous avons donné pour ce disque. Et puis bien sûr le Covid. »

« Votre musique a évolué de « Feast for Water » à « Close ». A l’origine vous étiez un groupe doom mais déjà à part dans le genre. »

« C’est vrai. Nous sommes curieux et écoutons des tas de choses différentes. Nous avons évolué avec le temps. Nous voulons que l’on puisse entendre les contrastes dans notre musique. Il y a des éléments différents dans ce que nous proposons. Il peut y avoir des instruments qui sonnent heavy avec une voix qui ne l’est pas. »

«Feast for Water » avait des éléments jazz, « Close » des éléments psyché. Vous vous dirigez vers quelque chose de plus psychédélique ? »

« On ne sait pas encore. On ne peut pas savoir où les routes nous mèneront. « Close » est l’instantané de qui nous sommes aujourd’hui mais peut-être le prochain album sera-t-il totalement différent. »

« Close » est un long album. Cela vient du fait que vous avez travaillé plus que d’ordinaire sur l’écriture ? »

« Non ce n’est pas la raison. Il est long et peut-être plus difficile à l’écoute de ce fait. Il n’y avait pas l’idée de faire un double-album. Il l’est de fait mais il n’avait pas été pensé ainsi. »

« Vous vous considérez comme un groupe doom ? »

« On se considère comme un groupe rock. Le doom est l’une des couleurs de Messa, le noir mais notre musique a de nombreuses autres couleurs. La guitare est parfois blues, la voix n’est pas metal. Notre premier album était doom mais les deux disques suivants ne le sont pas. Nous aimons le doom, en écoutons encore mais nous écoutons de tout, de la pop au black metal. »

« La voix est une composante importante du groupe. »

« Oui elle l’est effectivement. Mais tout ce qu’apporte les différents membres de Messa est important. Tout le monde compose dans le groupe. Il n’y a, par ailleurs, pas de limites au niveau de la voix. »

« Il y a une culture doom en Italie ? »

« Il y a une scène metal en Italie, une scène très large qui va du black metal au doom. Il y a de jeunes groupes qui arrivent en ce moment, ce qui est une bonne chose. On a commencé comme un groupe doom mais nous étions les seuls dans ce style dans notre région. Mais nous n’avons pas fait cela parce qu’il n’y en avait pas d’autres, uniquement parce que nous en avions envie. »

« Dans les années 70 il y avait une grosse culture prog en Italie. Elle vous a marqué ? »

« Il y avait de très bons groupes prog en Italie dans ces années-là, c’est vrai. Ce qui est triste c’est qu’ils sont plus connus à l’étranger que chez nous. »

« Vous avez choisi de chanter en anglais. Pour quelles raisons ? »

« Il est plus facile de chanter en anglais qu’en italien. Nous ne voulions pas ne penser qu’au marché italien. Il y a cependant des groupes indie italien comme Verdena qui chantent en italien et qui sont très bons. »

« Vous avez changé de label pour « Close ». Votre label est italien ? »

« Nous avons signé chez Svart Records qui est un label finlandais. Nous aimons beaucoup les groupes de ce label. Nous apprécions le fait que Svart ne soit pas spécialisé metal. Ils ont du punk finlandais, du prog, du dark/folk. »

« Il y a un côté cinématographique dans votre album. »

« Merci. C’est ce que nous voulions. Nous avons cherché à développer les atmosphères. On a cherché à faire quelque chose de différent de ce que nous avions fait sur les deux premiers disques. »

« Le groupe grandit d’année en année. Vous en avez conscience ? »

« Oui. Nous avions joué il y a trois ans au Hellfest. Nous étions programmés à 13 heures. Cette année nous y avions rejoué et étions programmé dans la soirée. Il y a des groupes qui sont suivis par des milliers de followers sur Instagram mais personne ne va les voir en concert. Ce qui est important c’est de voir l’affluence qui vient te voir. »

« Comment était le Hellfest pour vous cette année ? »

« Super. Nous n’avons pas ce genre de festival en Italie, avec à la fois des groupes mainstream et des groupes plus underground. Chez nous, c’est soit l’un soit l’autre. »

« Où le groupe marche-t-il le mieux ? »

« En Pologne, en France, en Allemagne, en Hollande. »

«Close » a déjà été un beau succès. »

« Oui, le premier tirage du disque est sold-out. On va le ressortir bientôt. »

« Vous l’avez enregistré en Italie ? »

« Oui, dans un studio du Veneto, dans les collines. Tu trouves des grottes dans cette région. Du coup nous sommes allés enregistrer des titres à l’intérieur de ces grottes. C’était une super expérience parce que d’ordinaire tu restes au studio sans enregistrer à l’extérieur. Cela a été super créatif que de faire ça. »

« Vous êtes en tournée actuellement ? »

« Notre tournée reprendra en Septembre. Il y a dix dates dans le Sud de l’Europe, en France, en Espagne. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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