Interview

JUNON (2024) - Florian (Batterie) et Arnaud (Chant)

Trois ans après un très bon premier EP les Nordistes de Junon nous reviennent avec un superbe premier album « Dragging Bodies to The Fall ». Du post hard-core de haute volée. Entretien avec Florian et Arnaud, batteur et chanteur du groupe.

« Vous venez de publier votre premier album qui sort trois ans après l’EP. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? »


« Nous n’avons pas pensé à cela. Nous sommes éclatés un peu partout en France entre Lille, Nantes, Bayonne et Marseille. Cela prend du temps pour se connecter de ce fait. Et puis nous n’avions pas de deadline de sortie. On pouvait prendre notre temps. »

« Junon est composé de tous les ex-membres de General Lee. Pourquoi avoir pris un autre nom dans ce cas ? »

« Nous avons arrêté General Lee pour des raisons de famille, de déménagements. Quand nous nous sommes retrouvés nous étions très heureux de nous revoir. « Junon » est le premier titre composé en 2001 par General Lee. La boucle était ainsi bouclée. On a vécu ce truc mortel avec ce premier groupe. Maintenant on passe à autre chose. »

« Vous aviez totalement arrêté de jouer après le split de General Lee ? »

« Certains d’entre nous ne faisaient plus du tout de musique effectivement. Former Junon a été l’occasion de se retrouver. Nous sommes très amis. Nous faisons de la musique aussi pour l’amitié. Cela nous manquait de faire de la musique ensemble. »

« General Lee avait acquis un statut un peu culte. »

« Nous n’avons pas trop communiqué sur le fait que nous étions les anciens General Lee lorsque nous avons créée Junon. En tout cas merci de dire que nous étions culte même si ce terme est un peu maudit (rires) »

« Vous étiez la première signature de Source Atone Records avec Junon. »

« Cela a été super pour se remettre le pied à l’étrier que de signer avec eux. »

« Vous sortez cet album aussi chez eux. »

« C’est nous qui sommes allés vers eux pour l’EP. Il était donc logique que l’album sorte aussi chez eux. Nous sommes ravis que l’album sorte sur ce label. »

« Est-ce que l’album est la suite du EP ? »

« Pas vraiment même si le morceau « Dead Ends lead to somewhere » est la suite de « Carcosa » titre que l’on trouvait sur « The Shadows Lenghten. »

« Ce morceau parle de secte ? »

« Il est inspiré par “True Detective ». Nous sommes inspirés pour nos textes par les séries mais aussi par un auteur comme Lovecraft et par les thématiques autour des questions écologiques. Dans ce morceau nous décrivons la fuite d’un vieil homme qui a été enfermé dans une secte toute sa vie. Pour la première fois il ouvre les yeux sur la réalité qui l’entoure. »

« Junon sonne très post hard-core. »

“Cela nous va si on nous met cette étiquette. Nous sommes autant influencés par Neurosis que par Deftones. On fait ce qui nous plait sans penser à si ça va sonner post hard-core ou post-metal ou autre chose. »

« Il y a un côté noir dans ce disque mais avec de l’espoir au bout. »

« On ne sait pas si la lumière arrive au bout du tunnel mais il y en a sur la route (rires). Nous faisons des morceaux plus violents, d’autres plus rapides. Le disque est quand même très noir. »

« Musicalement ce n’est pas que sombre je trouve. »

« Nous sommes six dans le groupe, trois guitaristes donc il y a plein de propositions différentes. Il y a beaucoup d’infos, beaucoup de choses. »

« Il y a aussi une influence post-rock évidente. On pense parfois à Godspeed You ! Black Emperor. »

« Nous aimons beaucoup ce groupe. Il y a des membres de Junon qui sont très branchés post-rock. »

« Vous êtes post hard-core mais très différent d’un groupe comme Amenra. »

« On connait Amenra depuis longtemps. On les écoute mais ce n’est pas une influence. Nous essayons d’ailleurs de ne pas être trop influencés par ceci ou cela. On essaie de garder notre ligne sans trop imiter qui que ce soit. »

« Je parlais d’Amenra car vous avez comme eux un côté mystique. »

« Eux le sont à fond, c’en est même impressionnant. Le titre « Halo of Lies » qui clôt le disque a un côté mélancolique. Quand nous le jouons nous avons un peu l’impression d’être aux portes de l’enfer. Ce côté religieux vient en partie des couches des trois guitares. »

« Vos titres sont assez longs. C’est pour créer une atmosphère particulière ? »

« La construction des morceaux épouse les thématiques de ceux-ci. Du coup il y a de longues intros pour présenter les personnages. »

« Vous faites du post hard-core un genre qui est moins « à la mode » qu’il ne l’a été à une époque. »

« Certes mais la musique fonctionne par cycle. Nous faisons cela parce que nous aimons ça. A l’époque du troisième album de General Lee le genre post hard-core marchait bien. Le disque était sorti sur un label américain, nous avions tourné en Russie. Le metal est quand même un style qui marche et qui marchera toujours. »

« Vous parlez souvent de metal. Vous n’avez pourtant pas un son metal « classique ». »

« C’est sûr que nous ne sommes pas Slayer mais notre musique reste une musique primitive malgré tout. Même s’il y a un côté contemplatif que tu n’as pas toujours dans le metal. Il y a plein de chapelles dans le genre. Ce que nous faisons reste du metal. On pourrait même dire que ce que nous faisons c’est tout simplement du rock. »

« Vous jouez beaucoup autour de Lille. »

« Nous venons de cette région donc on a un bon réseau là-bas. Mais en ce moment on joue un peu partout, comme on le faisait autrefois avec General Lee. »

« Vous allez jouer au Grofest bientôt. »

« Oui le 19 Avril prochain. C’est la cinquième édition de ce festival. On est tête d’affiche pour la journée du vendredi. Le Sud c’est un peu dur pour le metal. On est ravis de jouer là-bas. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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