Interview

DER WEG EINER FREIHEIT (2023) - Groupe (Complet)

Depuis leurs débuts il y a près de quinze ans les Allemands de Der Weg Einer Freiheit nous ont offert plusieurs albums qui comptent parmi ce qui peut se faire de mieux en matière de black atmosphérique. On a pu s’entretenir avec le groupe lors de leur récent passage au Hellfest.

« Noktvrn » est sorti il y a un an et demi. Est-ce que vous commencez déjà à travailler sur un nouvel album ? »


« Pas pour le moment. Nous allons faire un petit break après notre concert au Motocultor qui sera notre dernier concert avant un moment. Nous avons quelques idées pour le prochain album mais ce sont juste des ébauches. Nous voulons sortir à chaque fois un album qui soit le meilleur possible et de ce fait nous ne pouvons pas faire un disque tous les ans ou tous les deux ans. »

« Nikita, tu produis des groupes. J’imagine que cela te prend aussi pas mal de temps. »

« Oui, mais nous avons tous dans le groupe un boulot. Nos boulots, nos vies privées nous prennent du temps et c’est très bien ainsi. Certains dans le groupe sont producteurs, d’autres profs de guitare. »

« Vous travaillez à côté pour n’être pas dépendant à 100% de l’industrie musicale ? »

« Tout à fait. Il y a eu plein d’exemples de groupes qui ont été obligés à la compromission du fait de ne produire que de la musique. La musique est notre passion. Nous sommes très heureux d’avoir amené le groupe à ce niveau tout en ayant par ailleurs une vie privée et une vie professionnelle. »

« Noktvrn » est votre album le plus ambitieux à ce jour je trouve. »

« Comme je te le disais tout à l’heure nous voulons à chaque fois faire un disque qui soit meilleur que le précédent. Sur « Noktvrn » nous avons introduit de nouveaux éléments comme les synthés ou des vocaux clean. Nous continuerons dans cette voie dans le futur. On dit parfois que nous faisons de la musique intellectuelle mais nous n’aimons pas ce terme. Nous essayons simplement de faire la meilleure musique possible. »

« Le nom « Noktvrn » vient des nocturnes de Chopin. Vous aimez la musique classique ? »

« Nous aimons les orchestrations de la musique classique, oui. Nous voulons avoir des arrangements mélodiques dans notre musique. Chopin est l’un de mes compositeurs préférés. « Noktvrn » est inspiré par lui mais plus par son esprit que par sa musique. »

« Vous êtes un groupe qui garde des racines très purement black. »

« Nous avons grandi en écoutant du black. Le black sera toujours dans nos cœurs. »

« Vous n’êtes cependant pas un groupe 100% black. On pourrait vous qualifier de black metal émotionnel. »

« Nous ne savons pas ce que nous sommes. Black metal emotionnel cela nous va très bien. Nous voulons emporter le public. C’est cela notre ambition. »

« Il y a aussi des éléments post-rock ou shoe-gaze dans ce que vous faites. »

« C’est possible mais c’est à chacun de se faire son idée. Nous faisons une musique avec différentes couleurs. Ce qui est agréable dans le fait d’être musicien est que tu peux choisir ces couleurs. »

« C’est pour cela qu’il y a autant de breaks dans ce que vous faites, pour créer l’émotion et pour que les parties agressives sonnent encore plus agressives ? »

« Mon grand-oncle qui est un fou de musique classique m’a toujours dit de faire des breaks car les parties agressives sonneront toujours plus agressives. J’ai écouté ses conseils. »

« Vous avez joué au Klub à Paris il y a longtemps et vous voilà au Hellfest. Cela doit faire bizarre de jouer dans une aussi petite salle et dans un aussi gros festival. »

« On se souvient très bien de cette date. Cela a été complet de suite car la salle contient 50 personnes, pas plus (rires). Il s’est passé plein de choses entre temps. Nous ne sommes pas passés directement du Klub au Hellfest. »

« Vous avez dit que la France vous a toujours soutenu. »

« Oui la France a toujours été un pays important pour nous. Il y a de plus plein de groupes très intéressants chez vous : Deathspell Omega, Carpenter Brut, Alcest, Celeste… »

« C’est pour cela qu’un de vos albums s’appelle « Finisterre ». C’est un hommage à la France ? » 

« D’une certaine façon. Je trouvais que le nom sonnait bien. « Finisterre » était une métaphore. »

« C’est important pour un groupe de jouer au Hellfest. Comment était-ce pour vous aujourd’hui ? »

« Nous avions déjà joué ici en 2015. Il y avait 10000 personnes pour le concert d’aujourd’hui. C’est cool. »

« Vous ne jouez pas devant 10000 personnes d’ordinaire ? »

« Non non (rires). »

« Vous êtes allemands qui est le pays européen où la scène metal est la plus importante. Cela vous a aidé à vous développer ? »

« Quand nous jouons en France, en Belgique ou en Hollande les scènes sont très belles. Tu vois que les pouvoirs publics mettent de l’argent dans la culture dans ces pays. Les salles françaises sont superbes et bien aménagées notamment pour les personnes handicapées. En Allemagne les salles sont vieilles donc il y n’a pas ce confort. »

« L’année prochaine est-ce que vous allez fêter les quinze ans du groupe ? »

« Nous ne savons pas encore. Nous avions fêté nos dix ans mais peut-être que nous ne fêterons pas nos quinze ans. Nous fêterons nos vingt ans, ça c’est sûr. L’année prochaine nous savons seulement pour le moment que nous jouerons aux Etats-Unis pour la première fois de notre carrière. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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